Un amendement sénatorial a modifié le projet de loi de financement de la Sécurité sociale en proposant que le médecin coordonnateur des EHPAD puisse prescrire des médicaments aux résidents dans ces établissements. À première vue, cette possibilité pourrait permettre de résoudre quelques rares cas où les médecins traitants ont des difficultés à suivre leurs patients lorsqu’ils entrent dans une EHPAD, en raison de problèmes de disponibilité, de temps.
Mais les conséquences de cette mesure sont plus graves qu’il n’y paraît :
– Il faut rappeler que l’EHPAD est un substitut du domicile, et que le résident a le libre choix de son médecin. Cette mesure constituerait donc une perte de choix pour le patient ;
– Exclure les médecins traitants des EHPAD nécessitera des moyens importants pour renforcer la médicalisation de ces établissements tant en prise en charge de jour comme en permanence de soins la nuit. Cela revient à faire évoluer les EHPAD vers des USLD (Unité de Soins de Longue Durée), satellites des hôpitaux. Le coût global en serait considérable ;
– Accepter cette possibilité aujourd’hui, c’est ouvrir un élargissement à d’autres acteurs pour la prise en charge de personnes âgées : pourquoi demain les équipes mobiles de gériatrie des hôpitaux n’auraient-elles pas la même possibilité en ville ? Pourquoi ne pas étendre cette possibilité pour les résidences seniors demain ? Cette mesure va donc déstructurer l’ensemble du parcours de soins.
Elle ouvre la porte à un désengagement global et généralisé des médecins traitants, médecins généralistes, des EHPAD de France.
Pourtant, des solutions alternatives existent aujourd’hui : il faut développer la téléconsultation et équiper de toute urgence l’ensemble des EHPAD pour que les médecins traitants et les médecins correspondants puissent continuer à suivre les résidents dans de bonnes conditions dans le cadre d’un parcours de soins coordonnés.
La CSMF appelle les députés de l’Assemblée Nationale et le gouvernement à de la sagesse, et à ne pas prendre hâtivement des mesures qui auraient des conséquences graves sur la qualité de la prise en charge des patients âgés et dépendants.
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