Santé publique France publie son BEH n°24 à l’occasion de la Journée mondiale du coeur.
Résumé du contenu :
- Perception des maladies cardiovasculaires et connaissance des facteurs de risque cardiovasculaires en France : Baromètre de Santé publique France 2019, Clémence Grave & coll., Santé publique France
Les maladies cardiovasculaires (MCV) et l’accident vasculaire cérébral (AVC) sont responsables de plus de 140 000 décès chaque année en France. Peu d’études ont récemment décrit la perception de la population française vis-à-vis de ces pathologies et la connaissance de leurs facteurs de risque. L’objectif de cette étude était de décrire la perception des maladies cardiovasculaires et la connaissance des facteurs de risque cardiovasculaires (FDRCV) par la population française, et d’étudier les déterminants associés à la méconnaissance des principaux FDRCV en France.
Les données du Baromètre de Santé publique France 2019 ont été utilisées. Dans cet article, les analyses ont porté sur les 5 074 personnes, âgées de 18 à 85 ans, résidant en France métropolitaine, qui ont répondu aux questions sur les MCV et l’AVC. Les analyses ont été pondérées afin de prendre en compte le poids de sondage et la structure de la population française.
Dans notre étude, 53% des personnes ont déclaré craindre l’AVC, 45% l’infarctus du myocarde et 40% pensaient être à risque de MCV ou d’AVC. Parmi ces personnes se pensant à risque cardiovasculaire, 57% en ont parlé à un professionnel de santé. Ce sentiment d’être soi-même à risque était rapporté plus fréquemment par les personnes ayant une hypertension artérielle (HTA) connue, les fumeurs et ex-fumeurs, et donc à risque de MCV ou d’AVC. L’hypertension, le tabac et l’obésité étaient cités comme FDRCV par plus de 90% des personnes. Le diabète n’était pointé que par 70% des personnes interrogées. La connaissance simultanée des quatre principaux FDRCV (HTA, tabac, diabète, hypercholestérolémie) était rapportée par 61% de la population. Être âgé de moins de 45 ans, être célibataire, résider en ville, ne pas avoir le baccalauréat, ne pas avoir suivi de formation aux gestes de premiers secours et ne pas se sentir à risque de MCV ou d’AVC étaient indépendamment associés à la méconnaissance des quatre principaux FDRCV.
En 2019, près de la moitié des Français déclaraient craindre une MCV ou un AVC. La connaissance des facteurs de risque de ces pathologies dans la population s’est largement améliorée en 20 ans et atteint aujourd’hui des niveaux élevés, bien que cela reste variable selon le facteur de risque d’intérêt et selon certaines caractéristiques sociodémographiques. Ces résultats sont à intégrer dans une approche globale de prévention des facteurs de risque cardiovasculaires dans la perspective d’une modification des comportements.
- Connaissance de la population française sur les symptômes d’infarctus du myocarde et sur l’appel du 15 lors d’une crise cardiaque ou d’un accident vasculaire cérébral, Clémence Grave & coll., Santé publique France
L’infarctus du myocarde (IDM) est une cause importante de morbidité et de mortalité en France. L’identification précoce des symptômes d’un IDM et l’appel au Service d’aide médicale urgente (Samu) sont des éléments indispensables pour une prise en charge optimale et pour limiter la morbidité de cette pathologie. L’objectif de cette étude était d’évaluer la connaissance de la population générale française des symptômes d’IDM et la conduite envisagée devant des symptômes de crise cardiaque ou d’accident vasculaire cérébral (AVC).
Cette étude est basée sur les données du Baromètre de Santé publique France 2019. Dans cet article, les analyses ont porté sur les 5 074 personnes, âgées de 18 à 85 ans, résidant en France métropolitaine, qui ont répondu aux questions sur les maladies cardiovasculaires. Les données ont été redressées et les analyses pondérées pour être représentatives de la population française. Les connaissances des symptômes de l’IDM et le comportement envisagé face à « une crise cardiaque ou un AVC » ont été évalués. Les déterminants de la méconnaissance de la « douleur dans le thorax qui irradie vers le bras gauche jusqu’à la mâchoire » comme symptôme d’IDM et du non-appel au Samu ont été analysés.
En 2019, 46% de la population craignait l’IDM. Les connaissances sur les symptômes d’IDM étaient variables : 94% de la population identifiait la douleur dans le thorax qui irradie vers le bras gauche jusqu’à la mâchoire comme un symptôme d’IDM ; 80% pour l’essoufflement à l’effort, 70% pour les palpitations, 68% pour la grande fatigue persistante, 49% pour la douleur persistante dans le dos ou l’épaule et 38% pour les nausées, douleurs et troubles digestifs. De plus, 36% de la population déclarait que la symptomatologie de l’IDM pouvait différer entre les hommes et les femmes. Face à des symptômes de crise cardiaque ou d’AVC,
58% de la population déclarait qu’elle appellerait le Samu, 32% les pompiers, 9% irait par elle-même aux urgences et 2% appellerait son médecin traitant. La connaissance de la douleur dans le thorax qui irradie vers le bras gauche jusqu’à la mâchoire et de l’appel au 15 était moins fréquente chez les hommes, les personnes de moins de 45 ans, celles ayant un niveau d’étude inférieur au baccalauréat, celles n’ayant pas suivi de formation aux gestes de premiers secours et celles ne se sentant pas à risque de maladies cardiovasculaires.
Cette étude est en faveur de la poursuite des initiatives de santé publique et d’information sur les IDM ainsi que sur la conduite à tenir en urgence. Les différences mises en évidence suggèrent que les symptômes moins spécifiques de l’infarctus sont moins bien connus et que certains groupes de population, notamment les hommes jeunes, les personnes ayant un niveau de diplôme inférieur au baccalauréat, qui se sentent moins à risque de maladies cardiovasculaires, sont moins bien informés sur l’infarctus et la conduite à tenir devant une crise cardiaque ou un AVC.
- Disparités départementales d’années potentielles de vie perdues prématurément par maladies cardiovasculaires en France (2013-2015), Félicia Santos & coll., Santé publique France
Les maladies cardiovasculaires (MCV) constituent la deuxième cause de mortalité en France et la troisième cause de mortalité prématurée. L’objectif de notre étude était de décrire les disparités départementales de mortalité prématurée pour l’ensemble des MCV, et plus spécifiquement pour l’accident vasculaire cérébral (AVC) et l’infarctus du myocarde (IDM), en France en prenant en compte l’âge au décès.
Les données de mortalité ont été extraites de la base nationale des causes médicales de décès (CépiDc-Inserm). Différents indicateurs standardisés sur l’âge ont été estimés au niveau national en 2015 : mortalité totale, mortalité prématurée (décès survenant avant 65 ans) et années potentielles de vie perdues prématurément (APVPp). Les APVPp ont ensuite été déclinées au niveau départemental pour les décès survenus entre 2013 et 2015.
En 2013-2015, en France, la mortalité prématurée par MCV représentait 8,9% de la mortalité globale par MCV. Le nombre moyen d’APVPp par MCV était de 10,4 ans par personne. D’importantes disparités départementales étaient observées sur le territoire. Globalement, le croissant Nord/Nord-Est de la France métropolitaine ainsi que les DROM présentaient un nombre d’APVPp plus important que le niveau moyen national. En revanche, plusieurs départements d’Île-de-France et de la région Auvergne-Rhône-Alpes avaient des taux APVPp plus bas que la moyenne nationale.
D’importantes disparités territoriales de mortalité prématurée par MCV persistent sur le territoire français et concordent avec la distribution des facteurs de risque cardiovasculaires modifiables. La prise en compte de l’âge au décès permet une meilleure estimation au niveau départemental du fardeau cardiovasculaire lié à la mortalité. La poursuite d’actions de dépistage et de prévention de ces facteurs de risque semble prioritaire dans les départements présentant un excès d’APVPp et pourrait permettre de diminuer la part évitable liée à ces pathologies.
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