Les objectifs financiers annoncés aujourd’hui par la France et le Fonds mondial pour la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme ne correspondent pas aux sommes préconisées par l’ONU pour mettre fin aux trois pandémies d’ici à 20301. Les associations dénoncent un manque de courage politique de la part du chef de l’Etat dont les conséquences seront dramatiques pour les personnes concernées par ces trois pandémies.
Alors que la 6ème Conférence de reconstitution du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme se tiendra à Lyon le 10 octobre 2019, la cible financière vient d’être annoncée : 14 milliards de dollars seront demandés aux Etats pour combattre les pandémies les plus meurtrières sur les trois prochaines années. Seulement un milliard de plus qu’il y a trois ans2.
Cela reste insuffisant au regard des besoins qu’il reste à financer. Selon les experts indépendants du Global Fund Advocates Network, de 16,8 à 18 milliards de dollars devraient être investis via le Fonds mondial, sur la période 2020-2022, pour atteindre les objectifs d’éradication des trois pandémies d’ici 2030, fixés par les Nations-Unies3.
L’ensemble des pays s’est engagé à mettre fin aux trois pires épidémies planétaires en misant sur un diagnostic et un accès au traitement pour tous-tes. Cela correspond à un doublement des financements disponibles4 – sans commune mesure avec les 8% d’augmentation qui viennent d’être fixés pour le Fonds mondial.
Pour nos associations, les bailleurs internationaux viennent de condamner le Fonds mondial à faire du sur-place pendant les trois prochaines années, tandis que les pandémies repartiront de plus belle. Selon les projections d’ONUSIDA5, un retard de 5 ans dans la réalisation des objectifs de 2020 provoquerait un surplus d’infections à VIH de 2,1 millions et 1 million de morts supplémentaires entre 2017 et 2030 dans les 10 pays les plus touchés par l’épidémie. Si les efforts engagés pour lutter contre la tuberculose se poursuivent au même rythme, 28 millions6 de personnes mourront de cette maladie d’ici à 2030, ce qui représenterait un coût supplémentaire de 983 milliards de dollars7.
Nous dénonçons l’abandon scandaleux de millions de malades et de personnes vulnérables à ces maladies dévastatrices. Cette vision est tristement court-termiste, car en sous-investissant maintenant dans le contrôle de ces maladies, ces dernières vont exploser et coûter bien plus cher d’ici quelques années.
Contacts presse
- Action Santé Mondiale : Lucie Brousset – lbrousset@ghadvocates.org
- AIDES : Elody Croullebois – 01 77 93 97 65 – ecroullebois@aides.org
- Coalition PLUS : Camille Sarret – csarret@coalitionplus.org
- Equipop : Nicolas Rainaud – nicolas.rainaud@equipop.org
- Médecins du Monde : Fanny Mantaux – 01 44 92 13 81 – fanny.mantaux@medecinsdumonde.net
Sources
[1] Parmi les Objectifs du développement durable définis par les Nations Unies en 2015, le 3e est consacré à la santé et à la fin des grandes épidémies.
https://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/health/
[2] Le Fonds Mondial avait levé auprès de ses donateurs 12,9 milliards de dollars pour les années 2017-2019. https://www.theglobalfund.org/fr/specials/2016-09-17-donors-pledge-nearly-13-billion/
[3] « Back on Track to End Epidemics », GFAN Full Report, Juillet 2018, p 7. http://www.globalfundadvocatesnetwork.org/campaign/get-back-on-track/#.XDiWQM9Kh25
[4] Global Tuberculosis Report
http://www.stoptb.org/global/advocacy/unhlm_asks.asp
[5] « Miles to Go », Full Report UNAIDS, Juillet 2018, p110
http://www.unaids.org/en/resources/documents/2018/global-aids-update
[6] Rapport 2017 du Global TB Caucus
“Tuberculose : le prix à payer” – selon une étude KPMG
[7] Rapport 2017 du Global TB Caucus
“Tuberculose : le prix à payer” – selon une étude KPMG