Déprogrammation des soins ou renoncement, prise en charge dégradée des personnes âgées à l’hôpital, isolement des résidents en EHPAD… De nombreuses associations de patients et d’usagers de santé ont recueilli des témoignages inquiétants depuis mars 2020. France Assos Santé a voulu mesurer ce qui s’est passé en matière d’organisation des soins pendant les deux vagues de COVID-19.
Elle livre aujourd’hui les résultats accablants d’un sondage réalisé par l’Institut Viavoice fin novembre 2020.1
La triple peine : annulation de soins, absence de perspectives et aggravation de l’état de santé.
Près de la moitié des Français (47%) ont eu des soins annulés et/ou reportés depuis le début de la crise sanitaire Covid-19. Ces annulations /reports ont pour origine les organisations soignantes (36%) ou les patients eux- même (25%). Mais des statistiques encore plus préoccupantes sont constatées quand la déprogrammation est d’origine soignante :
- Pour plus de la moitié d’entre eux (56 %), aucune solution alternative n’a été proposée
- Un tiers des personnes ayant été déprogrammées n’a pas reçu d’information concernant la reprogrammation d’un rendez-vous (35 %)
- 64 % des personnes n’ont pas reçu des informations concernant l’impact de la déprogrammation sur leur santé
On peut aisément parler ici de triple peine : celle de l’annulation en elle-même, celle de l’absence d’informations et de perspectives concernant sa maladie / son évolution. Et, pire, celle des conséquences directes pour les patients déprogrammés : 24 % d’entre eux déclarent une aggravation des symptômes et une dégradation de l’état de santé, 23% déplorent que des examens importants n’ont pas été réalisés et 11 % ont un sentiment de déprime et d’anxiété accru.
Conséquence, parmi ceux qui ont subi une déprogrammation ou qui ont renoncé aux soins, 29% voient leur confiance dans le système de santé se dégrader.
Désarroi des proches et des aidants des résidents d’EHPAD en période de crise sanitaire Si nous saluons l’indéfectible investissement des équipes de soins et d’accompagnement des résidents, nous constatons les failles de notre système de santé, et plus particulièrement de la prise en charge de nos ainés. Nous concentrerons notre propos ici sur le désarroi des proches / aidants des résidents d’EHPAD. Deux chiffres parlent d’eux-mêmes : 92% des proches aidants/résidants déclarent que leur proche a souffert de l’isolement lors du premier confinement et 59% pensent que leur proche n’a pas été prise en charge de la même manière que les autres malades du Covid-19, également lors du premier confinement. S’ajoute à cela une forme d’âgisme, bien connu des acteurs du médico-social, qui s’exprime par les constats suivants :
- 57% des proches aidants de résidents ayant eu des symptômes/une pathologie nécessitant des soins extérieurs à l’EHPAD déclarent que l’âge a nui à la qualité de la prise en charge de leur proche
- 47% des proches aidants de résidents ayant eu des symptômes/une pathologie nécessitant des soins extérieurs à l’EHPAD déclarent avoir sentiment que leur proche n’a pas été prioritaire lors de l’admission et pendant les soins.
En juin 2000 l’OMS clamait : « l’analyse [des systèmes de santé dans le monde] conclut que la France fournit les meilleurs soins de santé généraux ». La crise COVID-19 met en lumière les failles que notre système sanitaire a accumulé depuis deux décennies.
Fort de ces constats documentés et chiffrés, France Assos Santé demande la remise à plat de l’organisation sanitaire en post-crise : organisation des déprogrammations et des reports, d’actes de soins, accompagnement vers la reprise des soins, prise en compte des retards de soins.
France Assos Santé réclame également un accompagnement digne de nos ainés en EHPAD, notamment une amélioration urgente du niveau de prise en charge médicalisée (par exemple oxygénothérapie, développement de la télémedecine).
Télécharger le rapport complet ici
Contact presse : Sophie BANCET – communication@france-assos-sante.org
1 Sondage Viavoice pour France Assos Santé, réalisé en ligne entre le 23 et le 30 novembre 2020 auprès d’un échantillon de 2 000 personnes, représentatif de la population française de 18 ans et plus.