Une nouvelle étude clinique internationale a récemment été ouverte en France et en Belgique – un premier patient a été recruté le 17 janvier – en vue d’évaluer s’il est possible de prodiguer un traitement chimiothérapique moins intensif aux patients atteints d’un cancer du sein HER2 positif sans récepteurs hormonaux, afin de réduire les effets secondaires associés au traitement sans augmenter le risque de récidive du cancer.
DECRESCENDO, une grande étude multicentrique de phase II, est menée et sponsorisée par la Clinical Trials Support Unit de l’Institut Jules Bordet (IJB/CTSU, Bruxelles, Belgique) en collaboration avec le Breast International Group (BIG) et impliquera un total de 1 065 patientsprovenant de quelque 164 hôpitaux dans douze pays du monde.
Le cancer du sein HER2 positif est une forme agressive de la maladie qui représente environ 15 à 20 % de tous les cas de cancer du sein1. En général, les patients atteints d’un cancer du sein HER2 positif au stade précoce reçoivent une combinaison de plusieurs agents chimiothérapeutiques, associée à un traitement anti-HER2, avant de subir une intervention chirurgicale. Le traitement anti-HER2 peut ensuite se poursuivre jusqu’à un an après l’intervention.
Bien que les résultats soient encourageants, avec plus de 90 % des patients en vie et sans récidive de cancer après cinq ans2, la combinaison de la chimiothérapie et du blocage de HER2 peut entraîner des effets secondaires indésirables (chute des cheveux, nausées, vomissements, fatigue ou même toxicité cardiaque, etc.) attribuables pour la plupart à la chimiothérapie.
Dans le cadre de DECRESCENDO, les patients recevront un traitement chimiothérapique moins intensif avant l’intervention (un seul médicament au lieu des 2 à 4 médicaments conventionnels). De plus, les cliniciens identifieront les patients dont les tumeurs présentent une réponse complète au traitement après l’intervention et qui peuvent arrêter la chimiothérapie pour suivre uniquement le traitement anti-HER2. Cette étude vise à montrer que ce nouveau schéma thérapeutique est aussi efficace que le schéma conventionnel mais qu’il présente moins de risques d’effets secondaires.
« Les “armes” ciblant le talon d’Achille de ce cancer – à savoir le récepteur HER2 – étant de plus en plus nombreuses, il est logique de simplifier prudemment la chimiothérapie, laquelle est responsable de la plupart des effets secondaires du traitement. C’est l’objectif poursuivi par DECRESCENDO », déclare le Dr Martine Piccart, co-investigatrice principale de l’étude, directrice scientifique à l’Institut Jules Bordet (Bruxelles, Belgique), co-fondatrice du Breast International Group et présidente de BIG against breast cancer.
« Je pense que l’étude DECRESCENDO peut changer la donne. Si notre hypothèse est correcte, nous réduirons considérablement l’incidence des effets secondaires potentiellement graves dus à la chimiothérapie, par exemple l’insuffisance cardiaque. Dans le même temps, les patients recevront un traitement dont l’efficacité répond aux normes actuelles, mais qui vise presque entièrement les faiblesses biologiques du cancer et évite ainsi une grande partie de la toxicité souvent associée aux agents chimiothérapeutiques », explique le Dr Gabriele Zoppoli, co-investigateur principal de l’étude, directeur médical adjoint à l’Ospedale Policlinico San Martino (Gênes, Italie) et membre du conseil d’administration du Gruppo Oncologico Italiano di Ricerca Clinica (GOIRC).
Vers de meilleurs traitements personnalisés
Les études de désescalade thérapeutique de BIG, y compris DECRESCENDO, contribuent à une meilleure adaptation des traitements du cancer du sein aux besoins individuels du patient. Ces essais évaluent la possibilité de réduire en toute sécurité la quantité et/ou la durée de certains traitements contre le cancer du sein – voire de les éviter complètement – sans augmenter le risque de récidive du cancer ni affecter la qualité de vie du patient.
La perspective de pouvoir réduire les traitements en toute sécurité présente un grand intérêt pour les patients, lesquels peuvent ainsi bénéficier d’une thérapie optimale présentant moins d’effets secondaires et mieux adaptée à leur état de santé individuel. De même, grâce à une meilleure allocation des ressources et à un moindre recours aux installations pour des urgences inutiles, la réduction de l’incidence des effets secondaires graves profite également aux systèmes de soins de santé.
L’essai DECRESCENDO est mené par divers groupes de recherche universitaires dans le cadre d’une recherche clinique en collaboration avec Roche (qui fournit le médicament à l’étude et prend en charge le financement).
Faits et chiffres
- ± 2,3 millions de personnes ont reçu un diagnostic de cancer du sein en 2020.
- Le cancer du sein représente environ 25 % de tous les nouveaux cas de cancer diagnostiqués chez les femmes dans le monde.
- Pour les hommes, la probabilité de développer un cancer du sein au cours de leur vie est d’environ 1 sur 800.
- Le cancer du sein est le cancer le plus fréquemment diagnostiqué dans le monde, la Belgique ayant l’incidence la plus élevée au monde.
Source : Globocan 2020
- 12 pays participent à l’étude DECRESCENDO : Argentine, Australie, Belgique, Canada, France, Irlande, Israël, Italie, Nouvelle-Zélande, Corée du Sud, Suède, Suisse.
- 12 groupes de recherche BIG collaborent à l’étude : Australian New Zealand Breast Cancer Trials Group (BCT-ANZ), Canadian Cancer Trials Group (CCTG), Cancer Trials Ireland (CT-IRE), European Organisation for Research and Treatment of Cancer (EORTC), Grupo Argentino de Investigación Clinica en Oncologia (GAICO), Italian Oncology Group for Clinical Research (GOIRC), International Breast Cancer Study Group (IBCSG), Institut Jules Bordet – Clinical Trials Support Unit (IJB/CTSU), Korean Cancer Study Group (KCSG), Swedish Association of Breast Oncologists (SABO), Sheba Breast Collaborative Group (SBCG), Unicancer Breast Group (UCBG).
Contacts :
BIG
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Communications Manager
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IJB
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Head of Communication
E-mail : alexandra.cazan@bordet.be