Le BEH n°6 de Santé Publique France a été publié le 22 mars.
Il est composé de 2 articles.
Freins à l’adoption des gestes de prévention en période de canicule, Agnès Verrier et coll., Santé publique France
En dépit des actions mises en place, chaque canicule entraîne un excès de mortalité et de morbidité. Une étude quantitative en population générale, réalisée en 2015, avait mis en évidence un défaut de perception du risque pour soi, une connaissance parcellaire des gestes à adopter, des signes d’alerte et une méconnaissance des groupes à risque, malgré le sentiment d’un bon niveau d’information. Cette nouvelle étude vise à explorer les motivations à l’adoption ou non de comportements adaptés en période de canicule.
Une étude qualitative a été mise en place auprès de 74 personnes âgées de 18 à 64 ans, résidant dans un département en vigilance canicule orange ou rouge en 2019. Les entretiens par focus group étaient destinés à appréhender les représentations collectives de la canicule ; les entretiens individuels ont abordé les dimensions personnelles (perceptions, difficultés) impactant le vécu de ces épisodes. Les participants ont déclaré bien connaître les gestes protecteurs, mais moins bien les signes d’alerte et les groupes à risque. L’observance des gestes protecteurs a été conditionnée par la perception du risque pour soi.
Des obstacles objectifs comme les conditions de travail ou la méconnaissance de dispositifs existants (cartographie de lieux frais, des points d’eau potable…) ont été identifiés. L’absence de perception du risque pour soi est en partie associée à la croyance que le risque sanitaire lors d’une canicule est lié à un état (âge, pathologie), et non à une surexposition à la chaleur. Les obstacles à l’adoption de certains gestes protecteurs ont mis en exergue la nécessité de renforcer la communication sur les mesures déjà existantes et d’étudier la faisabilité d’adapter les conditions de travail par voie réglementaire.
Facteurs associés aux pensées suicidaires et aux tentatives de suicide chez les jeunes calédoniens, Elodie Magnat et coll., Agence sanitaire et sociale de Nouméa
En Nouvelle-Calédonie, seules les enquêtes menées auprès des jeunes scolarisés fournissent des données sur l’épidémiologie des conduites suicidaires. Elles permettent d’estimer une prévalence des tentatives de suicide (TS) et des pensées suicidaires déclarées et d’en étudier les facteurs associés dans la population des adolescents.
Les résultats de cette étude sont issus des données du Baromètre Santé Jeune 2019, enquête tranversale à visée descriptive réalisée auprès d’un échantillon aléatoire des jeunes scolarisés dans le second degré.
Parmi les jeunes de 10-18 ans, 15,7% ont déclaré avoir sérieusement envisagé de se suicider au cours des 12 derniers mois et 9,8% ont déclaré avoir tenté de se suicider. Le genre est une variable importante : les filles sont deux fois plus nombreuses que les garçons à rapporter ces comportements. Les facteurs de risque les plus importants associés à la survenue des pensées suicidaires et des TS sont : le fait d’avoir subi des violences, le fait que leurs parents comprennent rarement ou jamais leurs problèmes et savent rarement ou jamais ce qu’ils font de leur temps libre, et le fait de consommer des produits psychoactifs. Les résultats mettent également en lumière un risque accru de TS chez les jeunes océaniens et chez les jeunes vivant en tribu, par rapport aux jeunes Européens et ceux vivant en ville.
Nos données confirment l’intérêt, dans une logique de promotion de la santé mentale, d’intervenir sur la prévention des violences (physiques, sexuelles et psychologiques), des comportements addictifs et sur l’amélioration du climat familial.
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