L’épidémie ne faiblit pas, les indicateurs restent à un niveau élevé, la tendance des deux prochaines semaines sera déterminante.
Publié chaque semaine, le point épidémiologique relatif à la surveillance de la Covid-19 présente une analyse détaillée des différents indicateurs mis en place par Santé publique France et son réseau de partenaires pour suivre l’évolution de l’épidémie et orienter les décisions publiques.
En semaine 53 (du 28 décembre 2020 au 3 janvier 2021), début de la période d’observation de l’impact des fêtes de fin d’année, le virus circule davantage : le nombre de nouveaux cas a augmenté de 17% par rapport à la semaine 52 alors que le recours au dépistage diminuait de 39% avec 1 776 800 personnes testées. La tendance des deux prochaines semaines sera déterminante quant à un éventuel rebond de l’épidémie. Une vigilance particulière est portée sur l’émergence des nouveaux variants britannique et sud-africain, avec respectivement 19 cas rapportés pour l’un et 3 cas pour l’autre.
Un moment charnière dans l’observation d’un éventuel rebond épidémique
La semaine 53 marque le début de la période pendant laquelle pourrait commencer à être observée une augmentation éventuelle des indicateurs épidémiologiques en lien avec les fêtes de fin d’année.
Plusieurs indicateurs sont d’ores et déjà en augmentation, reflétant l’impact de ces fêtes et notamment Noël. Le nombre de cas confirmés a augmenté de 17% (96 536 cas vs 82 687 cas en S52). Avec 13 820 cas confirmés en moyenne chaque jour en France sur la semaine 53, le nombre de cas confirmés est à un niveau élevé. L’augmentation était observée dans toutes les classes d’âge.
Le recours au dépistage est en nette diminution, dans toutes les classes d’âge, par rapport aux semaines précédentes : le taux de dépistage était de 2 647/100 000 habitants (soit 1 776 800 personnes testées), en diminution de 39% entre les S52 et S53. Cette évolution contraste avec les semaines précédentes : +27% lors de la semaine du nouvel an, +76% lors de la semaine de Noël.
L’augmentation du nombre de cas confirmés dans un contexte de diminution du nombre de personnes testées est en faveur d’une réelle augmentation de l’incidence entre les semaines 52 et 53.
Le taux de positivité de 5,4% en hausse de 2,6 points par rapport à la semaine précédente pourrait conduire à une augmentation des cas dans les prochains jours, notamment chez les 60 ans et plus.
Les taux hebdomadaires d’hospitalisation et de nouvelles admissions en réanimation étaient stables (respectivement -3% et +2%). Le nombre de patients hospitalisés en France pour COVID-19 restait élevé, avec 24 904 cas de COVID-19 hospitalisés le 05 janvier 2021, dont 2 625 en réanimation.
Le nombre de nouveaux décès liés à la COVID-19, incluant les décès survenus à l’hôpital et en établissements médico-sociaux (décès survenus à domicile non inclus), était toujours élevé. En semaine 53, 2 035 décès ont été recensés mais les données des décès étant non consolidées, cette donnée ne peut pas encore être interprétée.
La surveillance des variants émergents du SARS-CoV2
Au 06 janvier 2021, 19 cas d’infections au variant VOC 202012/01 (identifié au Royaume-Uni) et trois cas d’infections au variant 501.V2 (identifié en Afrique du Sud) ont été confirmés en France métropolitaine.
La mise en place de la surveillance avec le CNR Virus des infections respiratoires de ces nouveaux variants se renforce. Il est probable que la diffusion de ces variants sur le territoire national soit actuellement sous-estimée, et la présence d’au moins 2 cas de variant UK sans lien direct avec le Royaume-Uni suggère un début de transmission communautaire. Plusieurs actions sont dès à présent initiées par Santé publique France et le CNR Virus des infections respiratoires pour mieux évaluer et suivre la diffusion sur le territoire national de ces variants émergents. En particulier, une enquête rapide mobilisant un réseau de virologues hospitaliers coordonné par l’ANRS Maladies infectieuses émergentes est programmée pour la fin de cette semaine. Cette étude permettra d’obtenir une première estimation du niveau de circulation du variant britannique sur le territoire français.
Une vigilance particulière est également apportée au suivi de l’épidémie chez les moins de 30 ans. Au Royaume-Uni, les premières données suggèrent que les nouveaux variants ont notamment contribué à une augmentation d’incidence dans cette population.
Les variants émergents détectés
Au Royaume-Uni, un nouveau variant du SARS-CoV-2 a été détecté et signalé à l’OMS le 14 décembre 2020. Ce variant a été nommé VOC 202012/01 pour Variant Of Concern, year 2020, month 12, variant 01. Des travaux préliminaires sont en faveur d’une transmissibilité de ce variant plus élevée que celle des virus SARS-COV-2 circulant actuellement en France, mais aucun élément ne témoigne à ce jour d’une sévérité plus forte de la COVID-19 chez les personnes infectées ou d’une possibilité d’échappement à la réponse immunitaire. En Afrique du Sud l’émergence d’un autre variant désigné 501.V2 était signalée le 18 décembre 2020, qui présente lui aussi plusieurs variations des gènes codant pour la protéine de spicule, y compris une modification également présente dans le variant britannique. Des travaux préliminaires suggèrent que la transmissibilité de ce variant serait aussi plus élevée, mais aucun élément ne témoigne à ce jour de formes plus sévères de l’infection. |
Poursuivre les gestes barrières avec le lancement de la campagne de vaccination
Alors que la campagne de vaccination a débuté le 27 décembre 2020, elle s’est intensifiée depuis le 04 janvier 2021. Visant dans un premier temps essentiellement les résidents en EHPAD et certains professionnels de ces établissements, l’élargissement des cibles vaccinales est en cours. Le déploiement des vaccins dans l’ensemble des régions est également en cours afin d’augmenter la couverture vaccinale de la population-cible.
Dans le contexte d’un éventuel rebond épidémique lié aux fêtes de fin d’année, de celui de l’identification des variants émergents, le maintien des mesures de prévention individuelles et de réduction des contacts physiques est essentiel pour protéger les personnes vulnérables vis-à-vis de la COVID-19, en sus de la campagne de vaccination. Ces mesures, associées aux mesures collectives, sont actuellement les principaux moyens permettant de freiner la circulation du virus SARS-CoV-2 et d’en réduire l’impact sur le système de soins et la mortalité.