Dans le cadre de son plan d’action pour améliorer la connaissance statistique des aidants, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) publie une nouvelle étude sur les 725 000 « aidants pivots » qui assument un rôle de soutien à la fois auprès d’un de leurs parents et de leurs enfants.
D’après l’enquête Capacités, aides et ressources de la DREES, ces aidants ayant encore des enfants à charge représentent un tiers des 2,1 millions d’adultes qui aident leur père ou leur mère de 60 ans ou plus vivant à domicile en France métropolitaine en 2015.
Des enfants aidants et des parents aidés plus jeunes
Les aidants pivots sont plus jeunes que les autres enfants aidants. La moitié d’entre eux ont moins de 47 ans, tandis que la moitié des autres enfants aidants ont plus de 59 ans. Ils aident logiquement des parents eux aussi plus jeunes et de ce fait moins dépendants. La moitié des parents soutenus par des aidants pivots sont âgés de moins de 78 ans, contre 86 ans pour ceux soutenus par les autres enfants aidants. Dans 80 % des cas ces seniors sont considérés comme faiblement dépendants contre 75 % pour ceux soutenus par les autres enfants aidants.
Les aidants pivots sont moins souvent seuls pour aider leurs parents que les autres enfants aidants (28 % contre 34 %). Leur aide est notamment plus souvent associée à l’aide du conjoint de ce parent : dans 23 % des cas, contre 17 % pour les autres enfants aidants. Ils ont plus souvent des frères ou sœurs qui aident aussi leur parent. Parmi les aidants pivots, seuls 10 % sont enfants uniques contre 17 % des autres enfants aidants.
Les trois quarts des aidants pivots ont un emploi
Compte tenu de leur âge, les aidants pivots ont plus souvent un emploi que les autres enfants aidants, souvent déjà retraités : 74 % contre seulement 45 %. Or, l’investissement que nécessite le soutien d’un senior peut avoir des conséquences sur l’emploi des aidants : certains déclarent qu’ils ont été conduits à changer d’employeur, à renoncer à une promotion ou à des heures supplémentaires, à se rapprocher de leur lieu de travail, à en diminuer leurs horaires, à prendre des congés, à renoncer à leur activité professionnelle ou à anticiper leur départ en retraite. Ainsi, 29 % des aidants pivots qui exercent une activité professionnelle déclarent avoir réalisé au moins l’un de ces aménagements. Ces proportions sont toutefois similaires pour les autres enfants aidants en emploi.
Des conséquences sur leur vie privée ou leur santé similaires à celles des autres enfants aidants
Parmi les enfants aidants sans enfant à charge, un sur trois a réduit, en moyenne, ses loisirs, sorties ou vacances, un sur quatre déclare manquer de temps pour soi ou éprouver le sentiment de faire des sacrifices et un sur sept déclare connaître des tensions avec au moins un membre de son entourage. La situation moyenne des aidants pivots est similaire. Toutefois, ceux qui ont tous leurs enfants au domicile parental déclarent plus souvent manquer de temps pour eux. Quant à ceux dont au moins un enfant vit hors du domicile parental, ils déclarent plus souvent avoir réduit leurs loisirs, sorties ou vacances ou bien connaître des tensions avec un membre de leur entourage.
Les aidants pivots comme les autres enfants aidants indiquent que l’aide qu’ils apportent à leur parent a des répercussions sur leur santé. Ils déclarent toutefois moins souvent des problèmes physiques, tels que de la fatigue corporelle ou des problèmes de dos, mais aussi moins fréquemment de l’anxiété, du stress ou du surmenage.
La présence d’enfant à charge différencie peu les enfants aidants
L’ensemble des enfants aidants, pivots ou non, peut être réparti, via des méthodes statistiques, en six groupes, correspondant à des « profils-type » partageant un grand nombre de caractéristiques individuelles, familiales, professionnelles, relatives aux types d’aides qu’ils assument et au niveau de dépendance de leur parent.
La présence d’enfants à charge n’apparaît pas comme l’un des premiers critères de différenciation : c’est d’abord le fait de vivre dans le même logement que le parent qu’ils soutiennent, puis l’âge des enfants aidants, sachant que la présence d’enfants à charge est elle-même très liée à cette caractéristique.
Les aidants pivots sont ainsi surreprésentés dans les groupes d’enfants aidants les plus jeunes (groupes n°1 et 2 dans la typologie de l’étude), composés de respectivement 72 % de moins de 45 ans et 91 % de 45 à 54 ans. Ces deux groupes rassemblent 78 % des aidants pivots. Lorsqu’on raisonne ensuite au sein de chaque groupe, les aidants pivots se distinguent in fine peu des enfants aidants sans enfant à charge du même groupe.
Un plan d’action pour améliorer la connaissance statistique des aidants
Cette étude s’inscrit dans le cadre d’un programme plus large d’investissements de la DREES pour améliorer la connaissance sur les proches aidants. En particulier, la DREES met actuellement en place un grand dispositif d’enquêtes, appelé « Autonomie », dont l’objectif est de mieux connaître la population handicapée, mais aussi leurs aidants informels. La DREES et l’Institut des politiques publiques (IPP) travaillent par ailleurs en collaboration pour éclairer au mieux la situation socioéconomique et de santé des proches aidants à l’aide des sources statistiques existantes et proposer une typologie des proches aidants mobilisable par la recherche et l’action publique.
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