Si au fil des semaines, le nombre de personnes en réanimation a baissé, le mal-être des professionnels en santé semble quant à lui ancré durablement dans leur quotidien et proportionnellement aussi important qu’au moment du pic épidémique. Dans ce contexte, l’association SPS (Soins aux Professionnels en Santé), mobilisée à leurs côtés depuis 2 mois, a mené une enquête (1) du 29 avril au 13 mai auprès des professionnels en santé, afin de recueillir leurs ressentis et de répondre efficacement à leurs besoins d’accompagnement en période de crise sanitaire.
Près de 85% des participants à l’enquête ont déclaré ne pas s’être sentis soutenus depuis le début de la crise. Bien plus qu’une simple souffrance personnelle liée à l’épidémie de Covid-19, la détresse au travail est profondément présente dans les pratiques professionnelles, y compris chez les soignants les plus expérimentés et elle se concentre sur les questions managériales.
Les résultats de l’enquête soulignent le besoin d’un accompagnement psychologique global et organisé à tous les niveaux d’intervention.
PLUS QUE JAMAIS PRÉSENT, LE MAL-ÊTRE DES SOIGNANTS NÉCESSITE DES RÉPONSES ADAPTÉES
Depuis maintenant deux mois et plus de 3 250 appels, le numéro vert de l’association SPS recueille de très nombreux témoignages traduisant le mal-être des professionnels en santé face à l’épidémie. Derrière les mots échangés avec les psychologues, l’anxiété, les problèmes d’organisation du travail et l’épuisement professionnel restent les principaux motifs des appels.
Près de 85% des répondants ne se sont pas sentis soutenus sur le plan psychologique depuis le début de la crise.
Alors que la famille, les proches et les collègues semblent avoir été des aides indispensables, la hiérarchie et les dispositifs d’écoute n’ont pas exercé ce rôle pour près de 68% des personnes interrogées selon l’enquête de l’association SPS. Ce sont d’ailleurs le manque de protection et de soins ainsi que les questions d’organisation et de management qui ont contribué à ce mal-être chez 7 personnes sur 10.
En matière de soutien psychologique, la diversité des besoins montre la complémentarité des dispositifs à déployer.
Près de 77% des répondants sont favorables à un meilleur management/organisation et 74% à l’accès à des interventions non médicamenteuses (relaxation, hypnose, etc.). 59% des personnes se disent favorables à un dispositif pérenne et indépendant, 50% à l’augmentation des psychologues dans les établissements et 51% des répondants favorables au soutien psychologique externe en consultation physique.
Plus de 95% des répondants n’ont pas contacté une plateforme d’écoute téléphonique et plus de 60% des personnes sont favorables à ce dispositif d’écoute. Ces résultats confortent l’importance du dispositif d’accompagnement de l’association SPS afin d’aller à leur rencontre, les aider et les accompagner au quotidien pour répondre à leurs besoins.
Profil des répondants à l’enquête SPS :
85% de femmes
79% de salariés
70% du secteur paramédical
58% du secteur sanitaire
Près 80% avec une expérience de plus de 3 ans
Consulter l’ensemble des résultats de l’enquête
BILAN DE LA CAMPAGNE SPS – CHIFFRES CLÉS
Afin d’être aux côtés des professionnels en santé mobilisé et éprouvé dans la lutte contre la Covid-19, l’association SPS (Soins aux Professionnels en Santé) a déployé une campagne de communication sur son dispositif d’aide et d’accompagnement psychologique disponible depuis novembre 2016 (avec une écoute téléphonique, 24h/24-7j/7), à destination des professionnels du sanitaire et du médico- social.
Depuis le 23 mars :
- ce sont 3 244 appels traités soit en moyenne plus de 60 appels par jour et d’une durée de 24 minutes. Plus d’1/3 d’entre eux sont passés la nuit (16%) ou le dimanche.
- Les appelants sont pour 71% des femmes et 84% des salariés.
- 35% des appelants sont in rmier•e•s, aides-soignant•e•s et 10% travaillent dans le secteur dumédico-social.
- La provenance des appels (2) est : Île-de-France (31%), Auvergne-Rhône-Alpes (12%), Grand-Est (10%), Occitanie (8%), Nouvelle Aquitaine (6%), Provence-Alpes-Côte d’Azur (6%), Hauts-de-France (5%), Bretagne (5%), Pays de la Loire (4%) et Bourgogne-Franche-Comté (4%).
- 100% des appels concernent les répercussions de la crise sur les professionnels en santé, avec notamment :
– Plus de 35% font part de leur anxiété ou angoisse.
– Près de 12% ont des problèmes d’organisation de travail.- Près de 13% doivent faire face à un épuisement professionnel.
La crise sanitaire du Covid-19 a-t-elle été le révélateur de cette sou rance sous-jacente, depuis de nombreuses années, mise au grand jour par la mobilisation exceptionnelle de ces héros du quotidien ? Permet-elle de révéler, au grand public un mal-être durable des professionnels en santé? Quelles réponses l’épidémie de Covid-19 permettra-t-elle d’apporter en matière d’organisation du travail, génératrice de cette sou rance ?
Chaque crise mettant à l’épreuve notre société, voit naître des changements profonds nous permettant d’en tirer collectivement les enseignements. Les professionnels en santé doivent être au centre de notre préoccupation et de notre démarche.
(1) 1204 professionnels en santé ont répondu au questionnaire anonyme de l’Association SPS administré en ligne entre le 29 avril et le 13 mai 2020. Les réponses ouvertes ont été analysées par le logiciel MyKnowledge de l’éditeur de logiciel français Semdee (partenaire de confiance).
(2) Sur les 3 244 appels, seuls 2 279 ont accepté de donner leur région.
La Veille des acteurs de la santé est partenaire médias de cet événement
Coordination et relation médias SPS : Catherine Cornibert – c.cornibert@ac-sante.com
Porte-paroles :
Dr Eric Henry – Médecin généraliste, président de l’Association SPS
Dr Philippe Denormandie – Chirurgien, conseiller santé de MNH
Pauline Dubar – Infirmière, déléguée régionale Hauts-de-France SPS