À l’occasion de son centième anniversaire, la Ligue contre le cancer, avec le Conseil économique, social et environnemental et de nombreux partenaires, a fait de la prévention sa priorité en 2018. Vingt ans après les États généraux des personnes malades, qui ont libéré la parole sur l’urgence d’améliorer la qualité de vie et la prise en charge pendant et après la maladie, la Ligue a initié et orchestré pendant plus d’un an, un débat citoyen inédit pour construire la politique de prévention des cancers de demain. Ces 1ers États généraux de la prévention des cancers aboutissent à 11 propositions « phare » présentées ce jour au CESE.
Pour une politique de prévention inclusive
Face au défi de la prévention des cancers, c’est l’ensemble de la société qu’il faut mobiliser. Le débat mené en 2018 auprès de plus de 3000 enfants et adolescents, leurs enseignants, des milliers de citoyens, et de nombreux acteurs de la santé publique, associatifs, institutionnels, experts, etc. prouve la nécessité d’impliquer le plus grand nombre dans ce combat qui doit être une priorité nationale.
Élus, entreprises, professionnels de l’éducation, professionnels de santé, associations, citoyens engagés : tous ont un rôle à jouer.
« Les 1ers États généraux de la prévention des cancers doivent conduire à une mobilisation de la société pour changer les comportements individuels et collectifs face aux risques de cancer et à une mobilisation des décideurs pour accompagner, par toute voie possible, ces changements. Chacun devra prendre sa part dans la concrétisation et la réalisation de cette politique. » déclare Jacqueline Godet, présidente de la Ligue contre le cancer.
Par exemple en :
- Renforçant l’implication des citoyens dans les politiques de prévention en utilisant des plateformes participatives et des jurys citoyens.
- Luttant contre les inégalités en rendant l’information accessible à tous (traduite en plusieurs langues, mais aussi accessible aux personnes non-voyantes ou sourdes).
- Responsabilisant les dirigeants d’entreprises vis-à-vis de leurs salariés exposés à des risques de cancer pour mieux les prévenir.
- Rendant obligatoire les Etudes d’impact en santé pour mesurer l’impact sur la santé des projets d’infrastructure, de transports et d’habitat collectif.
- Utilisant le Dossier médical partagé comme un outil de prévention pour améliorer notamment le taux de recours au dépistage et mieux connaître les comportements individuels à risque.
- Coordonnant la prévention au niveau local en s’appuyant sur des acteurs de proximité et sur la création d’un nouveau métier « Délégué prévention santé ».
Pour une politique de prévention efficace
Formation ou sensibilisation des acteurs, moyens alloués à la prévention, règlementation protectrice, indépendance de l’Etat, etc. Les leviers identifiés pour rendre la prévention plus efficace sont nombreux.
Par exemple en :
- Allouant 10% de la dépense nationale de santé à la prévention organisée (contre 2.2% aujourd’hui).
- Consacrant 20% des sommes alloués à la recherche sur le cancer à la recherche en prévention, notamment en faisant progresser l’état des connaissances sur les facteurs de risque émergents.
- Augmentant les taxes sur les premiers facteurs de risque de cancers que sont le tabac et l’alcool
- Créant un étiquetage obligatoire des produits de consommation courante à risque de cancers (produits ménagers, produits de décoration et de bricolage, produits phytosanitaires, etc.) qui pourrait prendre la forme d’un « Toxiscore » à l’image du « Nutriscore ».
- Formant tous les acteurs impliqués à la prévention : professionnels de santé, professionnels de l’éducation, étudiants en santé, responsables d’associations locales, etc.
- Informant chacun sur les risques auxquels il est exposé au travers d’outils numériques de référence, afin de permettre aux citoyens de faire des choix éclairés concernant leurs habitudes et comportements.
Pour une politique de prévention équitable
Mais cette politique ne doit oublier personne et doit aller au-delà des ruptures sociales, territoriales, culturelles, religieuses, économiques. Et contribuer à réduire les inégalités de santé.
Par exemple en :
- Permettant à chacun de connaître son exposition aux risques et son « exposome » c’est-à-dire la totalité des expositions à des facteurs de risque depuis sa conception à sa fin de vie.
- Rendant obligatoire des consultations de prévention à 25 ans, 50 ans et 75 ans pour tous.
- Réduisant le nombre de cancers viro-induits notamment par la vaccinationobligatoire contre le papillomavirus pour les filles ET les garçons au collège.
- Reconnaissant les cancers professionnels et en organisant leur réparation, notamment pour les travailleurs les plus exposés aux risques.
- Faisant de l’école le premier lieu de réduction des inégalités de santé dès le plus jeune âge par l’information des enfants, par l’éducation physique, alimentaire, citoyenne.
Les 1ers États généraux de la prévention des cancers : un événement citoyen inédit
Transformer le conseil économique, social et environnemental en chambre de la participation citoyenne
« Une assemblée de cette société civile dont la Ligue peut à l’évidence se considérer comme l’un des acteurs. Sans doute est-ce pour cela que votre présence au Palais d’Iéna ce matin a pour moi quelque chose de naturel et de logique. Et je me réjouis du partenariat que nous n’avons fait, j’en suis sûr, qu’esquisser. » explique Patrick Benasconi, président du CESE.
Ces 1ers États généraux de la prévention des cancers sont le résultat d’un an de travail.
Des enfants matures, spontanés et radicaux
Plus de 3000 enfants ont contribué à ces Etats généraux de la prévention des cancers dans le cadre de l’opération « Un comité, une école ». En s’exprimant librement, sans complexe ni tabou sur ce que devrait être la prévention des cancers, ils ont démontré une conscience forte des enjeux de prévention du cancer. Leur spontanéité aboutit à des mesures opérationnelles mais parfois radicales… Un produit alimentaire est dangereux ? Il faut l’interdire. La prévention coûte de l’argent ? Les industriels du tabac doivent payer. Le diesel pollue ? Il faut l’interdire. Pour eux, le temps des compromis est désuet. Les enfants anticipent, en tant que citoyens de demain, les mesures qu’ils souhaitent voir appliquées dans un futur proche.
Des acteurs représentatifs de la société civile
Dix ateliers thématiques et groupes de travail tout au long de l’année réunissant des représentants de la société civile, des institutionnels et des chercheurs, soit plus de 500 personnes, dont les partenaires engagés dans la démarche : le Conseil économique, social et environnemental, l’Institut national du cancer, Santé publique France, l’Ecole des hautes études en santé publique, le Centre international de recherche sur le cancer, la Fédération hospitalière de France (FHF Cancer), UNICANCER, l’Académie de médecine et le Secours populaire français.
Des citoyens engagés
Via une plateforme citoyenne sur internet, plus de 1500 personnes ont exprimé leur avis sur la prévention des cancers de demain. Des citoyens engagés qui demandent à l’Etat d’être exemplaire, indépendant vis-à-vis des lobbies et transparent dans ses choix, qui souhaitent être mieux informés à partir de données scientifiques pour prendre des décisions éclairées, qui réclament une politique de prévention inscrite dans la durée, transversale, portée et coordonnée par tous les acteurs.
Quelques exemples de demandes des enfants
- « Proposer des cours de sports gratuits »
- « Créer dans toutes les écoles des espaces extérieurs ombragés pour se protéger du soleil ! »
- « Mettre des panneaux devant les écoles pour interdire aux parents de fumer »
- « Obliger les agriculteurs à utiliser des désherbants naturels, non nocifs pour l’Homme. »
Quelques exemples de demandes des citoyens
- « Il faudrait augmenter les taxes sur les produits nocifs. Payer plus cher pour consommer des mauvais produits et moins cher pour consommer des produits sains ! »
- « Grâces aux nouvelles taxes, on pourrait mettre en place des aides pour des cours de sport, paniers de légumes etc. »
- « La prévention par les pairs est une excellente méthode, elle permet une implication et une identification plus forte.»
- « L’éducation à la santé doit se généraliser et être proposée dès le plus jeune âge, les messages sont simples et ce sont des compétences psychosociales et pédagogiques qui sont nécessaires pour les faire passer. »
CONTACTS PRESSE :
- Ligue contre le cancer – Elodie Audonnet – elodie.audonnet@ligue-cancer.net
- Le Conseil économique, social et environnemental – Julie Monchâtre – Julie.Monchatre@lecese.fr