Menace sur l’égalité d’accès aux médicaments et possibles déserts pharmaceutiques : Répartition Pharmaceutique (CSRP) et Association Pharmacie Rurale (APR) alertent 7 000 maires de France
Alors que chaque jour, 3,5 millions de Français se rendent dans une pharmacie, l’Observatoire de l’accès aux médicaments vient de montrer, dans un sondage réalisé par l’Institut Ipsos[1], que 9 Français sur 10 redoutent de voir disparaître des pharmacies dans les zones rurales. Ils sont en effet 89% à craindre que le maillage territorial des officines se dégrade dans les prochaines années, tout spécialement en zone rurale.
Préserver le maillage territorial pharmaceutique existant pour assurer un égal accès aux médicaments
Grâce au système de répartition pharmaceutique, les officines, particulièrement les officines rurales, sont garantes de l’égalité d’accès aux médicaments pour tous les Français. La relation privilégiée entre ces deux acteurs, permet de délivrer des médicaments et produits de santé au plus près des lieux de vie. D’autant que les pharmacies rurales constituent souvent le premier point d’accès à la Santé dans des territoires où les déserts médicaux ont progressé de façon inquiétante. Malgré cela, il faut savoir que 14% des Français vivant en zone rurale mettent plus de 15 minutes en voiture pour accéder à une officine[2].
« 7000 pharmacies rurales deviennent chaque jour un peu plus le seul lieu de santé accessible pour des malades souvent à mobilité réduite et qui habitent un environnement médical limité. Ils deviennent nos patients tant les relations humaines et leurs besoins en matière de santé sont différents de la population urbaine. C’est ce qui définit la spécificité de l’exercice en milieu rural. Aujourd’hui, si nous pouvons entretenir ce lien et cette proximité, c’est notamment parce que nous sommes en mesure de mettre à disposition leurs médicaments quotidiennement grâce à la qualité de service et de logistique assurés par les répartiteurs pharmaceutiques. Ces entreprises acceptent de jouer un rôle de santé publique, nous donnant accès à tout un catalogue de médicaments, et en assurant des livraisons 2 fois par jour sans distinction par rapport aux officines urbaines » développe Albin Dumas, président de l’Association Pharmacie Rurale (APR).
Les répartiteurs pharmaceutiques : la « Pharmacie des pharmacies »
Si la présence d’officines rurales est menacée, la situation est aussi alarmante pour les entreprises de la répartition pharmaceutique. Ces dernières remplissent des obligations de service public en mobilisant quotidiennement 12 000 salariés, dont plus de 350 pharmaciens : référencement d’au moins 9 médicaments sur 10, gestion d’un stock correspondant au moins à deux semaines de consommation, livraison sécurisée 2 fois par jour des 22 000 officines françaises dans un délai maximum de 24 heures après chaque commande.
De ce fait, même la pharmacie rurale la plus éloignée des centres de répartition est livrée dans des conditions de coût et de temps identiques aux pharmacies en centre-ville. Cela exige de la part des répartiteurs des moyens humains et matériels importants puisque dans un certain nombre de cas en France, plus d’une heure trente de route sont nécessaires pour atteindre la pharmacie à livrer.
La particularité du modèle français est qu’il repose sur ces obligations de service public assurées par des entreprises privées. Et que le niveau de marge de ces entreprises est strictement encadré par l’Etat. Or, après 10 ans de décisions gouvernementales défavorables, la répartition pharmaceutique, connaît une crise économique sans précédent. Pour la première fois de leur histoire, l’année dernière, les répartiteurs pharmaceutiques ont vu leur résultat d’exploitation chuter à moins de 5 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de 17 milliards. A court terme, c’est donc l’égalité d’accès aux médicaments pour tous les Français sur tout le territoire qui est menacée.
« Si l’Etat ne garantit pas l’avenir du modèle de répartition pharmaceutique, les conséquences seront lourdes pour les patients : l’égalité d’accès au médicament sur tout le territoire sera remise en cause, la sécurité d’accès ne pourra plus être garantie dans les mêmes conditions, les risques de rupture de stock seront accrues… Il est encore temps d’agir. Aujourd’hui, nous demandons au gouvernement de prendre ses responsabilités », explique Olivier Bronchain, président de la Chambre Syndicale de la Répartition Pharmaceutique.
7000 communes rurales concernées
En agissant de concert, Association Pharmacie Rurale et Chambre Syndicale de la Répartition Pharmaceutique veulent alerter sur l’urgence de la situation et sur la nécessité pour le gouvernement de prendre des mesures rapides visant à garantir la pérennité d’un modèle de répartition.
Les deux organisations viennent donc de co-signer et d’adresser une lettre aux 7 000 maires ruraux qui accueillent dans leur commune une pharmacie. Il s’agit de les sensibiliser sur les risques qui pèsent sur la chaîne du médicament et d’obtenir de leur part qu’ils saisissent le Président de la République ou les parlementaires de leur circonscritpion pour assurer la pérennité du modèle français d’égalité et de disponibilité aux médicaments.
Parallèlement, une concertation vient d’être ouverte par le Ministère de la Santé avec les représentants de la répartition pharmaceutique pour trouver une réponse concrète aux problèmes de cet acteur majeur de la chaîne du médicament. L’issue de cette concertation restant très incertaine, la mobilisation reste de mise.
[1] Méthodologie de l’étude : 1ère enquête réalisée par Ipsos du 26 février au 7 mars 2018 sur un échantillon de 1 000 individus
[2] Sondage Ipsos Observatoire de l’accès aux médicaments/ Méthodologie de l’étude : 1ère enquête réalisée par Ipsos du 26 février au 7 mars 2018 sur un échantillon de 1 000 individus
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