La réforme du 3e cycle des études de médecine se poursuit de façon chaotique. Si le Syndicat National des Jeunes Médecins Généralistes (SNJMG) avait été favorable à la réforme, il s’était étonné que celle ci se fasse de façon déconnectée des réformes des deux premiers cycle. Et quand Mme Marisol Touraine avait publié, juste avant l’élection présidentielle de 2017, les textes d’application en vue de la rentrée universitaire suivante, le SNJMG regrettait que la ministre allait quitter son poste en mettant en place une réforme imparfaite et inachevée (1).
Comme il fallait s’y attendre, les problèmes apparurent dés le premier rendez vous important de la réforme : les choix de stages d’internat de la rentrée 2017. La césure nette, voire radicale selon les spécialités, pour les modalités de choix entre les internes de la promotion 2017 et ceux des promotions précédentes ne se fit pas sans problème. Ainsi à Paris, elle entraîna une grève des choix des internes de psychiatrie. Quelques jours après, l’ARS et les doyens ont dû s’employer pour éviter une autre grève chez les internes de MG de la promotion 2016 devant des choix de stages hospitaliers globalement moins interessants que ceux auquel ils auraient eu droit avec la précédente organisation du 3e cycle (2)…
Outre les modifications de choix de stages, l’autre rendez vous important de la réforme consistait au remplacement des DESC par les FST et les options (3). Ce « switch » est prévu pour la rentrée universitaire 2019 avec des demandes d’inscription des internes closes le dimanche 30 juin 2019. Mais ce n’est que le vendredi 28 juin 2019 que le gouvernement a publié au JO (4) le nombre de postes ouverts par FST/option et par subdivision pour la prochaine rentrée ! De plus, le nombre de postes proposés s’est avéré en deçà des attentes des internes avec une mauvaise répartition entre les subdivisions et selon les FST/options (par exemple : dans quelques subdivisions, aucun poste n’est ouvert pour certaines FST/options).
Devant le tollé général, les ministères de la Santé et de l’Enseignement supérieur ont donné lundi 1er juillet 2019 l’assurance aux deux principaux intersyndicats d’internes (ISNAR-IMG et ISNI) que les facultés pourront prolonger le délai de candidature des internes jusqu’à fin juillet 2019 (5) et qu’un arrêté complémentaire serait publié mi juillet pour revoir à la hausse le nombre total de postes ouverts à une FST ou à une option (initialement fixé à 1816 postes de FST ou d’options) mais aussi augmenter localement le nombre de postes dans les subdivisions dans lesquelles les capacités de formation sont plus importantes afin qu’elles puissent accueillir les candidatures issues des régions exemptes de poste ouvert (Les étudiants pourront y postuler au titre de la mobilité).
Il ne fait pas de doute que l’empressement des ministères à « refroidir » ce conflit qui ne concerne en l’état qu’une (trop) petite minorité d’internes « nouveau régime » n’est pas sans rapport avec le mécontentement grandissant chez les jeunes médecins.
Or, lors de son dernier point presse, hier, en tant que directrice générale de l’offre de soins (DGOS), Mme Courreges (6) a précisé que le stage en autonomie supervisée dans les zones déficitaires s’appliquerait des la promotion 2019 de nouveaux internes en Médecine Générale (c’est à dire, les actuels externes ayant passé les ECN et qui s’apprêtent à choisir leur internat : quel magnifique effet d’annonce pour cette discipline !).
C’est pourquoi le SNJMG sera attentif au règlement dans de bonnes conditions du pataques des FST/options, comme il attend avec impatience la clarification d’Agnes Buzyn qu’il a demandé, avec le syndicat « Jeunes Médecins » (7), à propos du projet de loi « Ma Santé 2022 » soumis au vote solennel du Parlement d’ici la fin du mois de Juillet 2019.
Contact presse : Dr Sayaka Oguchi presidente@snjmg.org
(1) : Communiqué du SNJMG (Avril 2017)
(2) : Communiqué du SNJMG (Octobre 2017)
(3) : Les FST sont accessibles après la fin de la deuxième et/ou de la troisième année. D’une durée d’un an elles permettent d’acquérir une compétence spécifique dans le champ de leur spécialité. 24 FST existent mais six sont étiquetées comme « d’intérêt » pour la médecine générale : addictologie, prise en charge de la douleur, soins palliatifs, médecine du sport, médecine scolaire et expertise médicale et préjudice corporel. Les 18 autres peuvent rester accessibles pour les internes de médecine générale à condition d’être justifiées par un projet professionnel solide.
(4) : Arrêté FST/Options (Juin 2019)
(5) : L’accès aux FST se fait sur dossier : les internes de MG doivent y présenter leur projet professionnel qui est ensuite étudié par une commission composée du coordonnateur de DES de médecine générale, du pilote de la FST et de deux représentants étudiants. Il n’existe pas d’option pour la MG.
(6) : Tweet du SNJMG (Juillet 2019)
(7) : Communiqué commun Jeunes Médecins / SNJMG (Juin 2019)