« En plein cœur de l’été, nous apprenons chaque semaine la fermeture ici d’un SMUR (comme à Lens ou à Tourcoing), là d’un service d’urgence la nuit (comme à Sisteron). Sans compter l’accélération des fermetures de maternités comme à Thann ou à Privas où il est demandé aux urgentistes de suppléer à cette désertification sanitaire. Par ailleurs, près des 2/3 des services fonctionnent en sous-effectifs avec des plannings « à trous », ce qui se traduit par une dégradation de l’accueil des patients avec notamment un allongement des temps d’attente.
Le conflit des urgences que le gouvernement refuse de prendre en compte à sa juste mesure reflète la situation de dégradation de notre système de santé. En effet, l’augmentation continue depuis plus de 20 ans du nombre de passage aux urgences est le reflet de tous les dysfonctionnements de notre système de santé : manque de médecins généralistes en ville avec un mode d’exercice et une répartition inadaptée sur le territoire, hôpital exsangue du fait de la succession de plans d’économie avec des fermetures massives de lits.
Nous rappelons aux pouvoirs publics qu’ils ne remplissent plus leur mission qui est d’assurer la continuité du service public et la sécurité de la population. En effet, les recommandations professionnelles sont claires en termes de sécurité : tout citoyen doit être à moins de 30 minutes d’un service d’urgences et à moins de 30 min de l’arrivée d’un SMUR. Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui pour une partie de plus en plus importante de la population.
Nous ne pouvons accepter qu’une nouvelle loi santé soit votée par les parlementaires tous les 5 ans avec la promesse que dans 10 ans tout ira mieux ! La loi Bachelot date de 2008 et depuis la situation s’est dégradée. La loi Touraine a plus de 5 ans et n’a rien réglé. La loi Buzyn ne prend pas en compte la gravité de la situation dans un contexte de rigueur budgétaire aggravée et le bilan sera le même dans les années qui viennent.
Les personnels sont épuisés et certains quittent le métier car ils refusent de continuer de travailler pendant des années à ce rythme et dans ces conditions. Alors que des services sont en grève depuis maintenant plusieurs mois que de nouveaux entrent dans le mouvement chaque semaine, la Ministre se contente de nommer une mission et refuse d’engager des négociations nationales, renvoyant la responsabilité aux directeurs d’hôpitaux qui n’ont plus aujourd’hui les moyens de faire fonctionner correctement leurs établissements. Au regard de la manière dont elle a été reçue à La Rochelle, madame Buzyn devrait comprendre qu’elle ne pourra calmer la colère des personnels en poursuivant dans cette voie.
Depuis des années, l’AMUF a fait des propositions pour éviter la catastrophe qui se profile. Il est urgent que les personnels de terrain que nous représentons soient réellement entendus et que des réponses soient données en urgence à leurs revendications. »
Patrick Pelloux (président de l’AMUF)
Christophe Prudhomme (porte-parole de l’AMUF)