MG France a analysé les propos tenus par le président de la FHF pendant sa conférence de presse le jeudi 19 septembre, concernant les médecins libéraux et notamment les médecins généralistes.
Fréderic Valletoux souhaite rendre obligatoire l’exercice coordonné et obliger les médecins généralistes à participer à la permanence des soins. Il souhaite remplacer l’esprit d’entreprise des professionnels libéraux par l’obligation et la coercition. Il réclame une place prépondérante au sein des conseils d’administration des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) et une participation aux négociations entre assurance maladie et professions de santé libérales.
Au total il aspire à prendre la main sur l’organisation des soins de ville au motif que l’hôpital serait plus efficace que les professionnels de santé.
- Ignorez-vous, monsieur le président de la FHF, que les médecins généralistes ne portent en aucune manière la responsabilité d’une crise démographique dont ils sont, avec la population, les premières victimes ?
- Ignorez-vous, monsieur le président de la FHF, que les médecins généralistes assurent tous les jours, et dans l’immensité majorité des territoires, la permanence des soins de nuit et le week-end et la régulation des appels correspondants ?
- Ignorez-vous, monsieur le président de la FHF, que dans un pays libre, la coercition que vous appelez de vos voeux aurait pour première conséquence de détourner de l’exercice libéral les jeunes médecins qui aspirent à retrouver en ville les conditions de travail (horaires, avantages sociaux, collaborateurs) qu’ils ont connues en établissement de soins ? Croyez-vous vraiment que la coercition soit un bon aiguillon pour l’initiative et la créativité?
Non, monsieur le président, les médecins généralistes ne se désintéressent pas de la prise en charge de la population de leurs territoires. Mais leur capacité à s’organiser sera d’autant plus grande qu’ils seront les maîtres d’oeuvre de leurs communautés de santé. La participation de représentants des établissements de soins dans leurs conseils d’administration est souhaitable, de même que celle des libéraux dans ceux des établissements. Elle ne sera pas équivalente selon qu’il s’agisse d’un hôpital de proximité, prolongement naturel de l’exercice ambulatoire de la médecine générale, ou d’un GHT. Dans le premier cas cette participation des libéraux sera au niveau de celle des hospitaliers, dans le second il s’agira d’une participation à titre de personne qualifiée, au même niveau que celle des établissements au sein des CPTS.
Non, monsieur le président de la FHF, l’organisation de la continuité des soins ne se fera pas sous la férule des pouvoirs publics ou du Samu. Elle se construira parce que les médecins généralistes libéraux sauront combiner l’amélioration de leurs conditions d’exercice, indispensable pour rétablir l’attractivité de leur métier, avec une organisation des soins répondant aux besoins de santé de la population. « Si ça part du terrain, c’est souvent plus adapté que si ça vient du sommet » vient de déclarer Edouard Philippe. Il a raison.
Il revient aux pouvoirs publics d’apporter enfin aux soins primaires de ce pays des moyens pour exercer comparables à ceux des pays voisins. L’Hôpital public est le partenaire naturel des médecins généralistes libéraux ; ce partenaire trouvera dans les CPTS un interlocuteur à sa mesure, légitime et indépendant.