Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé a échangé mardi 8 décembre durant une heure en direct avec Lamine Gharbi, président de la Fédération de l’Hospitalisation Privée (FHP).
Cet échange inédit, très attendu par la profession et tous les acteurs de santé, a été largement suivi sur les réseaux sociaux, notamment par les professionnels des hôpitaux et cliniques privés.
En préambule, Lamine Gharbi a tenu à adresser au ministre, au nom de la FHP, ses remerciements pour son soutien concret durant la crise sanitaire. Il a aussi rappelé la mobilisation totale du secteur privé tout au long de cette pandémie.
Pour sa part, Olivier Véran a salué cette mobilisation ainsi que la collaboration entre le secteur public et privé :
« Cette coopération est formidable à voir car elle montre que nous avons un système hospitalier qui fonctionne et qui est extrêmement solide, même dans les conditions drastiques que nous avons connues. Vous êtes plus forts quand vous travaillez ensemble. »
À ce sujet, le ministre a confirmé le lancement imminent de la mission confiée à trois directeurs d’établissements des secteurs public, privé à but lucratif et privé non lucratif, sur la préservation d’une collaboration pertinente entre les acteurs. « On vous aide pour continuer dans la durée à pousser les feux d’une coopération intelligente » a résumé Olivier Véran.
Après avoir salué l’équité de traitement entre le secteur public et privé lors des dernières décisions gouvernementales, Lamine Gharbi a interrogé le ministre sur la pérennité de cette équité au-delà de la crise sanitaire :
« Comment traiter différemment des acteurs à qui on demande le même engagement ? »a répondu le ministre de la santé.
« Ma vision est pragmatique. Les missions sont les mêmes, le traitement doit être identique. Il était naturel de compenser les surcoûts et les pertes et de revaloriser les salariés du secteur privé. Cette équité me paraissait indispensable. C’est cette dynamique-là qui m’anime. » a insisté Olivier Véran.
Interrogé par Lamine Gharbi au sujet du mécanisme de garantie de financement pour le secteur privé, afin de savoir s’il serait poursuivi en 2021, Olivier Véran a répondu :
« Nous prolongerons sur le premier trimestre 2021 les mesures de garantie de financement. J’espère que nous n’aurons pas besoin d’aller au-delà évidemment car ce ne serait pas bon signe si nous avions besoin de compenser des pertes de recette liées à des déprogrammations après le printemps. Nous prolongerons même ce dispositif sur le premier semestre 2021 si nécessaire. »
Toujours à propos de financement, le ministre a tenu à rassurer quand Lamine Gharbi, après avoir précisé que les dotations devaient être intégrées dans les tarifs, a demandé comment cela allait se faire dans le cadre de la campagne tarifaire :
« Un engagement a été pris : c’est que l’argent du Ségur relèverait du Ségur » a affirmé Olivier Véran.
« Nous ne demanderons pas d’effort. C’est de l’argent supplémentaire. Le PLFSS, voté il y a quelques jours, montre bien que nous avons maintenu l’objectif de 2,4% d’augmentation de l’ONDAM tout en neutralisant la totalité des dépenses liées au covid, comme nous nous y étions engagés. Nous ne sommes pas dans une logique d’économie, nous ne vous demanderons pas de restituer l’année prochaine ce qu’on vous a donné cette année. »
Dans le cadre de ce Ségur de la santé, le président de la FHP a regretté l’oubli des pharmaciens de pharmacies à usage intérieur (PUI) qui n’ont pas été revalorisés : « Il est important qu’ils soient inclus » a dit Lamine Gharbi « car ils ont rendu de grands services comme l’ensemble des professionnels de santé. Ils doivent aussi avoir la reconnaissance de leur métier et de leur engagement qui a été central. »
« Je promets de regarder la situation ! » a répondu le ministre.
À propos du reversement aux établissements de la sous-exécution des crédits hospitaliers, de 120 millions d’euros, dont le secteur public a déjà partiellement bénéficié, le ministre a indiqué qu’il était prévu un premier versement lors du premier trimestre 2021« qui sera complété pour le reliquat par une quatrième circulaire en fonction des dynamiques constatées. »
Concernant le financement à la qualité, Lamine Gharbi a d’abord rappelé qu’il y était très attaché et qu’il fallait poursuivre la rétribution, pour partie, sur des mérites liés à la qualité avec des indicateurs allégés et automatisés.
Interrogé sur sa position, le ministre a indiqué qu’elle n’avait pas changé :
« Il y a des choses auxquelles je crois fondamentalement et le financement à la qualité en fait partie. Je ne change pas la dynamique. Nous allons regarder dans le prochain budget de la sécurité sociale quelle sera la hauteur de l’IFAQ. Je souhaite aussi qu’on aille vers des indicateurs très fiables et automatisés qui ne prennent pas leur temps et leur énergie aux équipes, par exemple en s’appuyant sur les bases du système national des données de santé. C’est un chantier important qui est en cours et qui va aboutir bientôt. Avec ces nouveaux indicateurs, nous pourrons monter en puissance et réorienter le financement à la qualité. »
Après avoir souligné que la formation devait être une priorité, Lamine Gharbi a demandé à Olivier Véran quelles étaient ses solutions pour recruter et former plus de soignants :
« La crise n’a pas écœuré les vocations mais les a plutôt stimulées. Tant mieux parce que nous manquons de soignants » a répondu Olivier Véran qui a poursuivi : « C’est pourquoi nous avons fait un effort sans précédent. Nous avons augmenté de 10 % les capacités de formations dans les instituts de formation en soins infirmiers, soit 1200 places dès cette rentrée 2020, et nous doublons les capacités en instituts de formation des aides-soignants d’ici 2025. Nous allons donc former massivement, nous avons restauré l’attractivité, nous avons redonné du sens à nos métiers, je crois que c’est une réponse qui sera efficace. »
En conclusion, Lamine Gharbi a proposé que l’ensemble des établissements de santé privés participent à la stratégie vaccinale lorsque le ministre le jugera nécessaire.
« Nous serons là, présents dans votre schéma d’organisation. Tous nos établissements seront à vos côtés ! » a affirmé le président de la FHP.
« Merci pour cette offre de service ! » a répondu Olivier Véran.
« Nous avons besoin de toutes les bonnes volontés. C’est un défi logistique absolument immense. Nous avons un schéma national d’organisation puis une territorialité dans l’application pour faire en sorte que le bon vaccin arrive au bon moment vers le bon patient. Nous avons besoin d’être parfaitement structurés et organisés surtout avec les délais qui sont les nôtres, mais nous allons y arriver. »
Au terme de l’entretien, pour répondre à lamine Gharbi qui avait rappelé que « le service au public est l’essence même de la profession. » Olivier Véran a salué cet engagement et a indiqué : « Que vous soyez fiers du rôle que vous tenez est pour moi la plus belle des récompenses ! »
Retrouver l’intégralité de cet entretien sur la chaîne Youtube de la FHP