Des professionnels insatisfaits de leur rémunération, qui croulent sous l’administratif, mais motivés par leur contribution au système de soin
Dans le prolongement de son étude sur le burnout des médecins, l’édition française de Medscape publie une nouvelle enquête consacrée à l’évolution de leur profession.
Menée auprès de 900 médecins français[1], elle révèle une situation financière jugée peu satisfaisante au regard des conditions de travail difficiles et une qualité de vie altérée par des heures extensibles.
Un sentiment d’autant plus important chez les femmes pour qui l’enquête souligne des inégalités salariales préoccupantes avec leurs homologues masculins.
Pour un tiers des médecins interrogés, les tâches administratives chronophages représentent en moyenne 15 heures de travail hebdomadaire dans des semaines déjà chargées (55 heures en moyenne).
Malgré ces contraintes de temps, seul un professionnel sur trois utilise des outils connectés dans le cadre de la prise en charge de ses patients et seulement 1 sur 6 pratique la télémédecine.
Une situation financière peu satisfaisante et des inégalités salariales persistantes
Avec des revenus annuels moyens s’élevant à 96 000 € pour les généralistes et 98 000 € pour les autres spécialités, les médecins sont 74% à estimer que leur rémunération reste insuffisante au vu de leur responsabilité, leur charge de travail et leurs études difficiles. Ils observent également une baisse de leur pouvoir d’achat, surtout les libéraux (57%) et les généralistes (55%). Une perception qui pousse même 34% des interrogés à affirmer qu’en connaissance de cause, ils se seraient orientés vers une autre voie professionnelle. Pour les médecins hospitaliers, qui ont déclaré des revenus 40% inférieurs aux libéraux, « le blocage des salaires de la fonction publique » et « la stagnation de la grille du praticien hospitalier » sont les causes principales de la baisse de leur pouvoir d’achat.
Les femmes médecins, quant à elles subissent des inégalités persistantes, en matière de revenu. En travaillant 51h par semaine en moyenne (vs. 54h pour les hommes), leurs revenus sont inférieurs de 27% à ceux des hommes. Un écart bien plus important que la moyenne française de 9% pour un travail de valeur égale[2]. Ainsi, toute médecine confondue, l’écart moyen constaté est de 29 000 € annuel (77 000 € vs. 106 000 €). Une différence légèrement plus faible chez les généralistes avec un écart de 17% (83 000 € vs. 100 000 €).
Une gestion administrative pesante mais un métier gratifiant
Dans une semaine de travail, 29% des médecins consacrent entre 10h et 14h de travail aux tâches administratives. Pour 13% d’entre eux, cela peut même représenter jusqu’à 24h de travail hebdomadaire. Ces règlements et ces procédures arrivent en tête des aspects les plus difficiles de la profession pour 39% des interrogés, suivis par les horaires de travail trop longs pour 27% d’entre eux. La gestion des patients difficiles (12%) et la peur d’une poursuite en justice (8%) sont des craintes mineures.
Malgré ces contraintes, 7 médecins sur 10 sont satisfaits de leur compétence professionnelle, essentiellement grâce à la reconnaissance de leurs patients et de leurs pairs. Pour Véronique Duqueroy, Directrice éditoriale chez Medscape. « Cette appréciation positive est surtout due au sens que les médecins trouvent en leur métier. En dépit des tâches administratives qui pèsent sur leur charge de travail, les médecins sont 32% à s’accomplir professionnellement en se sentant compétents, en apportant des réponses et en posant des diagnostics. La reconnaissance et le relationnel avec les patients est aussi un aspect gratifiant pour 30% d’entre eux, suivi de l’utilité sociale de leur profession (15%) ».
Outils connectés et télémédecine, des solutions encore peu démocratisées
Un tiers des médecins déclarent se servir d’outils et d’objets connectés dans la prise en charge de leur patientèle (les montres et les stéthoscopes connectés sont les dispositifs les plus cités). Certains soulignent une fiabilité discutable et des solutions « incompatibles avec le secret médical ». Un quart des professionnels interrogés déclarent utiliser des plateformes de rendez-vous. Ceux qui en ont la possibilité, préfèrent compter sur l’humain pour les aider : 17% des médecins travaillent au moins avec un(e) assistant(e) médical(e) et 63% avec un(e) infirmier(e).
Par ailleurs, alors que le déploiement de la télémédecine est considéré par les pouvoirs publics comme un enjeu clé pouraméliorer l’organisation du système de santé et l’accès aux soins, la téléconsultation reste une solution très peu considérée par les médecins. Encore loin de leur réalité quotidienne, seulement 1 sur 6 la pratique. Conscients de ses avantages pour pallier la pénurie médicale ou éviter les déplacements intempestifs pour les patients, 16% envisagent de s’y mettre, 44% peut-être un jour et 40% pas du tout.
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