Depuis plus de 20 ans l’Association des médecins urgentistes de France dénonce les décisions prises par les différents gouvernements et avait prédit la crise actuelle qui met la population en danger.
Dès 2002, nous avions alerté sur le fait que la suppression de l’obligation de la garde des médecins de ville allait aboutir à une explosion du nombre de passages aux urgences. Constat : 12 millions de patients en 2002, près de 23 millions aujourd’hui.
Nous n’avons cessé d’expliquer que l’encombrement des urgences est essentiellement lié au manque de lits avec des patients qui stagnent sur des brancards et non à ceux qui viennent pour une simple consultation. Constat : l’orientation vers le « tout ambulatoire » inapproprié pour les patients polypathologiques, plus ou moins âgés, a entraîné la suppression de 100 000 lits en 25 ans dont encore près de 6 000 en 2020 en pleine crise COVID.
La création de la spécialité de médecine d’urgence au détriment d’une compétence spécifique ouverte à tous les médecins a réduit le nombre de médecins formés. Constat : la France est le pays européen qui a institué le plus grand nombre de spécialités sans aucunes passerelles entre elles, ce qui ne permet pas de gérer au fil du temps les problèmes de démographie médicale liées à une évolution des besoins qui ne peut être prévue à l’horizon de 40 ans, soit la durée de la carrière d’un médecin.
Nous avons largement expliqué que le nombre de services d’urgence existant encore en France (environ 700) constituait un seuil en dessous duquel il ne fallait pas descendre. En effet, non seulement cela met la population en danger mais cela concentre les patients dans un nombre d’hôpitaux limité dont l’activité augmente. Constat : dans ces hôpitaux, les conditions de travail se dégradent et les médecins démissionnent avec des fermetures en cascade qui mettent la population en danger.
Après avoir obtenu de haute lutte le décompte du temps de travail des urgentistes en heures, nous avons réclamé une revalorisation des heures de nuit, de week-end et de jours fériés qui reste encore aujourd’hui refusée par le gouvernement. Constat : une fuite vers l’intérim, non pas comme le dénonce le ministre de la Santé pour gagner beaucoup d’argent mais surtout pour travailler moins (la rémunération d’une nuit en intérim équivaut à celle de trois nuits à l’hôpital !).
Tout cela se traduit par la fuite des médecins des services dans lesquels la situation en termes d’effectifs est tellement précaire que le départ d’une seule personne ne permet plus d’assurer un fonctionnement H24.
Il est urgent que le gouvernement prenne en compte les revendications et écoute les propositions avancées par l’AMUF afin d’éviter la catastrophe qui s’annonce à la veille de l’hiver. L’AMUF appelle donc avec de très nombreuses organisations à la journée d’action du 4 décembre avec un rassemblement devant le ministère de la Santé.
Contact :