Mardi 11 septembre 2018, l’émission Quotidien sur TMC a diffusé un entretien (1) du Dr Bertrand de Rochambeau, président du syndicat des gynécologues obstétriciens (SYNGOF), répondant aux questions de la journaliste Valentine Oberti sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG).
Lors de cet entretien, le Dr Bertrand de Rochambeau a manifesté son opposition à l’IVG, qu’il considère explicitement comme un homicide. Certes, nous sommes en démocratie : il est libre de ses opinions et de les exprimer, même en utilisant de faux arguments en matière de Droit. Mais, en employant la formulation « Nous ne sommes pas là pour retirer des vies », il généralise son opinion à l’ensemble de sa profession, généralisation d’autant plus facile à faire qu’il est le président du syndicat des gynécologues obstétriciens.
A l’assertion « toutes les femmes ne considèrent pas qu’avoir un embryon dans le ventre, c’est une vie » Dr Bertrand de Rochambeau a répondu : « je ne suis pas forcé d’avoir votre opinion et si je ne l’ai pas, la loi me protège ». Par cette réponse, le Dr Bertrand de Rochambeau a (volontairement ?) jeté la confusion sur la clause de conscience que peuvent invoquer les médecins en cas de demande d’IVG. Or, comme le Conseil de l’Ordre des médecins a tenu à le rappeler dès le lendemain de la diffusion de l’entretien, « la clause de conscience ne saurait être un moyen de se soustraire à la loi et aux dispositions de la déontologie médicale » (2).
Mercredi 12 septembre 2018, le Dr de Rochambeau a regretté sur RTL la polémique… mais pas ses propos. Il a seulement précisé que ses paroles reflétaient son « avis personnel et pas celui de la profession ».
De tels propos restent inacceptables pour le Syndicat National des Jeunes Médecins Généralistes (SNJMG) qui considère l’IVG comme un droit à faire respecter dans les meilleures conditions (3).
D’une part, le discours du Dr Bertrand de Rochambeau participe à une culture de culpabilisation de toutes les femmes qui ont recours à l’IVG.
Ensuite, le Dr Bertrand de Rochambeau n’éclaircit pas la confusion qu’il a entretenu sur la clause de conscience des médecins.
Enfin, soit l’avis de son syndicat ne correspond pas au sien sur un sujet aussi important et il se doit, au nom de ses convictions intimes, de démissionner soit il se permet de jouer sur l’ambiguité avis personnel/avis de responsable professionnel car il est assuré que son syndicat ne lui en tiendra pas rigueur.
Or, les propos du Dr Bertrand de Rochambeau ne constituent pas le premier « dérapage » d’un responsable de ce syndicat. Au début de l’été 2018, c’était le Dr. Elisabeth Paganelli, secrétaire générale du Syngof, qui déclarait, suite à la publication d’un rapport du Haut Conseil à l’égalité (HCE), entre les femmes et les hommes, sur les violences gynécologiques et obstétricales : « Le problème, en fait, c’est l’attirance [entre médecins et patientes]. Maintenant, heureusement, il y a davantage de femmes dans la profession, il y aura peut-être moins de problèmes… à moins qu’elles ne soient lesbiennes. L’attirance entre deux femmes, c’est possible aussi (…) On nous reproche beaucoup la douleur des actes gynécologiques, mais on n’a pas de solution par rapport à ça, on n’a pas d’autres techniques. Cela reste douloureux et invasif. Sinon, on arrête de soigner. » (4)
Le SNJMG formule donc le souhait que le SYNGOF qui s’est désolidarisé (5) des propos de son président ira au bout de sa démarche de clarification, vis-à-vis des propos polémiques de ces différents responsables, en procédant à un renouvellement de son bureau.
>Contact presse : Sayaka Oguchi, presidente@snjmg.org
2 https://www.conseil-national.medecin.fr/node/2917
3 http://www.snjmg.org/blog/post/pour-le-snjmg-il-ne-peut-pas-y-avoir-d-ivg-de-confort-election-presidentielle-2012/767
4 https://www.lexpress.fr/actualite/societe/ivg-compare-a-un-homicide-le-chef-de-file-des-gynecos-scandalise_2034916.html