L’hôpital public n’est plus capable de contenir la deuxième vague COVID. Le Président de la République a donc été contraint de décider un reconfinement de la population, au péril de la survie économique de nombre de nos concitoyens.
Le ministre de la Santé a affirmé il y a quelques jours dans la presse que l’hôpital allait bien mieux qu’au printemps. C’est faux, il va beaucoup plus mal !
Aucune leçon n’a été retenue de la première vague du Covid. Le Ségur est un échec pour l’attractivité des professionnels de santé à l’hôpital : au lieu de fidéliser les personnels, les mesures Ségur ont entraîné démotivation et départs en masse de l’hôpital. Les plans blancs, prévus pour faire face à un événement aigu de durée très limitée, ont servi en urgence au printemps pour maintenir les professionnels à disposition des établissements. Ils sont ressortis courant octobre, pour une situation sanitaire dont on sait pourtant maintenant qu’elle va être chronique. Au-delà d’un manque physique de lits, c’est face à un manque cruel de ressources humaines que l’hôpital public a à faire face pour prendre en charge l’ensemble de nos concitoyens.
L’utilisation des plans blancs perpétuels est-elle une nouvelle technique pour ne pas avouer que l’hôpital est en tension permanente et pallier la pénurie organisée ?
Le Ministère des Solidarités et de la Santé vient de diffuser, sans concertation préalable avec les organisations syndicales médicales, les solutions pour y remédier dans un vademecum « Modalités de mobilisation des personnels dans la lutte contre la propagation du virus Covid-19 ». Ces solutions, c’est contraindre les professionnels encore présents à ne pas prendre de repos, à rompre l’équilibre déjà habituellement si fragile entre vie professionnelle et vie privée, contre de l’argent remis ponctuellement. C’est déprogrammer des interventions pour libérer des locaux et des personnels compétents, alors qu’on en connaît les conséquences défavorables en termes de santé publique.
C’est utiliser des professionnels au-dessus de leurs compétences avec des formations accélérées… C’est envisager ensuite des cellules de soutien psychologique pour ces soignants ! Les praticiens hospitaliers fidèles à l’hôpital public viennent d’essuyer un énième mépris en voyant leur ancienneté moins bien prise en compte que les nouveaux praticiens qui seront nommés en 2020. Ils viennent de s’entendre dire qu’ils sont mal organisés, alors qu’ils subissent une désorganisation… organisée depuis des années par les gouvernements qui se sont succédé depuis plus de 20 ans.
C’est d’une vision d’avenir dont ont besoin les praticiens, pas de nouvelles contraintes ! La première vague avait nécessité une nette augmentation du temps de travail notamment en augmentant les effectifs pendant la permanence des soins – permanence des soins qui a pourtant été la grande oubliée du Ségur. Il en sera de même pour la seconde vague.
Le SNPHARE demande que l’effort que vont à nouveau réaliser les praticiens hospitaliers soit pris en compte à sa juste valeur;
- par une écoute attentive des revendications pourtant anciennes sur le temps de travail, son décompte, sa pénibilité;
- par une valorisation du temps de permanence de soins et du temps de travail additionnel : augmentation sensible de l’indemnité de sujétion dont le montant stagne depuis 20 ans, défiscalisation de ce temps de travail supplémentaire, déplafonnement exceptionnel du CET, prise en compte de la pénibilité dès la première garde pour la retraite.
L’attractivité hospitalière est le principal maillon faible de l’hôpital public et met en péril la situation sanitaire COVID et non-COVID pour des mois, voire des années. Il est urgent de rendre l’hôpital attractif pour tous les professionnels qui y travaillent.
Contact presse : anwernet@snphar@gmail.com