Un projet de révision de la Directive européenne de la Commission européenne sur l’utilisation durable des pesticides a fuité ce 4 février (la version finale du projet devant être publiée normalement le 23 mars).
Notre ONG, et le réseau PAN Europe auquel elle appartient, est très inquiète car ce texte compromet les objectifs de réduction des pesticides prévu par le #GreenDeal.
Ce projet qui a fuité manque clairement d’ambition, donnant aux États membres de nombreuses possibilités de faire échouer les objectifs du Green Deal. Malgré quelques améliorations, ce projet- si il devait rester en l’état – ne permettrait pas l’UE d’envisager une vraie évolution des systèmes agricoles européens dépendant aux pesticides, dont les effets néfastes sont pourtant avérés! C’est d’autant plus regrettable que plus d’un million d’européens signataires de notre ICE, pour la sortie des pesticides de synthèse, aspirent clairement à ce changement!
La plus grande désillusion réside dans le fait que la commission ne fixe pas d’objectifs contraignants de réduction des pesticides! Comment alors espérer répondre aux exigences du Green Deal?
De même, les principes agronomiques de lutte contre les « ravageurs » (variétés résistantes, désherbage mécanique, rotations longues etc.) ne sont pas rendues obligatoires et les pesticides de synthèse restent au centre des pratiques agricoles. C’est une aberration quand on sait par exemple que la stérilisation des sols avec des fumigants, ou l’utilisation de semences enrobées de pesticides conduisent à des désastres environnementaux et sanitaires.
La Commission européenne aurait du en outre s’emparer de la question de la substitution des pesticides hautement toxique. Pour rappel depuis 2011, les États membres de l’UE sont censés remplacer progressivement les pesticides les plus toxiques (55 » candidats à la substitution « ). Ils n’ont pas respecté cette obligation. La Commission avait prévu de les réduire de 50% dans le cadre de la stratégie « de la ferme à la fourchette ». Et sur ce point, la Commission, au lieu d’imposer une élimination progressive à court terme de ces pesticides hautement dangereux, propose de prendre en compte les efforts des États membres depuis 2011 sans aller plus loin.
Point positif malgré tout : l’interdiction des pesticides dans les zones publiques (pour rappel cela est déjà acté en France grâce à l’action de nos ONG et au sénateur écologiste Joël Labbé) et dans les sites Natura 2000. En revanche rien sur la protection des lieux qui accueillent du public vulnérable (comme des zones tampons à côté des écoles, des maisons, des chemins ou des cours d’eau ).
» Ce texte est loin d’être à la hauteur des enjeux sanitaires et environnementaux qui nous attendent! Les pesticides impactent négativement et durablement la santé de la planète, humain compris. Tous les voyants sont au rouge: chute dramatique des espèces d’insectes, pollution des sols et des eaux, risque accru de développer des cancers, des troubles neurologiques, infertilité etc. Combien de temps encore va-t-on renoncer à prendre les décisions qui s’imposent et faire preuve de courage? » Déclare François Veillerette, porte-parole de Générations Futures.
« Nous attendons du gouvernement français qu’il soutienne fermement des objectifs de réduction comme cela est prévu dans le cadre du plan Ecophyto. On ne comprendrait que la France n’est pas cette position au vue des déclarations faite par Emmanuel Macron lors du congrès de l’UICN. Nos associations vont mettre toute leur énergie dans la balance pour faire de la révision de la cette Directive une réussite et non – comme la Commission semble vouloir s’y engager – un échec – échec qui nous mènerait un peu plus dans le mur, à l’image de ce que nous a montré le film d’anticipation Dont Look Up » Conclut-il.
Contacts :
- Francois Veillerette (porte-parole) : francois@generations-futures.fr
- Nadine Lauverjat (déléguée générale): nadine@generations-futures.fr