Aujourd’hui, quasiment tous les praticiens hospitaliers – c’est-à-dire, tous les médecins titulaires, qui se sont engagés à servir le plus longtemps l’hôpital public et les patients qui s’y rendent – sont en grève, ou auraient voulu pouvoir être en grève.
L’hôpital est-il vide de médecins en ce jour de grève ? Non. Certains sont de garde, certains récupèrent de 24 heures passées à l’hôpital. Quelques-uns sont en vacances, d’autres malades. Beaucoup sont assignés par leur direction pour assurer un service minimum qui ne se limite pas aux seules urgences. Beaucoup auraient voulu faire grève, mais y ont renoncé – ou ne feront grève qu’une heure – par devoir envers leurs patients, souvent déjà reportés plusieurs fois en raison de la crise sanitaire.
Il est difficile de faire grève pour des médecins.
Pourtant le mouvement est massif*. Toutes les spécialités. Toutes les classes d’âge. Au-delà des préavis, de nombreux syndicats appellent à la grève. Au-delà des syndicats, le collectif « Santé en Danger », mais aussi les conférences des « CME » (comités médicaux d’établissement), des professeurs des universités, des sociétés savantes… soutiennent la revendication des praticiens hospitaliers : obtenir le rétablissement d’une égalité de traitement des praticiens hospitaliers. Une mesure qui devait être un progrès pour les plus jeunes (accélération de carrière de 4 ans) exclut les PH déjà nommés. Une autre mesure du Ségur allonge la durée de carrière (accession au dernier échelon) au-delà de 67 ans. Une enveloppe du Ségur très inégalement partagée entre les PH, quand notre intersyndicale APH avait demandé « + 2 échelons pour tous » et la reconnaissance du temps de travail lors des gardes de nuit.
Pourtant, d’années en années, le taux de vacance de postes augmente dans la quasi-totalité des spécialités : 30 % en moyenne, et jusqu’à 40 % dans certaines spécialités. On passe d’un travail d’équipe avec un projet commun à un travail réalisé par des gens qui se croisent, qui remplacent, et sans investissement à long terme… ce schéma est évidemment délétère pour tous, soignants et soignés.
Le refus d’octroyer cette accélération de carrière aux PH investis, qui font tenir un hôpital public déliquescent, est signe d’un énième mépris de nos tutelles. La crise sanitaire a pourtant bien mis en évidence le rôle de l’hôpital public et de ses médecins pour notre pays : sans médecin, pas d’hôpital public.
Les effets des mesures d’attractivité réservées aux plus jeunes seront annulés par le départ des médecins en milieu de carrière, écœurés par ces inégalités de traitement.
Lire le communiqué sur la grève illimitée des PH
En ce premier jour de grève, les syndicats signataires du préavis organisent un point presse.
* Préavis : SNPHARE, Syndicat National des Médecins Hospitaliers (SNMH-FO) ; Jeunes Médecins
Soutiens : Syndicat des Jeunes Biologistes Médicaux (SJBM), Union Syndicale Action Praticiens Hôpital (APH qui comprend2 intersyndicales, 14 syndicats), Syndicat National des Jeunes Anesthésistes-Réanimateurs (SNJAR), Association des Médecins Urgentistes de France (AMUF), Union Fédérale des Médecins, Ingénieurs, Cadres et Techniciens (UFMICT-CGT), Syndicat des médecins réanimateurs (SMR), Collectif Santé en Danger, Collectif Inter-Hôpitaux, nombreux PU-PH, chefs de pôle, chefs de service dont l’ex-président de la conférence des doyens de facultés, Conférence des CME de CH et de CHS, Présidence des conférences de CME de CHU, nombreux présidents de CME (liste non exhaustive)