La campagne annuelle de vaccination antigrippale, qui débutera le 13 octobre prochain, doit être menée et comprise dans un contexte de crise sanitaire inédite, pour éviter que ne se surajoutent à un rebond de la Covid-19 les infections hivernales habituelles, notamment chez les personnes les plus fragiles.
A l’instar des autorités sanitaires, de tous les professionnels de santé, des centres de soins, des Académies et des associations de patients, L’Académie nationale de Pharmacie attend des autorités qu’elles prennent rapidement des décisions justifiées, raisonnées et raisonnables, mais fermes.
- La circulation conjointe des virus grippaux et du SARS-CoV-2, conduisant à des symptomatologies très ressemblantes, nécessitera un double diagnostic pour ne pas retarder la prise en charge de chacune de ces infections. Mais, seule la vaccination peut atténuer l’épidémie de grippe saisonnière, alors qu’en 2018-2019, 10 700 hospitalisations ont été recensées avec plus de 1 890 cas graves admis en réanimation. À noter que pendant la même période, moins d’une personne à risque sur deux avait été vaccinée et que 83 % des cas graves présentaient au moins un facteur de risque (Santé Publique France).
- Chaque année, chez l’adulte, les infections invasives à pneumocoques (pneumopathies et méningites) entrainent 5 000 à 7 000 hospitalisations d’une durée moyenne de 14 jours, avec un taux de mortalité estimé entre 10 % et 30 %.
- La gastro-entérite à rotavirus est une maladie bénigne, mais elle est responsable chaque année de 14 000 hospitalisations chez les nourrissons et les enfants de moins de cinq ans et, au stade aigu, elle a représenté 2 % des passages aux urgences pendant l’hiver 2018-2019 (Santé Publique France).
Il faut éviter à tout prix que les épidémies virales respiratoires hivernales, ainsi que les gastro-entérites à rotavirus, encombrent, voire saturent, en même temps les hôpitaux, les services d’urgence, les laboratoires de biologie en ville et l’ensemble du système de soins primaires.
Dans ce contexte, l’Académie nationale de Pharmacie :
- incite à se faire vacciner contre la grippe pour enrayer une épidémie dont la gravité ne doit pas être sous estimée, par rapport à celle de la Covid-19 ;
- réitère l’absolue nécessité de la vaccination antigrippale pour tous les personnels de santé et les aidants afin de protéger les plus fragiles dont ils ont la charge (adultes vulnérables du fait de leur âge, de leur état de santé ou de leur profession, de même que les enfants de six mois à deux ans ainsi que leur entourage présentant des facteurs de risque de grippe grave) ;
- recommande fortement la vaccination anti-pneumocoque aux personnes immunodéprimées et aux patients porteurs d’une maladie sous-jacente prédisposant à la survenue d’infection invasive à pneumocoque, selon les modalités décrites dans le Calendrier des vaccinations et recommandations vaccinales 2020 (BEH mars 2020) ;
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encourage la vaccination contre le rotavirus des nourrissons de six mois à deux ans, en insistant sur le rôle des professionnels de santé (médecins, pharmaciens, biologistes médicaux, infirmiers, kinésithérapeutes) pour conseiller les parents et les inciter à faire vacciner leurs enfants. En l’absence d’un vaccin contre le coronavirus SARS-CoV-2, la vaccination contre les autres infections est notre seule parade pour ne pas fragiliser notre système de santé en protégeant les plus fragiles.
C’est pourquoi, l’Académie nationale de Pharmacie :
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demande que le vaccin contre la grippe soit délivré d’abord aux personnes prioritaires ;
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met en garde contre l’entretien, notamment médiatique, d’une psychose qui pourrait, via une demande trop importante, entrainer des ruptures, au risque de ne pas pouvoir vacciner en priorité les 12 millions de personnes les plus fragiles,
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souligne la nécessité de la prise en charge totale de la vaccination contre le rotavirus, au moins pour les catégories les plus fragiles, voire les plus défavorisées.