« C’est la Sécurité sociale qui a permis de traverser la crise sanitaire. Malgré son titre, « La sécuritésociale au cœur de la République », le colloque organisé le 8 octobre par le gouvernement pour les 75 ans de la Sécurité sociale évoque pourtant, plutôt une oraison funèbre qu’un anniversaire. Si elle est célébrée dans les paroles, la Sécurité sociale es , en même temps, affaiblie dans les actes. Des décennies de politiques néo-libérales rétrécissent le projet du Conseil national de la Résistance. C’est cette politique qui est en ce moment poursuivie, accentuée. 75 ans après l’ordonnance fondatrice de la Sécurité sociale du 4 octobre 1945, les Mutuelles de France dénoncent l’hypocrisiedu gouvernement et appellent à ce que les promesses faites par le président de la République au plus fort de la crise soient tenues pour bâtir les « jours heureux ».
Main basse sur la Sécurité sociale, suites…
Le gouvernement CASTEX continue l’œuvre, engagée depuis déjà plusieurs décennies, d’affaiblissementméthodique et néanmoins silencieux de la Sécurité sociale. Derniers exemples en date :
- Depuis 2019 et pour la première fois dans l’histoire, l’État s’est octroyé le droit de ne plus compenser les exonérations de cotisations décidées sur le budget de l’État : cela a d’ores et déjà réduit et va réduire dans les années à venir, les moyens disponibles de la Sécurité sociale.
- Pendant la première vague de la crise sanitaire, des mesures d’urgences ont été financées sur le budget de la Sécurité sociale par décision de l’État. Ainsi, sans contester la nécessité d’assurer par exemple les gardes d’enfants suite à la fermeture administrative d’école, la prise en charge par l’Assurance maladie est en revanche discutable.
- En mai 2020, en catimini alors que le pays est encore sous le choc du confinement, le gouvernement décide de prolonger la durée de vie de la CADES1 de 9 ans, son échéant étant reportée de 2024 à 2033. Le financement reposant sur la CRDS2 et al CSG3, ce sont les ménages qui, pour l’essentiel, vont payer tout azimut : la dette accumulée des hôpitaux, produit d’années de restrictions budgétaires ; le déficit de la Sécurité sociale en lien avec la crise, évalué très approximativement, etc.
Ces décisions conduisent à un affaiblissement de la Sécurité sociale en contradiction flagrante avec les besoins de la population comme nous le rappelle la pandémie de Covid.
La quasi-généralisation des « exonérations de cotisations patronales », sous couvert de « réduction du coût du travail pour développer l’emploi », participent d’une désocialisation des risques sociaux déflagratrice pour le sentiment d’appartenance collective et dévastatrice économiquement pour celles et ceux qui sont privés ou voient se réduire leurs droits quand arrivent les coups durs.
Mettre en Sécurité sociale, un conquis social toujours d’actualité
Chacun sait pourtant, qu’en matière de santé publique, la réponse solidaire de tous pour assurer une protection de chacun est la seule voie possible. La santé publique ne peut laisser au bord du chemin une partie de sa population.
Les prises en charge financières inconditionnelles, décidées au plus fort de la crise, des quarantaines, des consultations, des tests, soulignent -en creux- que l’obstacle financier est bel et bien majeur pour se faire soigner en France. Une Sécurité sociale de haut niveau est, pour les mutuelles de France une ambition toujours d’actualité.
De chacun selon ses moyens à chacun selon ses besoins
Alors que le pays n’a jamais été aussi riche qu’aujourd’hui, la protection sociale ne doit pas être une variable d’ajustement des politiques fiscales des gouvernements. Elle doit œuvrer pour une vie digne, à tous les âges de la vie. Cette ambition doit se décliner particulièrement pour accompagner les jeunes, durement touchés par la crise économique sociale, vers l’autonomie. C’est aussi l’exigence, pour nos aînés dont le nombre va croissant, d’une prise en charge publique de qualité face à la dépendance.
Dans l’immédiat, alors qu’une réforme des retraites est à nouveau annoncée par le gouvernement en brandissant l’égalité en étendard, les mutuelles de France revendiquent que cette réforme n’engendre pas dans les faits, des pertes de droits, ni immédiatement, ni à terme.
Attiser les oppositions entre les générations comme entre les populations, n’est ni acceptable ni responsable. C’est une trahison de l’esprit et de la lettre de la Sécurité sociale. Comme elles le font depuis leur création, les Mutuelles de France continueront à se positionner en soutien d’une Sécurité sociale puissante sur son financement et son périmètre et en complémentarité pour protéger toute la population.
1 Caisse d’Amortissement de la Dette Sociale
2 Contribution au Remboursement de la Dette Sociale
3 Contribution Sociale Généralisée
À propos des Mutuelles de France
La Fédération des mutuelles de France, présidée par Jean-Paul Benoit, regroupe plus de 60 groupements mutualistes, dont 40 mutuelles complémentaires-santé et 20 unions ou mutuelles gérant plus de 280 établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux.
L’ensemble des mutuelles et unions de la FMF protègent 2 millions de personnes.
Née en 1986 et héritière de la Fédération nationale des mutuelles de travailleurs, la FMF est membre de la Fédération nationale de la Mutualité française depuis l’unification du mouvement mutualiste en 2002.
Contact presse : Denis QUINQUETON – denis.quinqueton@mutuelles-de-france.fr