Le suicide continue de tuer 3 fois plus que les accidents de la route, avec 8 435 décès[1] et 88 762 tentatives de suicide[2] en France (données sous-estimées car difficilement comptabilisables). Si l’efficacité des actions de prévention a permis de faire chuter le taux de décès par suicide d’1/3, il n‘en reste pas moins un enjeu majeur de santé publique. En ce contexte troublé par la Covid-19, l’ARS Nouvelle-Aquitaine surveille très attentivement ces données et le fonctionnement de l’offre de prise en charge des établissements de santé de la région.
Santé mentale : des indicateurs dégradés
L’année dernière, l’Organisation mondiale de la santé prévenait que la crise sanitaire et les mesures mises en place pour freiner sa propagation aurait un impact « à long terme et d’une grande portée » sur la santé mentale.A l’échelle nationale, une enquête de Santé Publique France révèle que 18% des Français présentent des signes de troubles dépressifs et 23% un état anxieux soit respectivement 8 et 9 points de plus qu’avant la pandémie.
Si l’analyse régionale des indicateurs de Santé Publique France ne met pas en avant de hausse des conduites suicidaires quelque-soit la tranche d’âge en Nouvelle-Aquitaine, les indicateurs observés dans l’enquête COVIPREV[4] (vague 30 du 30/11 au 07/12/2021) mettent en exergue une santé mentale dégradée des néo-aquitains (états dépressifs, anxieux et troubles du sommeil notamment) depuis le début de l’épidémie de COVID-19 qui s’accentue en 2021 chez les moins de 18 ans.
Une stratégie nationale complète, déployée en région Nouvelle-Aquitaine
La journée nationale de prévention du suicide du 5 février est l’occasion de rappeler les moyens mis en place en Nouvelle-Aquitaine. Pour accueillir la parole et faire connaître les solutions apportées face aux risques suicidaires, des événements sont organisés prochainement sur les territoires néo-aquitains par les acteurs régionaux > clic.
En réponse à la dégradation des indicateurs, l’ARS Nouvelle-Aquitaine a de nouveau renforcé, comme l’année précédente, la présence de professionnels en psychiatrie auprès des étudiants via les services de santé universitaires de la région, et des jeunes reçus par les Maisons des Ados (MDA).
De même l’ARS a augmenté le financement d’actions de prévention du suicide afin que les professionnels et associations intensifient également leurs activités et leur mobilisation, en particulier auprès des acteurs en charge du public des jeunes. Ils continuent de décliner dans la région, sous le pilotage de l’ARS, la stratégie nationale de prévention du suicide, dont les axes sont les suivants :
- Le « recontact » et le suivi des personnes ayant fait une tentative de suicide : 4 personnes sur 10 ayant fait une première tentative de suicide récidiveront dans l’année. Pour enrayer ce risque, la Direction Générale de la Santé (DGS) encourage les acteurs du soin à mettre en place un accompagnement régulier et personnalisé dans la durée. Ce dispositif nommé « VigilanS », auquel participent le centre hospitalier Charles Perrens (Bordeaux) et le centre hospitalier Laborit (Poitiers), assure ainsi une « veille » et un accompagnement auprès de ces personnes fragilisées.
- Près de 1 600 nouvelles personnes ont été inclues au cours de l’année 2021, grâce à l’activité à temps plein des équipes, sur les départements de la Gironde, Charente, Vienne, Charente-Maritime et Deux-Sèvres. Le déploiement de cette veille se poursuivra progressivement en 2022 avec le ralliement d’autres départements du Sud Aquitaine et la création d’une nouvelle plateforme Vigilan’S en Limousin portée par le Centre Hospitalier d’Esquirol, dont la phase d’implantation a déjà débuté avec les acteurs de la Haute-Vienne, la Creuse et la Corrèze.
- Le repérage et l’orientation des personnes en souffrance psychique : La formation en prévention du suicide est un élément clé de l’approche intégrée de la stratégie nationale. Il s’agit de structurer le parcours de santé qui fait suite au repérage de personnes à risque pour leur proposer le plus rapidement possible des solutions adaptées à leurs problèmes et, si nécessaire, un accompagnement vers le soin. Ces formations, en place depuis 2018, font suite à une dynamique régionale déjà existante depuis une dizaine d’année.
- En Nouvelle-Aquitaine, en 2020, ce sont 442 nouvelles personnes qui ont été formées, dont 111 personnes sentinelles, 234 professionnels de santé et 97 professionnels de la psychiatrie spécialisés en « intervention de crise ».
- Sur l’année 2021, 63 nouveaux formateurs régionaux vont intégrer à leur tour le réseau d’acteurs de prévention du suicide
Ces actions sont portées sur le terrain par des acteurs régionaux : associations, établissements de santé, partenaires institutionnels et dispositifs locaux[5].
- Une information plus juste et une médiatisation responsable du suicide : Avec la crise sanitaire, la question du suicide s’est imposée dans les médias ces dernières années. Or, un traitement médiatique inapproprié d’un événement suicidaire est susceptible de provoquer, d’induire des passages à l’acte chez des personnes vulnérables. On appelle ce phénomène l’effet « Werther ». Au contraire, l’effet « Papageno » qui applique les recommandations de l’OMS sur la médiatisation du suicide contribue à prévenir les gestes suicidaires.
- L’ARS Nouvelle-Aquitaine a fait le choix de financer le programme Papageno sur son territoire depuis deux ans. Outre ses actions de média-training à destination des professionnels du secteur, le programme propose un apport théorique aux journalistes en rédaction. Ils disposent ainsi des clés pour un traitement plus précis et plus responsable des cas de suicide ou tentatives de suicide. Sur la région, les étudiants de l’institut de Journalisme Bordeaux Aquitaine (IJBA) sont sensibilisés chaque année et une vingtaine de journalistes, en rédactions, clubs de la presse ou en collectifs, ont déjà été formés.
- En 2021 plus d’une trentaine de professionnels de la prévention du suicide sont venus s’ajouter à la liste des spécialistes formés à la prise de parole dans les médias.
La mise en place d’un numéro national prévention du suicide : le 3114
Annoncé lors de l’ouverture des Assises de la santé mentale et de la psychiatrie, le numéro national de prévention du suicide 3114 est entré en fonctionnement en octobre dernier.
Cette ligne téléphonique, confidentielle et gratuite, a pour objectif de réduire les tentatives de suicide en permettant de maintenir le lien avec les personnes en souffrance psychique, non seulement avec le système de soins mais aussi avec les partenaires du champ social, médico-social et associatif.
Ce nouveau numéro disponible 24H/24, 7J/7 est assuré par des professionnels de la psychiatrie, spécifiquement formés pour procurer un service d’écoute, d’information, d’évaluation du risque suicidaire, d’orientation et d’intervention éventuelle en proche collaboration avec le SAMU.
La ligne 3114 est également au service des professionnels de santé ayant besoin d’un avis spécialisé ou d’informations sur la prévention du suicide, de même qu’aux proches inquiets par une personne présentant des idées suicidaires et aux personnes endeuillées par suicide.
- En région Nouvelle-Aquitaine
En Nouvelle-Aquitaine, les centres répondants sont le Centre Hospitalier Charles Perrens à Bordeaux et le Centre Hospitalier Henri Laborit à Poitiers.
- Le Centre Hospitalier Charles Perrens est ouvert de 9H à 21H en semaine et de 13H15 à 21H le week-end.
- Le Centre Hospitalier Henri Laborit est ouvert de 9H à 21H en semaine et le week-end
A noter que les horaires du Centre Hospitalier Charles Perrens sur le week-end seront prochainement étendus.
Depuis l’ouverture de la ligne début octobre, près de 4 500 appels sur 35 000 au niveau national ont concerné des néo-aquitains. Les appelants ont été pris en charge par les deux centres régionaux en journée relayés par le CH de Brest la nuit.
Contact presse : ars-na-communication@ars.sante.fr