À la fin de l’été, le ministre de la Santé avait annoncé un moratoire sur les délégations de tâches et transferts de compétences médicales à d’autres professions de santé. Au rebours de ces engagements, le PLFSS 2022 voté en première lecture, le 26 octobre, à l’Assemblée nationale, contient une série de dispositions qui brouillent la coordination des soins et accélèrent le démantèlement de l’exercice médical. A ces mesures s’ajoutent celle facilitant la généralisation des expérimentations relevant de l’article 51, qui elles aussi déstructurent des métiers.
À aucun moment le Gouvernement n’a engagé de discussion de fond avec les syndicats médicaux sur ces évolutions. Si le SML est favorable à ces transferts de tâches, ceux-ci doivent être discutés en amont entre les professions afin d’être acceptés par tous.
Il faut sortir de cette gestion des professions en silo et contreproductive pour les patients. Le gouvernement entretient ce fonctionnement qui crée la discorde entre professions. À cet égard, le SML condamne fortement les agressions verbales et celles propagées sur les réseaux sociaux dont certains syndicats paramédicaux ont été l’objet. Si la colère et l’inquiétude sont légitimes, en revanche, cette agressivité est indigne du corps médical et ne résout rien.
Les difficultés démographiques rencontrées par les médecins libéraux vont hélas perdurer au moins toute la décennie, mais ne doivent pas conduire à la déqualification des soins. Il est urgent de construire des solutions pérennes autour des patients. C’est pourquoi, plutôt que de pénaliser la profession médicale, et certainement demain les professions paramédicales, avec l’émergence possible de nouvelles professions, le SML appelle à penser collectivement une organisation plus efficace dans le cadre d’une coordination libérale autour des patients.
Loin de tout corporatisme, plutôt que d’opposer les professions entre elles dans une lutte fratricide, le SML, fortement engagé dans l’interprofessionnalité, réclame des moyens pour libérer la coordination, en lien avec les autres professions pour répondre aux problématiques d’accès soins. Les équipes de soins coordonnées autour du patient (ESCAP) sont une partie de la réponse avec, l’ouverture de travaux autour des périmètres des métiers. Le SML y travaille déjà en lien avec les infirmiers, kinés et pharmaciens. Il est prêt à y travailler avec d’autres. Et cela implique que le niveau d’expertise des médecins soit enfin reconnu et valorisé avec des honoraires à un juste niveau.
Aujourd’hui, les médecins sont en colère contre le Gouvernement et tristes de constater que le PLFSS pour 2022 ne permet pas d’avancer de manière sereine et efficace. Les médecins libéraux attendent une réponse forte de l’Exécutif à la hauteur des enjeux que représente l’accroissement des besoins de soins de nos patients en ville. Il est certain que sans geste fort de l’Exécutif en direction des médecins, le mal être de ceux-ci s’exprimera dans les mois à venir.
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