« La réalité de l’épidémie et son deuxième confinement éveille les inquiétudes des citoyens. La perspective d’une répétition de type « stop and go » met en alerte les associations de patients et usagers de la santé, les professionnels de la santé et, par ailleurs, tous ceux qui œuvrent pour sauver les emplois.
Tous les Français savent aujourd’hui ce que seraient les conséquences d’une 3ème, voir 4ème flambée, faute d’un contrôle efficace de la circulation du virus et donc de l’épidémie. Ils redoutent les conséquences sur la santé, sur la vie au travail, la scolarisation ou sur le chômage ; enfin les ravages et l’impact du confinement nous touchent tous avec un impact sur le long terme aussi bien sur les plans sanitaires que sociaux et économiques. Les associations œuvrant dans la précarité tirent déjà la sonnette d’alarme. Trop de personnes ont déjà tout perdu, et l’aggravation de la pauvreté des familles désespérées entraine la dégradation de leur état psychologique et l’émergence de pathologies multiples.
Le taux d’immunisation de la population française, relativement faible, ne devrait pas dépasser 15 à 20% dans les territoires les plus touchés. Nous devons nous préparer à une gestion dans le « temps long » de l’épidémie et essayer de tout faire pour la mettre sous contrôle afin d’éviter d’avoir à décider de nouveaux confinements, certes efficaces pour ralentir la circulation du virus, mais aussi préjudiciables pour la prise en charge des autres maladies et destructeurs d’emplois.
Une meilleure connaissance des effets de la pandémie et des expériences des pays qui réussissent mieux à contrôler l’épidémie et par là même, sauver leur vie sociale, nous amène à interpeller, le Conseil de Défense, lieu de la gouvernance française pendant la crise sanitaire.
Des masques oui, des gestes barrières oui, de la distanciation sociale oui, l’application Tousanticovid oui, mais plus développée. En revanche l’isolement tel que nous le pratiquons ne donne pas des résultats à la hauteur de la protection attendue.
Devant cet horizon potentiellement sombre, nous devons tout faire pour éviter les « stop and go » et un troisième confinement en 2021.
La publication des premiers résultats (novembre 2020) des vaccins anti-COVID-19 devraient représenter une solution de « sortie de crise », dès lors que leur efficacité, leur sécurité et leur disponibilité seront garanties. Cependant, même avec des vaccins disponibles dès janvier 2021, l’obtention d’une immunité collective ne semble pas pouvoir être atteinte avant la fin de l’année 2021, voire avant 2022.
Ce qui peut changer pour améliorer notre avenir ?
L’arrivée des tests de dépistage antigéniques est une véritable opportunité, mais ne peuvent à eux seuls réduire l’épidémie. Seule une distanciation sans faille assure la non-dissémination du virus aux proches et dans l’espace social. En revanche, ces tests nous fournissent aujourd’hui les moyens de nous engager sur la voie d’une politique proactive organisée, nécessaire à la réduction de l’épidémie et donc susceptible de redonner une vie presque normale aux Français, en attendant l’immunité nécessaire.
C’est pourquoi, nous, France Assos Santé, représentants les usagers de la santé, unis aux acteurs engagés dans la défense du système de santé ou de la vie au travail, avec le soutien de médecins, de scientifiques et économistes, nous faisons appel aux membres du Conseil de défense pour éviter autant que faire se peut la menace du « stop and go ».
Il s’agit de miser sur une stratégie plus ferme du dispositif « tester-tracer-isoler » redéfinie et assortie d’un dispositif d’accompagnement et d’appui de toutes les personnes, cas index et cas contacts, qui devront être protégées pour respecter un temps de restriction complète de leurs déplacements et de leurs contacts, et donc s’isoler pendant un minimum de 7 jours, et espérer un dispositif à la hauteur des enjeux.
Nous proposons 4 mesures :
- Le développement de tests de dépistage antigéniques à grande échelle éventuellement suivis de confirmation par test RT-PCR.
- La mise en place d’une restriction complète de déplacement et de visite, des cas index et des cas contacts, sous contrôle et réduite au temps de la contagiosité (de 7 à 15 jours maximum selon les cas), avec isolement en conditions adaptées.
- L’accompagnement et le soutien des sujets testés positifs, avec ou sans symptômes COVID-19, ainsi que des cas contacts si nécessaire, en offrant un espace protégé mis à leur disposition selon les besoins et tenant compte de leurs conditions de vie.
Cet accompagnement s’entend en termes de maintien des ressources matérielles (salaires ou rémunérations), obligation de fournir un lieu de résidence confortable, un lien permanent avec un accompagnateur chargé de veiller à l’accès aux soins, à l’approvisionnement, au confort et au maintien des liens avec la famille etc… tout pour réaliser une réelle protection individuelle et collective.
Ce dispositif doit trouver sa place et être articulé en tant que de besoin avec les équipes renforcées de traçage contactcovid de l’Assurance maladie.
Il peut s’appuyer sur un réseau de volontaires tel que celui développé dans le cadre de COVISAN.
- L’application Tousanticovid, déployée plus volontairement au nom de la santé publique, pourrait également contribuer à retrouver une meilleure liberté sociale.
Ces mesures devraient être maintenues sur la durée jusqu’à obtention d’un degré d’immunité collective suffisant ou disparition de l’épidémie.
Bien entendu, l’encouragement du télétravail, la protection des personnes vulnérables, l’aménagement du temps scolaire, la réduction de la fréquentation des transports, etc… sont à poursuivre ; ces mesures peuvent évoluer en fonction de la vitesse de circulation du virus et donc du degré de contrôle de l’épidémie grâce aux mesures de restriction complète de déplacement des cas testés positifs et des cas contacts identifiés.
La réussite d’un dispositif « tester-tracer-isoler-protéger » et le respect des gestes barrières ne seront possibles qu’avec des citoyens éclairés, pleinement impliqués et acteurs de la lutte contre la pandémie. La compréhension, la lisibilité et l’appropriation des mesures actuelles restent particulièrement faibles.
Un important effort d’information et de pédagogie est indispensable.
Les milieux associatifs, représentant les patients et les usagers de la santé, sont prêts à conjuguer leurs efforts avec les professionnels, les médecins, les scientifiques et les économistes et appellent à une mobilisation de tous.
Mieux vaut une restriction stricte individuelle des déplacements et des contacts, assortie d’une bonne protection de quelques jours, dans un cadre sécurisé, adapté et accepté, qu’un nouveau confinement généralisé et long de toute une population face à des risques collectifs élevés.
Avec le soutien de :
- Axel Kahn, Président de la Ligue contre le cancer, Professeur de médecine et chercheur, généticien ;
- William Dab, Professeur titulaire de la chaire d’Hygiène et Sécurité du Cnam, Professeur de Santé Publique, et ancien directeur de la DGS ;
- Vincent Maréchal, Professeur de virologie à Sorbonne-Université, chercheur au Centre de Recherche Saint-Antoine Paris ;
- Mady Denantes, Médecin généraliste en centre de santé à Paris, chargée d’enseignement sur l’accès aux soins et maître de stage universitaire. »
Contact : Sophie BANCET – communication@france-assos-sante.org