« Sans aucune explication, la Haute Autorité de Santé a décidé, cet été, de suspendre les travaux consacrés à l’extension des compétences des professionnels de santé en matière de vaccination[i]. Saisie sur ce sujet par le Ministère de la Santé le 21 février 2018, la HAS n’a donc répondu qu’au premier volet de la demande : ce qui a amené à l’autorisation de la vaccination antigrippale par les pharmaciens et à l’extension de cette même vaccination par les infirmiers aux personnes fragiles primo-vaccinantes. Mais depuis… plus rien : la HAS a laissé tomber le reste des requêtes.
Pour le Sniil, cette décision est totalement incompréhensible et inadaptée, surtout dans le contexte de pandémie Covid-19 que subit actuellement le pays.
En effet, cet arrêt des travaux de la HAS implique que les 123 000 infirmières et infirmiers libéraux :
- ne peuvent vacciner contre la grippe de façon autonome qu’une seule partie de la population française (personnes âgées, malades chroniques…)
- ne pourront pas utiliser leurs compétences à leur juste valeur dans une future campagne de vaccination rapide et massive contre le Covid-19.
Pourtant :
- la campagne de vaccination antigrippale commençant mi-octobre en métropole est jugée comme très importante en cette année de pandémie Covid-19 par le Professeur Delfraissy, Président du Conseil Scientifique[ii]
- le nombre de personnes à vacciner contre le Covid-19 au niveau national s’élèvera selon la HAS[iii]entre 6,8 millions (individus nécessaires au « maintien des besoins vitaux de fonctionnement du pays»[iv]et 53 millions si l’objectif est de réduire la contamination
- il sera indispensable, selon le Conseil Scientifique Covid-19, de réaliser la vaccination anti-Covid 19 « au plus près des personnes concernées » notamment par infirmier (avis[v]transmis le 9 juillet 2020 aux autorités nationales)
- … ce qui nécessitera, selon le même Conseil, une « évolution des textes concernant la prescription et la réalisation de l’acte vaccinal» afin « d’alléger le circuit de vaccination (ordonnance, achat du vaccin, injection) »
- les 123 000 infirmières et infirmiers libéraux, professionnels de santé les plus proches de la population, ont l’influence la plus importante auprès de la population âgée dans le processus d’acceptation de la vaccination[vi], ce qui pourrait être déterminant dans la tenue des futures campagnes de vaccination.
Dénonçant avec force un manque total d’anticipation de la part de la Haute Autorité de Santé comme du gouvernement, le Sniil demande donc aujourd’hui à M. Olivier Véran de faire preuve de courage politique et de mettre en œuvre un vrai droit infirmier à vacciner avec information des médecins traitants et/ou mise en place d’un carnet de vaccination électronique. Cette mesure, plus que nécessaire en cette période de pandémie, est facile à instituer puisque ne nécessitant qu’un simple ajustement par décret ministériel de l’article R4311-1 du Code de la Santé Publique[vii].
Il en va, aujourd’hui, de la santé et de la sécurité de tous les Français. »
Notes :
[i]« Programme de travail 2020 », HAS, 23 juillet 2020, p. 35
[ii]Déclaration du 10 septembre 2020 sur l’antenne de RTL du Professeur Delfraissy, invité RTL Matin
[iii]« Stratégie de vaccination contre le Covid-19 », HAS, 23 juillet 2020
[iv]Personnels du sanitaire et du social, sécurité, défense, énergie, agro-alimentaire…
[v]« Vaccins contre le Sars-Cov-2 : stratégie de vaccination », Care, Comité scientifique Covid-19, Comité vaccin Covid-19, 09/07/2020
[vi]Rapport sur la vaccination des personnes âgées, Haut Conseil de la Santé Publique mars 2016
[vii]Rôle propre infirmier permettant aux infirmières de participer « à des actions de prévention, de dépistage, de formation et d’éducation à la santé ».
Contact presse : Emmanuelle Fradet, communication@sniil.fr