C’est avec stupeur que les professionnels de santé ont reçu dans leurs boîtes aux lettres un mail « DGS- Urgent » – le 120ème depuis le début de la crise sanitaire. Celui-ci est tristement historique.
Depuis des années, l’ensemble des professionnels dénoncent l’incurie du gouvernement pour l’hôpital, entraînant sa perte vertigineuse d’attractivité. Voilà qu’à l’occasion de la 5ème vague COVID et des épidémies hivernales, le ministère des Solidarités et de la Santé réinstaure un plan « ORSAN REB » sur tout le territoire (plan blanc), à la discrétion des ARS et des établissements. Décidément le COVID a bon dos.
Dix-huit mois, quatre vagues et un Ségur plus tard, quel bilan ?
- Le Ministère ne connaît toujours pas l’état de ses troupes – de même qu’il n’avait pas conscience de l’impossibilité de faire tenir l’hôpital public sans intérim il y a quelques semaines ; et donc, il commande en catastrophe une enquête pour faire un état des lieux !
- Il n’a pas su donner envie aux professionnels de santé de venir et de rester à l’hôpital : la fidélité au service public hospitalier n’a pas été récompensée – les praticiens hospitaliers l’ont amèrement compris en juillet 2020, et ils ne sont pas les seuls !
- Il n’a plus que des mesures coercitives pour faire tourner l’hôpital public, et particulièrement les urgences et les services à permanence des soins :
- Coercition sur les plus jeunes : internes et jeunes médecins pour les obliger à travailler dans les services d’urgences en difficulté au lieu de travailler dans leur spécialité
- Réquisition des intérimaires et des libéraux
- Appel du pied aux retraités
- Revalorisation « exceptionnelle » … du travail au-delà des horaires légaux, qui est sous-payé de manière chronique
Ces mesures sont inadmissibles. Elles finiront de faire fuir les jeunes et les moins jeunes de l’hôpital public, et des métiers de la santé en général. Elles permettront de gérer partiellement les urgences au profit de l’abandon des autres patients… alors qu’on n’a toujours pas rattrapé le retard lié à la crise sanitaire.
Le SNPHARE fait depuis des années des propositions pour restaurer l’attractivité des carrières médicales hospitalières, notamment celles qui ont trait aux métiers de l’urgence. Elle a remis pour le Ségur un livre blanc « L’hôpital demain ». Le Ministère n’a pas jugé utile d’écouter les professionnels de santé.
Aujourd’hui, le Ministère sonne le glas de la santé en France.
L’accès à des soins de qualité pour tous n’est plus possible, l’insécurité devient la règle.
Il est urgent que la santé revienne au cœur de la campagne présidentielle.
Contact :
Anne Wernet – anwernet.snphar@gmail.com