1972: L’école d’infirmiers Esquirol ouvre ses portes aux HCL. Elle accueille la première promotion d’élèves infirmières (130 personnes) et intègre très rapidement la section des aides- soignantes.
2012 : Devenu Institut de Formation aux Carrières de Santé, l’établissement a accompagné 5 500 élèves jusqu’au diplôme d’infirmier en 40 ans. Il forme désormais 525 étudiants en soins infirmiers chaque année (175 par promotion pour chacune des 3 années d’études). Entre 40 et 60% sont recrutés dans les établissements des HCL.
► Entretien avec Christine Magne,
Directrice de l’Institut de Formation en Soins Infirmiers (Esquirol)
C’est quoi être infirmier aujourd’hui ?
C’est prendre en charge des patients, avec des pathologies différentes, au cours de toutes les étapes de la vie. Il y a une approche relationnelle et une approche technique. C’est également coordonner les actions de soin, et collaborer avec les autres professionnels : il faut prendre en compte la pluralité des acteurs de la prise en charge.
Qu’est-ce qui a changé dans la profession en 40 ans ?
Les infirmier(e)s se professionnalisent de plus en plus, ils doivent être capables d’analyser, d’interroger leur pratique. Le contexte s’est complexifié avec des durées moyennes de séjour beaucoup plus courtes pour les patients, nécessitant une prise en charge de plus en plus rapide.
Un nouveau versant est apparu dans la fonction : il y a beaucoup plus de gestion, de logistique, d’administratif. Les infirmier(e)s ont dû développer des champs de compétences nouveaux. Ils sont impliqués dans la traçabilité, les procédures, les protocoles. C’est nécessaire pour la qualité et la gestion des risques, mais peut parfois réduire le temps de présence auprès du patient.
A l’Institut, nous formons des étudiants à cette complexité des activités tout en privilégiant l’aspect relationnel des soins : concilier l’efficacité et la rapidité de la prise en charge avec les valeurs professionnelles, le prendre soin.
Qu’est-ce qui, au contraire, n’a pas changé ?
Les attentes des patients. Ils attendent des soignants qu’ils soient compétents dans les soins, mais aussi qu’ils soient en proximité, bienveillants, rassurants, à l’écoute. Leurs attentes restent les mêmes, même si leur niveau d’exigence s’est intensifié.
Comment la formation à l’Institut a-t-elle évolué ? Quelles sont les nouvelles matières enseignées ?
L’aspect relationnel des soins s’est renforcé avec l’introduction de cours universitaires en sciences humaines. Les soins techniques se sont développés avec l’évolution des sciences médicales et la formation aux gestes d’urgence. L’initiation à la recherche s’est formalisée au travers des enseignements théoriques, du mémoire de fin d’études et de cours d’anglais facilitant la recherche et la publication.
Les méthodes pédagogiques ont également évolué. Nous sommes beaucoup moins dans la dispensation de savoirs de l’expert vers le novice, et beaucoup plus dans la réflexion en petits groupes. Les étudiants construisent leurs savoirs, ils réfléchissent autour de cas cliniques, ils analysent leurs pratiques… Les cours magistraux ne représentent plus que 30% environ de la formation ; le reste est consacré à des travaux dirigés en groupes et à du travail personnel guidé.
L’Institut est adossé aux Hospices Civils de Lyon, qu’est-ce que cela implique ?
Nous sommes un institut public et nous sommes attachés aux valeurs du service public. La scolarité est gratuite. Ensuite, les HCL ont une importante politique de «promotion professionnelle ». Dans chaque promotion, nous accueillons environ 20% d’aides-soignants et d’auxiliaires de puériculture en poste aux HCL, qui ont réussi leur examen d’entrée, et que nous amenons jusqu’au diplôme d’infirmier. Il s’agit d’un public moins jeune que celui des post-lycéens, qui possède par contre une expérience professionnelle à l’hôpital. Cela donne une mixité intéressante dans les promotions. Nous sommes très attachés à cette politique d’ascenseur social et de fidélisation de nos personnels.