Une évaluation deé)s risques cumulés a été menée sur une trentaine de composés organiques « semi-volatils » parmi les plus retrouvés dans les logements en France. Elle montre qu’en considérant les polluants en mélange, les risques liés à la neurotoxicité et sur la reproduction concernent une large part des enfants. Les résultats viennent d’être publiés dans la revue Environment International.
De nombreux produits et matériaux de nos logements contiennent des substances chimiques telles que plastifiants, retardateurs de flamme, pesticides… Ces composés sont dits « semi-volatils » car présents, en petites quantités, dans l’air, mais aussi dans la poussière déposée sur les surfaces. Nombre de ces composés sont connus pour être neurotoxiques, reprotoxiques, ou cancérigènes. L’objectif des chercheurs était d’évaluer les risques pour la population en France, non seulement composé par composé ou famille chimique par famille chimique, mais aussi de façon plus globale en cumulant les risques.
L’étude s’est focalisée sur 32 composés pour lesquels les auteurs avaient préalablement évalué l’exposition dans le logement en France à partir de mesures dans l’air et les poussières, réalisées avec l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur (OQAI). A partir de ces données, les risques ont d’abord été évalués pour chaque composé en comparant, à la valeur toxicologique de référence, les expositions dans le logement en tenant compte de l’inhalation, du contact avec l’air mais aussi de l’ingestion involontaire de poussières. Cette évaluation cumulée des risques a été faite pour l’enfant et l’adulte mais aussi in utero (le fœtus via la femme enceinte) pour tenir compte d’une sensibilité particulière pendant cette période.
L’évaluation cumulée identifie un risque reprotoxique pour 95 % des enfants et 5 % des fœtus. Un risque neurotoxique est identifié pour 95 % des enfants. Tous ces composés ont déjà fait l’objet de mesures d’interdiction ou de restriction sur le territoire européen, pour autant il s’agit de substances persistantes (composés bromés ou chlorés) ou dont les matériaux en contenant sont toujours en place dans les logements (phtalates dans les matériaux plastiques par exemple). La population y est donc encore exposée.
Pour Nathalie Bonvallot et Philippe Glorennec : « Cette approche cumulée suggère que lorsque l’on considère l’addition des composés, les risques concernent une bonne part de la population d’enfants ».
Ces résultats plaident donc, malgré les incertitudes inhérentes à la démarche, pour la mise en œuvre de mesures de prévention qui seraient complémentaires aux mesures réglementaires habituelles, les substances les plus contributives étant déjà pour la plupart interdites, mais toujours dans les logements. Quelques conseils aux habitants sont d’ailleurs disponibles ici.
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Nathalie Bonvallot – EHESP, UMR Inserm 1085 Institut de recherche en santé, environnement et travail – nathalie.bonvallot@ehesp.fr – 02 99 02 26 22
Philippe Glorennec – EHESP, UMR Inserm 1085 Institut de recherche en santé, environnement et travail – philippe.glorennec@ehesp.fr – 02 99 02 26 80
Corinne Mandin – CSTB/OQAI – corinne.mandin@cstb.fr
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