Cela fait une semaine que s’est tenue la première réunion, telle une grand-messe, du « Ségur de la santé ». Une semaine et le monde de la santé semble déjà divisétant le manque de respect à l’endroit des paramédicaux est criant. Neuf semaines durant, les soignants ont été encensés et célébrés tous les soirs. Neuf semaines durant lesquelles le gouvernement a multiplié les éloges et promis que plus rien ne sera jamais comme avant. Pourtant, à la lumière des compositions des deux commissions devant tout repenser, il est regrettable de constater, à nouveaux, que les professionnels non médicaux ne soient pas ou peu représentés.
Inscrire l’attractivité métier dans le cadre de perspectives de carrière
Ces dernières années, la formation en soins infirmiers ou encore des aides-soignants a connu un désamour avec des taux d’inscriptions aux sélections qui ont très largement baissés. La première session de ParcourSup étant à analyser sur le long terme.
L’un des piliers essentiels de l’attractivité de nos métiers est inévitablement l’évolution des grilles de salaires. Pour exemple, rappelons que les infirmie.r.es en France perçoivent un salaire de l’ordre de 5% en dessous du salaire moyen des français. Un constat qui place la France au 26ème rang sur 29, soit les salaires les plus bas de tous les pays développés. Des salaires incohérents eu égard aux compétences affichées par les infirmières et aux exigences toujours grandissantes. Mais cette attractivité doit s’inscrire également dans le cadre des perspectives de carrières offertes à celles et ceux qui se prédestinent aux métiers de la santé. La reconnaissance des paramédicaux dans trois sections du Conseil National des Universités (CNU) et les perspectives d’évolution vers des doctorats sont autant de garanties pour offrir une vision nouvelle et formidablement attractive des métiers de la santé. Une mission d’attractivité sur laquelle le CEFIEC travaille déjà depuis de nombreuses années en proposant différents travaux pour valoriser les métiers de santé.
Le message fort envoyé à travers ce « Ségur » aux paramédicaux interpelle quant à la vision du gouvernement sur l’attractivité de nos métiers. Comment est-il concevable pour eux de « penser » l’avenir du système de santé sans y intégrer la formation et ses acteurs ?
On a cru un court instant que cela pouvait changer !
On le sait, la crise sanitaire a violement révélé les failles de notre système et cette incapacité à anticiper et prévoir, mettant en lumière que cette vision technocratique, économique et médico centrée ne convient plus à l’évolution efficiente de la santé.
Frappés par la crise, les manquements liés à cette gestion se sont révélés criants. La crainte décuplée par des mesures exceptionnelles, à l’image du confinement, laissait présager le pire. La France s’est retranchée en misant tous ses espoirs sur le personnel soignant et s’est mise à les applaudir tous les soirs !
Inféodés, ils et elles y sont allés, tenant l’hôpital à bout de bras. On a pu voir cette efficacité et cette force quand tous les soignants, ensemble, parlent et agissent d’une même voix. Réorganisation des services en des temps records, adaptabilité pour changer de service, voire de région… On a pu voir cette efficacité interprofessionnelle quand les équipes agissent ensemble en ayant pour même objectif la prise en soins des usagers. Ce savoir-faire confirme leurs compétences dans la gestion des risques.
Et puis, la crise semble se calmer et le gouvernement pour tenir son engagement du « plus rien ne sera jamais comme avant » organise le « Ségur de la santé ». Une mascarade humiliante pour les paramédicaux qui y sont exclus. Le gouvernement reconstruit, avec les mêmes maîtres d’œuvre, sur les ruines du passé sans même essayer de nous faire croire à de nouvelles fondations. Mais les beaux jours reviennent et le déconfinement, tant attendu, annoncé comme une bouffée d’oxygène va offrir un moment d’accalmie à ce « Ségur ». On oublie cet épisode malheureux, on le range bien au fond du placard et on passe à autre chose avec les mêmes acteurs du passé. Des annonces du soi-disant changement seront annoncées au mois de juillet. Evidemment !
De plus, 2020 est la date choisie par l’OMS pour consacrer les infirmières et les sages-femmes en reconnaissant leur rôle primordial pour la santé des populations à travers le monde avec pour préoccupation première d’assurer leur autonomisation. Ce processus leur permettra de mieux utiliser leurs ressources professionnelles et de renforcer leur autonomie d’action.
De surcroit, cette même année, la crise sanitaire mondiale liée au Covid 19 nous rappelle combien les compétences des infirmières sont indispensables à la prise en soin des personnes à travers le monde pour lutter contre cette pandémie.
Avec cet irrespect adressé à l’ensemble des professions non médicales, quel serait leur engagement en cas de deuxième vague ?
A propos du CEFIEC
Le Comité d’Entente des Formations Infirmières et Cadres est une association professionnelle de structures de formation aux métiers de la santé qui regroupe à ce jour les 323 Instituts de Formation en Soins Infirmiers (IFSI) de France, les 36 Instituts de formations de cadres de santé (IFCS) ainsi que 268 Instituts de Formation Aide-Soignant (IFAS) et 48 Institut de Formation d’Auxiliaire de Puériculture (IFAP) attachés aux IFSI. L’association est au contact quotidien des directeurs d’institut, des formateurs, des équipes administratives et des étudiants (dont les 90 000 étudiants en soins infirmiers).
Contact presse :
Sébastien Devillers
sdevil@aurasicommunication.com