En 2022, les infirmières françaises demeurent toujours sous payées, 10% en dessous du salaire infirmier européen. Dans ce contexte, l’initiative de l’ARS ile de France de proposer des CDD non renouvelables largement plus payés que les infirmières en poste dans l’établissement, met le feu aux poudres !
Après les mesures du Ségur de la Santé, à l’hôpital public, l’infirmière débute à 2363 euros brut (1er échelon ISGS grade 1). Sa collègue avec ce CDD percevra 3862 euros brut (les 3085 euros brut plus 777 euros de la prime de 7000 euros sur 9 mois) soit 63% de plus ! Deux poids, deux mesures !
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En fait, on ne cherche pas à fidéliser ceux qui sont restés à l’hôpital malgré des conditions de travail dégradées, avec une multiplication des heures supplémentaires. Les soignants sont épuisés et ont du mal à comprendre qu’il y a un tel décalage par rapport à ces personnes qui vont être recrutés en CDD en renfort. Nous constatons 60.000 postes infirmiers vacants en France : veulent ils finir de décourager les soignants encore en poste ?
Dans la fonction publique hospitalière FPH, la part de fonctionnaires continue de diminuer années après années pour atteindre 68,1 %. Cette nouvelle initiative vise encore à précariser le travail, à réduire la part de soignants sous statut. D’autres secteurs comportent encore des soignants « exclus du Ségur », c’est inadmissible.
Depuis des années nous alertions sur les conséquences des plans d’économies imposés aux hôpitaux. En 20 ans, les gouvernements ont fermé 100.000 lits, 95 services d’urgences, et la moitié des maternités. Avec le Covid19, nous avons vraiment cru qu’il y aurait un « monde d’après » dans la santé. Mais le gouvernement a encore fermé 5700 lits en 2020, et les restructurations ont continué en 2021.
Dégradation des conditions de travail, hausse de la charge en soins, manque de reconnaissance… Aujourd’hui, c’est par manque de personnel infirmier que des lits sont fermés sur tout le territoire, aussi bien en CHU, hôpital local ou EHPAD. Face à ce cercle infernal des départs, il faut :
un moratoire sur les fermetures comptables,
créer des postes dont le ratio soignés/soignant soit compatible avec la qualité des soins
revaloriser les salaires