Même si les pouvoirs publics ont rejeté à plusieurs reprises cette option, la solution d’un auto-confinement des plus fragiles et des plus âgés anime depuis quelques semaines le débat public. En tant qu’acteurs de référence sur les problématiques liées à l’isolement des aînés, les Petits Frères des Pauvres sont convaincus, tout comme le Conseil national des professionnels de gériatrie, de l’absolue nécessité de ne pas chercher à opposer les générations mais au contraire, d’apporter rapidement des solutions aux maux communs.
On ne compte plus les prises de parole de personnalités des médias favorables à un confinement des plus âgés. Cinq membres du conseil scientifique ont publié une lettre dans une revue scientifique appelant à un contrat social avec « l’auto-isolement selon un critère de fragilité ». Les réseaux sociaux bruissent tous les jours de commentaires souvent enflammés de pro comme d’anti auto-confinement.
La prise de position du Conseil national des professionnels de gériatrie, parue dans le Monde le 24 février a retenu toute notre attention car nous souscrivons pleinement à ce que disent ces spécialistes du Grand Age. Favoriser les liens entre générations est d’ailleurs l’ADN des Petits Frères des Pauvres, dès sa création il y a 75 ans, les actions se sont construites sur les relations entre des personnes âgées isolées et démunies et des plus jeunes qui leur apportent aide et soutien.
Depuis le début de la crise sanitaire, nombreux sont les jeunes qui souhaitent être bénévole et agir pour lutter contre l’isolement des personnes accompagnées par l’Association.
Construire un contrat social, c’est construire un pacte durable entre les générations
Comme le soulignent les gériatres, les plus exposés au virus sont déjà auto-confinés. En établissements, où les limitations des contacts avec l’extérieur sont extrêmement pesantes pour les résidents, les familles, le personnel comme à domicile, où les personnes conscientes de leur vulnérabilité continuent à restreindre leurs sorties et leurs interactions. Pour toute personne, quels que soient son âge, ses fragilités, son parcours de vie et ses ressources, la raréfaction des liens sociaux depuis plusieurs mois est un manque qui est de moins en moins supportable.
Mais cette situation douloureuse ne doit pas nous fracturer et nous amener à chercher de mauvais choix de société. D’un point de vue éthique, un auto-confinement des plus fragiles entraînerait irrémédiablement une accentuation des fragilités.
Au contraire, face à cette épreuve collective, nous nous devons de chercher ensemble les meilleures solutions collectives afin que chaque catégorie de population puisse réussir à vivre au mieux en attendant la fin de la pandémie. Et nous devons également réfléchir collectivement à la société que nous souhaitons pour demain.
Construire un contrat social sera porteur d’espoir à condition de construire un pacte durable entre les générations. Il ne pourra être effectif qu’en commençant à remédier aux fragilités communes à tous, à savoir les détresses économiques, sociales, psychologiques.
Meryl LE BRETON
meryl.lebreton@petitsfreresdespauvres.fr