Les Assises de la santé mentale ont été appelées par le président en janvier 2021, afin de dresser les orientations de la psychiatrie pour les années à venir. Mais aussi prétendument pour répondre à la crise et aux manques de moyens de notre secteur. Elles ont été reportées en septembre par le ministère de la Santé : une illusion démocratique pour une régression psychiatrique.
C’est difficile à nier, la pandémie et la crise sanitaire ont eu un impact immense sur nos états mentaux, sur nos vies, sur nos manières de considérer l’avenir. Pendant ce temps, des services de psychiatrie continuent d’être restructurés, des pôles et des établissements de fusionner, des lits d’être supprimés, le personnel à manquer. Et la violence institutionnelle ravage tant les patient·es que le personnel.
Une date donc, un jour, quelques jours pour faire du buzz à la rentrée ? Serait-ce ça les Assises ? Alors que c’est toute l’année, partout, que les professionnel·les de la psychiatrie et du médico-social œuvrent pour celles et ceux qui souffrent psychiquement. Alors que depuis des années, nous assistons à l’instauration d’un système de santé à plusieurs vitesses. Un système qui avantage celles et ceux qui ont les moyens de se soigner en reléguant tout·es les autres. Un système qui avantage les personnes considéré·es comme curables, contrairement à celles pour qui on ne pourrait rien faire car ne rentrant pas dans les cases. On sépare, on spécialise, on trie, on sélectionne puis on abandonne. Dans le pire des cas : à la rue, à la prison.
Au-delà de ces Assises de la Communication, nous continuerons à dénoncer le démantèlement progressif et programmé des services publics de psychiatrie, organisés selon la logique de la politique de secteur. Nous rappellerons inlassablement que le soin psychique doit absolument être sorti de toute logique marchande. Personne ne doit tirer une rentabilité de la souffrance psychique, ou y voir un marché en expansion.
Car en plus d’être une illusion de concertation où tout le monde pourrait exprimer son point de vue et être entendu, les Assises voulues par le gouvernement n’ont que pour but de pousser toujours plus avant des logiques de réductions de moyens humains et financiers. De plus, le report des Assises repousse toute discussion sur les effets désorganisateurs de la mise en place sauvage de l’article 84 sur l’isolement et la contention sur les conditions de travail.
D’une psychiatrie à plusieurs vitesses, nous ne voulons pas. Ce qui nous abîme, c’est l’injustice sociale. Engageons-nous pour une société juste, des soins justes pour toutes et tous.
Fédération SUD Santé Sociaux : federation@sudsantesociaux.org