Les discussions en cours à l’Assemblée nationale montrent chaque jour un décalage plus important entre la représentation nationale et les médecins de terrain.
La volonté d’instituer une coercition à l’installation n’a jamais été si importante et fait exploser les clivages entre les partis politiques. Face aux questionnements de leurs administrés devant des difficultés d’accès au soin toujours plus grandes du fait des politiques économiques et sanitaires des trente dernières années, de très nombreux députés répondent par l’électoralisme et transforment les conséquences des actes politiques passés en causes par la désignation des médecins comme victimes expiatoires.
Dans le même temps, la loi de santé « Ma Santé 2022 » ne résout rien, et donne aux médecins une responsabilité territoriale sans moyen et sous une gouvernance toujours plus importante et monopolistique des ARS.
La profession médicale est vendue à la découpe par le morcellement de ses actes propres livrés à d’autres professions :
« Actes simples » et prescriptions de traitement jusque là délivrés sur prescriptions médicales, libres, pour les pharmaciens, ainsi que le renouvellement et la modification d’ordonnance pour des patients chroniques et polypathologiques.
Proposition de rendre opposable la désignation d’un médecin traitant par la CPAM sous saisine d’un patient.
Lien étroit entre les Communautés professionnelles de territoire, Groupement hospitalier de territoire et création d’hôpitaux périphériques qui étendront des équipes médicales vers l’activité des médecins de ville.
Développement du paiement à l’épisode de soin ou au parcours de soin annoncé comme mode de paiement majoritaire en 2022, qui assujettira la médecine de ville au GHT dépositaire de l’enveloppe de leurs rémunérations.
Subventionnement d’assistants médicaux contre une augmentation des cadences de soin sous la condition d’entrée dans le modèle CPTS dès lors imposé.
L’UFML-Syndicat constate la volonté d’étatisation du système avec une main mise de l’Etat et de ses relais sur une médecine de ville dont la disparition du modèle semble être programmée par la doxa. Les enjeux de santé publique et l’exercice de la médecine libérale sont confondus.
Le mépris institutionnel exprimé à maintes reprises ces derniers jours à l’égard des plus jeunes comme des médecins seniors ne pourrait s’imaginer à l’égard d’autres professions.
Le projet de certification des médecins libéraux, en priorité ceux nouvellement installés, organisé autour d’un stage de 15 à 30 jours (c’est à dire 10 % des 300 jours d’exercice moyen annuel) et de stages obligatoires pour ceux qui ne répondraient pas aux normes, est dangereusement réfléchi sans les acteurs concernés.
Les médecins sont un des derniers ciments sociétaux, initiateurs de développement économique. Ils sont indispensables à la solidité du pacte social.
Depuis des années, ils vivent un exercice rendu chaque jour plus difficile du fait d’une gestion par rustine qui masque les responsabilités directes de la gouvernance du système.
Les médecins n’ont pas à culpabiliser. Ils n’ont aucune responsabilité dans la situation souvent dramatique que rencontrent les Français. Dans l’immense majorité des cas, ils font face et l’épuisement professionnel devient banal.
Rien n’est fait pour envoyer le signal d’un réel investissement dans une politique de la ville et de médecine de ville, ni pour recréer la confiance entre médecins et administration, patients et administration. A l’inverse, tout est fait pour détruire la confiance entre patients et médecins. Rien n’est fait pour donner plus de responsabilité aux médecins, aux soignants au sein d’une gouvernance partagée et pour ouvrir la gouvernance du système aux soignants et aux patients.
Face à ce constat, l’UFML-Syndicat demande à la profession de se préparer à un mouvement d’ampleur inédite.