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« Quand la sécurité des patients est bradée par le Ministre de la santé à des fins politiques » (Communiqué)

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A la suite de la sortie du rapport IGAS « Trajectoires pour de nouveaux partages des compétences entre professionnels de santé », les représentants des infirmiers anesthésistes diplômés d’Etat (IADE) et des médecins anesthésistes-réanimateurs (Conseil National d’Anesthésie-Réanimation Médecine Périopératoire) étaient conviés à une visioconférence avec le Ministre ce lundi 10 janvier 2022.

Malgré un rapport de piètre qualité, s’appuyant sur l’applaudimètre des réseaux sociaux autant que sur des revendications IADE non consensuelles ou des témoignages individuels d’IADE qui n’engagent que leurs auteurs, et sans concertation avec les médecins, le Ministre applique à la discipline anesthésie-réanimation – comme à d’autres – le transfert de la responsabilité médicale de l’anesthésie aux infirmiers anesthésistes. La justification se trouve dans l’utilisation de cette stratégie dans des pays sous-développés. En sommes-nous là ?

En effet, qu’il s’agisse d’Anesthésie-Réanimation ou de toute autre discipline médicale, un infirmier en « pratique avancée » (bac + 5) fera du premier recours, de la primo-prescription, du diagnostic « sous sa propre responsabilité ». La démarche diagnostique, qui donne lieu à une stratégie thérapeutique, est pourtant la définition du métier de médecin (bac + 10 à 11). Ainsi, ces six années d’études supplémentaires n’auraient aucune valeur ajoutée ?

Alors que notre spécialité a su adopter les mesures permettant de relancer la démographie médicale, alors que le ministre se vante d’avoir supprimé le numerus clausus, le médecin n’aurait plus sa place ?

Le concept de la « réussite du Ségur » vanté par le ministre s’essouffle devant la tension hospitalière toujours croissante après deux ans de crise sanitaire. Le manque d’attractivité des carrières médicales hospitalières l’a obligé à rétropédaler sur son sujet emblématique, la réglementation de l’intérim médical hospitalier. Le ministre croit combler les déserts médicaux en « donnant » la pratique avancée aux IADE au lieu de leur donner une réelle place dans le Code de Santé Publique. Ce coup est un jeu politique dangereux qui remet en cause l’égalité d’accès aux soins dans les territoires et sera difficile à maîtriser.

Le SNPHARE a toujours soutenu la reconnaissance statutaire des IADE. En revanche, la réponse apportée par le ministre qui déstabilise le binôme médecin anesthésiste-IADE est une négation du progrès de plus de 50 ans de progrès en anesthésie en termes de morbi-mortalité. En sortant les médecins du bloc opératoire, elle opère un retour en arrière des pratiques et donc de la qualité des soins. Nous ne pourrons pas engager notre responsabilité et celle de nos jeunes collègues dans une pratique démédicalisée et dérèglementée de l’anesthésie.

Les effets de cette réponse se font déjà sentir, agitant des tensions inutiles entre médecins anesthésistes- réanimateurs et IADE, qui sont, au passage, potentiellement délétères pour les patients.

Le SNPHARE demande immédiatement le retrait des propositions faites ce lundi 10 janvier, et saura le cas échéant mobiliser les anesthésistes-réanimateurs, pourtant si sollicités pour la crise sanitaire et les déprogrammations-reprogrammations, et paradoxalement remerciés par la négation de l’attractivité de leur profession.

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