Le BEH n°22, dévoilé le 14 décembre 2021, est composé de 2 articles.
Micro-épidémie de tuberculose dans une école primaire de Seine-Saint-Denis en 2016 : importance du périmètre du dépistage, Floréale Mangin et coll., département de la Seine-Saint-Denis
Si le taux d’incidence de la tuberculose est faible et en diminution au niveau national, le département de la Seine-Saint-Denis (SSD) présente un taux d’incidence de tuberculose plus élevé (26,4 pour 100 000 habitants en 2019 et 24,6/105 en 2015, année de référence de cette étude de cas) que le reste de la France métropolitaine (7,6/105 en 2019 et 7,0/105 en 2015), et que l’ensemble de la région Île-de-France (16,4/105 en 2019, 14,5/105 en 2015).
En 2016 une micro-épidémie est survenue dans une école primaire de SSD autour d’un cas index âgé de 11 ans. La tuberculose pédiatrique reste rare en France et les micro-épidémies autour d’enfants malades sont très peu décrites dans la littérature. À l’aide des données recueillies par le Centre de lutte anti-tuberculose (Clat) de SSD, nous avons étudié les facteurs liés au risque de contamination et les éléments à prendre en compte pour ajuster le périmètre de dépistage.
Au sein de l’école, 374 personnes ont été dépistées, 68 infections tuberculeuses latentes (ITL) retrouvées et 7 cas de tuberculose secondaire. Les cas de tuberculose se concentraient pour la plupart au même étage que le cas index (6/7), 3 cas secondaires dans l’école étaient porteurs d’une souche identique à celle du cas index.
Même autour d’un cas index de moins de 15 ans, la proximité spatiale, les temps de contacts et les facteurs de risques immunitaires ont un rôle déterminant dans la transmission du bacille de Koch et sont à prendre en compte pour la sélection des sujets contacts à dépister.
Objectif sida zéro : comment un projet territorial fédérateur a contribué à la baisse de 40 % des découvertes de VIH sur les Alpes-Maritimes en quatre ans ? Philippe Bouvet de la Maisonneuve et coll., CHU l’Archet Université Nice Côte d’Azur
Le département des Alpes-Maritimes est l’un des départements les plus affectés par l’épidémie de VIH en France. Il a connu une augmentation de 54% des diagnostics entre 2010 et 2014. Cet article décrit les actions portées par le Corevih Paca-Est et les acteurs territoriaux, dont la création du projet fédérateur « Objectif Sida Zéro » (OSZ), afin d’accélérer la lutte contre une situation épidémiologique préoccupante.
Partant d’une méthodologie en mode projet avec une approche par population clé, les actions d’OSZ ont porté dès 2016 sur le déploiement de la prophylaxie pré-exposition (PrEP), l’amélioration du lien au soin et la réduction du délai de mise sous traitement. Les professionnels de premiers recours ont été formés à la prévention diversifiée (recours au préservatif, au dépistage et aux traitements préventifs et curatifs) et le recueil des indicateurs épidémiologiques a été optimisé.
Depuis 2015, le nombre de nouveaux diagnostics annuels a chuté de 40% pour atteindre en 2018 un taux de 107 cas par million d’habitants (IC95%: [93-122]). La baisse est très prononcée chez les personnes nées en France, notamment chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) (-61%), mais ne semble pas concerner les personnes nées à l’étranger, notamment les femmes.
L’initiation du traitement antirétroviral dès le diagnostic, recommandée fin 2013, la promotion de la prévention diversifiée dès 2015, et les actions d’OSZ ont contribué à une forte diminution des nouveaux diagnostics VIH, notamment parmi les HSH nés en France. Les efforts doivent cependant s’intensifier concernant les personnes nées à l’étranger exposées au VIH. La poursuite d’actions concertées à un niveau local, l’inclusion de nouveaux partenaires (laboratoires de biologie médicale, pharmacies, communautés professionnelles territoriales de santé etc.) et l’estimation régulière de l’épidémie non diagnostiquée sont autant de leviers nécessaires pour atteindre l’objectif de zéro nouvelle contamination d’ici 2030.
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