Démarche de suivi médical récente, la préhabilitation consiste à préparer le patient pour une future intervention chirurgicale, de telle sorte à améliorer sa récupération post-opératoire. En France, ce concept se développe progressivement, soulevant plusieurs enjeux pour le patient comme pour le personnel hospitalier. Le dernier colloque de l’Observatoire Régional de la Chirurgie Ambulatoire (ORCA) et de l’Agence Régionale de Santé (ARS) d’Ile-de-France portait sur ce sujet.
La transdisciplinarité au cœur de la préhabilitation
A l’origine des premières réflexions autour de la préhabilitation, il y a l’intuition du professeur Franco Carli ; le patient pourra plus facilement récupérer d’une opération chirurgicale si on améliore en amont de l’intervention ses capacités fonctionnelles, c’est-à-dire physiques (mobilité, tonus musculaire…), mentales (appréhension de la douleur, stress pré-opératoire…) ou nutritionnelles (carences, anémie…).
« Pour parvenir à améliorer les capacités fonctionnelles d’un patient qui s’apprête à subir une opération chirurgicale, il est indispensable de le prendre en charge en concertation étroite avec tous les professionnels du corps médical, qu’ils soient chirurgien, diététicien, psychologue ou encore kinésithérapeute. Seule une amélioration coordonnée de toutes ses capacités aura un effet notable sur sa récupération post-opératoire » énonce le Professeur Franco Carli, Professeur en anesthésie à l’Université McGill au Canada.
La préhabilitation encourage ainsi à porter un nouveau regard sur l’intervention chirurgicale. Celle-ci ne comprend pas seulement l’acte opératoire en tant que tel, mais s’inscrit dans une démarche globale d’amélioration de la santé, qui se traduit par un parcours de soin spécifique à chaque patient.
Les circuits de préhabilitation, du sur-mesure
La mise en place d’un parcours de soin en préhabilitation oblige à repenser le fonctionnement général d’un établissement de santé. Dans un premier temps, il doit s’assurer d’avoir à sa disposition les moyens humains, matériels et financiers nécessaires.
La préhabilitation demande l’intervention de professionnels de santé, qui travailleront conjointement durant toute la durée du parcours de soin, mobilisant un certain nombre d’équipements indispensables à la bonne exécution de leur travail. C’est l’équipe qui définit, ensemble, un parcours de soin qui s’adapte à l’état de santé général du patient mais aussi, à son mode de vie : dépistage des carences, notamment en fer, préparation physique, assouplissement des tissus, mise en condition psychologique…
« La préhabilitation est une méthode qui a déjà fait ses preuves. Mais elle nécessite que les établissements de santé repensent le fonctionnement de leurs services pour que les disciplines médicales mobilisées travaillent encore plus en coordination. C’est un travail de structuration conséquent, qui est aujourd’hui un frein » explique le Professeur Henri Jean Philippe, coordinateur médical de l’ORCA.
Le patient au cœur du parcours, entre adhésion et exclusion
La préhabilitation est aussi un parcours de soin exigeant pour le patient ; pendant plusieurs semaines, il doit faire évoluer ses habitudes de vie. L’enjeu pour l’équipe de professionnels de santé qui l’encadre est de définir un parcours de préhabilitation suffisamment intense pour obtenir des résultats à court terme, tout en ajustant les contraintes pour que le patient reste constant dans son engagement dans le processus.
Parmi les divers profils de patients, les patients dits « fragiles » représentent un enjeu important. Ce sont des personnes souvent âgées, plus sujettes à l’anxiété, elle-même source de mauvais rétablissement fonctionnel, de durée de séjour prolongée ou encore de douleurs physiques plus conséquentes. Pour le moment, le suivi d’un parcours de préhabilitation est quasiment impossible, ou présente des résultats mitigés.
« L’impact d’un parcours de soin en préhabilitation est variable selon les profils de patients. En tant que professionnels de santé, nous devons donc continuer nos recherches et nos analyses pour proposer cet accompagnement à tous les profils, y compris les plus fragiles » déclare Véronique François Fasille, Cheffe de service gériatrie pour les Hôpitaux Universitaires Saint Louis-Lariboisière – Fernand Widal.
Contact presse : Camille Cochet – c.cochet@onexfidlid.com
Accéder au replay du webinaire sur la préhabilitation en chirurgie, organisé par l’ORCA et l’ARS IdF