Les récentes données de l’Assurance maladie dévoilent une augmentation historique du nombre de bénéficiaires d’aides auditives en 2021, date de la pleine entrée en application du 100% santé en audiologie.
Entre 2019 et 2021, le nombre de personnes équipées est passé de 452 600 à 780 400, soit un gain de 327 800 personnes (+ 72 %).
La dynamique des remboursements de l’assurance maladie obligatoire reflète le mouvement en cours avec, entre 2019 et 2021, une évolution des dépenses de 158,39 M€ à 383,57 M€, soit une augmentation de 225 millions d’euros (+ 142 %).
Tableau : Evolution 2019-2021 du nombre de bénéficiaires et d’aides auditives délivrées (source : Assurance maladie)
Le récent rapport IGAS/IGASR sur la filière auditive le rappelle, les déficiences auditives « constituent un enjeu de santé publique encore insuffisamment reconnu à sa juste mesure ». « Leur impact sur la santé, en l’absence de prise en charge, est considérable », avec « un coût caché très important pour la société. »
Le rôle de l’audioprothésiste est central dans le déploiement de cette politique de santé, ce que souligne la mission IGAS/IGESR, qui relève également que « le haut niveau de l’observance était jusqu’à présent une caractéristique du marché français. »
De récents « indices de sur-appareillage », au détriment des patients eux-mêmes et des finances sociales, sont constatés par les inspecteurs. Ce constat est sans aucun doute à rapprocher des pratiques commerciales et publicitaires « excessives » à rebours des « objectifs de santé publique », que pointe l’IGAS/IGESR, ainsi que de l’apparition de nouveaux acteurs, méconnaissant les aspects sanitaires et la fragilité des déficients auditifs.
Pour ce qui est de la démographie professionnelle, l’exemple à éviter de l’optique (« nombre extravagant de points de vente », chômage des jeunes opticiens) pourrait justifier des solutions innovantes telle la convention sélective qui a déjà cours pour les infirmiers et les masseurs-kinésithérapeutes.
L’IGAS/IGESR pointe ainsi le bilan qualitatif « incertain » du 100 % santé en audiologie et identifie le lien entre publicité agressive et demande non fondée au niveau sanitaire. Ces éléments appellent à mettre en place les correctifs nécessaires pour garantir le succès dans le temps et pour tous les patients du 100 % santé en audiologie. Mobilisé depuis longtemps sur ces aspects, le SDA est désormais rejoint par de nombreux acteurs qui appellent à agir en ce sens.
En 2016, l’Autorité de la concurrence avait indiqué que « l’asymétrie d’information dans le secteur des audioprothèses est forte ». Ce constat est à rapprocher de celui de l’Inspection Générale des Finances qui estime que les réglementations sont « économiquement justifiées » lorsqu’elles répondent à des contraintes telles que « le manque d’expertise du public sur la qualité et l’adéquation du service proposé et sur l’étendue de son besoin ».
Réglementer la publicité commerciale pour les aides auditives est donc une nécessité urgente. Afin de poser comme prioritaires la qualité des soins et l’accompagnement des malentendants, il faudrait également mettre en pratique dès que possible les recommandations n°17 (prendre un décret en Conseil d’État fixant les règles professionnelles des audioprothésistes) et n°3 (mettre en place un questionnaire de satisfaction simplifié) du rapport IGAS/IGESR.
Alors que les choix politiques et sociétaux liés à la prise en charge du grand âge sont au cœur de l’actualité, il convient de rappeler que la majorité des utilisateurs d’aides auditives ont plus de 75 ans.
Ils doivent être protégés et accompagnés par des audioprothésistes soucieux de la qualité et de la sécurité des soins, tout autant que lorsqu’ils consultent les autres professionnels de santé.
Car, en matière de santé, le premier vecteur d’économies, c’est la qualité de la prise en charge.
Pour plus d’informations, consultez le rapport du SDA
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À propos du SDA (ex-UNSAF)
Le Syndicat des audioprothésistes (SDA ex-UNSAF) est l’organisme professionnel représentatif des 4 400 audioprothésistes de France. Il siège à l’Union nationale des professionnels de santé (UNPS), l’Union Nationale des Professions Libérales (UNAPL) et au Haut Conseil des professions paramédicales (HCPP). Il est le signataire de la convention nationale de tiers-payant et de l’accord cadre interprofessionnel (ACIP), conclus avec les Caisses nationales d’assurance maladie.
Le SDA est présent au niveau européen au sein de l’Association européenne des audioprothésistes (AEA) et est membre du World Hearing Forum de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
Il est présidé depuis juin 2012 par Luis Godinho.
Pour toute information complémentaire : unsaf.org