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Courrier de Michel Chassang à Frédéric Velletoux, président de la FHF, en réponse à sa lettre relative aux comptes épargnes temps des médecins hospitaliers

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Monsieur le Président,

J’ai pris connaissance de votre courrier dont les termes m’ont beaucoup surpris.

Les médecins libéraux sont excédés de l’iniquité dont ils sont victimes afin de privilégier l’hôpital sans que celui-ci ne devienne vertueux. L’ONDAM de ville pour 2012 n’a-t-il pas été ramené à 2,1% pour les soins de ville tandis que celui de l’hôpital reste à 2,6%, alors que les transferts de l’hôpital vers la ville sont en progression ? Les médecins libéraux ne doivent-ils pas réaliser 550 millions d’euros d’économies supplémentaires dans le cadre de la maîtrise médicalisée, tandis que celle-ci ne s’applique toujours pas aux hôpitaux ? Vous savez bien que non.

La réalité que vous semblez méconnaître, c’est que les médecins libéraux respectent les objectifs de dépenses qui leur sont assignés. Au prix d’efforts considérables, ils ont stabilisé les dépenses de soins de ville et permis à l’assurance maladie d’économiser. Dans le même temps, les hôpitaux, à qui l‘on accorde toujours plus de moyens et de facilités, continuent à afficher des déficits, sans qu’aucune conséquence n’en soit tirée. Si de tels déficits apparaissaient dans nos structures libérales, les sanctions seraient immédiates et le dépôt de bilan inévitable.

Y a-t-il eu un seul salaire hospitalier revu à la baisse pour éponger les déficits hospitaliers ? Le revenu des médecins libéraux, oui. Pour réduire les dépenses, à plusieurs reprises la loi a baissé autoritairement la valeur de leurs actes de plusieurs spécialités médicales dont récemment les radiologues, les biologistes, les cardiologues, les anesthésistes et les médecins nucléaires.

Y a-t-il une seule revalorisation des salaires hospitaliers qui ait été différée du fait du déclanchement du comité d’alerte en cas de dépassement de l’ONDAM ou par la mise en place des stabilisateurs économiques qui reportent au minimum de six mois toute mesure tarifaire ? Non, seuls les libéraux sont concernés par ce genre de mesure inique.

La réalité c’est encore le siphonage des moyens alloués à la permanence des soins en établissement, au détriment du secteur libéral.

Les médecins libéraux travaillent beaucoup, en moyenne 58 hebdomadaires auxquelles s’ajoutent les gardes et astreintes de la permanence des soins qui s’exercent sans repos compensateur.

Vous comprendrez que ceux à qui l’on demande toujours plus réagissent bruyamment lorsqu’ils voient que l’on déverse l’argent à flot sur l’hôpital, et notamment pour financer les RTT, quelle que soit la ligne budgétaire sur laquelle elles seront prélevées. Les faits, hélas, sont têtus.

Vous comprendrez, pour tous ces motifs, que nous n’acceptons pas, non plus, votre projet qui consiste à vouloir vous servir sur l’ONDAM de ville pour financer votre projet de consultations ambulatoires.

Loin de vouloir opposer de façon stérile les médecins libéraux à leurs confrères hospitaliers qui exercent la même profession, la CSMF croit profondément à la complémentarité entre l’hôpital et la ville, mais cela ne signifie pas, comme le suggèrent vos propositions, que la médecine de ville devienne la variable d’ajustement de l’hôpital. La CSMF appelle à l’équité entre les deux composantes de l’organisation des soins. Celle-ci passe tout d’abord par le rééquilibrage des moyens.

Aussi j’appelle l’élu que vous êtes à davantage de responsabilité et surtout à agir politiquement pour rétablir l’équité tant attendue, sans laquelle les médecins libéraux continueront à ressentir un profond malaise.

Je vous prie de croire, Monsieur le Président, à l’assurance de ma sincère considération.

Docteur Michel CHASSANG Président

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