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Déserts médicaux et accès aux soins : un constat en aggravation (Communiqué)

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Le 31 mars 2022, l’ARS Ile de France a communiqué la nouvelle carte de zonage des déserts médicaux.

On y observe que 96,3% de la population francilienne vie dans un territoire sous-dense et seule 3,7% de cette population a accès à un médecin dans des bonnes conditions.

Parmi ces zones, on distingue 3 rangs :

  • ZAC : zone d’action complémentaire qui représente 33,9% de la population francilienne (contre 39,5 en 2018 lors de la cartographie précédente). Ces zones sont des « pré » déserts médicaux, où des actions doivent être menées pour éviter leur basculement complet.
  • ZIP : zone d’intervention prioritaire, les déserts médicaux, qui représente 62.4% de la population francilienne (contre 37.6% en 2018).

On y constate aussi le basculement de nombreuses ZAC en ZIP entre 2018 et 2022.

A titre de comparaison, la cartographie en région Bretagne en 2020 retrouvait :

  • 10.9% de la population en ZIP
  • 32.2% de la population en ZAC

Concernant l’Ile de France, il a cette année été créé une catégorie ZIP +, où la situation et l’accès aux soins sont considérés encore plus difficiles.

Là où les ZIP bénéficient d’aides financières à l’installation et au maintien, les ZIP + sont aidées pour accueillir les étudiants en médecine et créer des structures d’exercices en commun.

La désertification médicale représente un danger pour les soignant-es comme les patient-es. D’un côté, un important risque de surmenage professionnel et une patientèle trop conséquente. De l’autre, une grande difficulté à trouver de nouveau médecin-e traitant-e lorsque le besoin se présente.

La prise en charge morcelée nuit au bon diagnostic comme au suivi des pathologies chroniques et à la coordination entre professionnel-les; la surcharge des praticien-nes entrave leur capacité à réaliser des consultations d’urgence, avec les conséquences que l’on connaît sur les structures hospitalières.

Les pistes que nous soutenons pour améliorer l’accès aux soins

Le SNJMG propose :

  • le développement des dispositifs « infimier-es de pratique avancée » ou « infirmier-es Asalée », qui accroissent le champ d’action de ces professionnel-les notamment dans l’accompagnement aux modifications thérapeutiques du modes de vie et par la réalisation d’éléments médicaux ne nécessitant pas le recours à un médecin.
  • la meilleure répartition des tâches entre professionnel-les de soin, incluant les professionnel-les de santé médicaux et paramédicaux, en réévaluant quels actes doivent rester sous la seule responsabilité du médecin.
  • la constitution d’un service public de soins primaires reposant sur la création de centres de santé avec des professionnel·les salarié·es, pour lesquels l’ouverture de nouveaux postes serait basée sur les besoins estimés pour le territoire
  • l’augmentation des capacités d’accueil des facultés formant ces professionnel-les, suppression du numerus apertus, ainsi que la création de la licence santé tant promise. De même, l’ouverture de plus nombreux stages en ambulatoire afin d’offrir une formation pratique diverse et sans surnombre sur les lieux de stage.
  • réduire les inégalités d’accès aux études de médecine en s’attaquant aux déterminants connus de l’abandon avant et pendant les études, ici (mais évidemment pour d’autres raisons aussi) car 60% des jeunes médecins considèrent la proximité familiale comme un élément majeur de leur choix d’installation (source : https://www.conseil-national.medecin.fr/publications/communiques-presse/enquete-determinants-linstallation)
  • la création d’instances incluant soignant-es et soigné-es pour que les concerné-es soient au coeur des prises de décision qui les concernent notamment concernant la réflexion sur que faire vis à vis des déserts médicaux
  • réduire la charge adminstrative des médecin-es, notamment par la suppression de tâches dont l’objectif principal est celui du contrôle à priori du bienfondé des dépenses : bons de transport, certificats enfant malade… Et simplification des démarches administratives les plus coûteuses en temps.
  • proposer, comme sur le modèle du CESP proposé aux étudiant-es en médecine, d’assurer une rémunération aux étudiant-es en santé de toutes les filières, aussi bien médicales que paramédicales s’ils s’engagent à assurer une période en zone de désert médical de leur choix.

Il ne propose pas :

  • de forcer l’installation en zone sous-dotée. Les internes sont en formation et doivent être considérés dans leur qualité d’étudiant avant d’être des employés du service public. L’obligation d’installation sur un temps court précarise les projets de vie de ces soignant-es, et n’offrirait pas une meilleure continuité des soins pour les patient-es qui en bénéficieraient puisqu’il entraînerait un changement de médecins tous les 6 mois. Nous ne voyons, enfin, aucune raison qui justifierait qu’on oblige le déplacement des médecins sur le seul critère d’âge.
  • de mesures incitatives sur le modèle existant, qui ne semble pas améliorer la répartition des médecins sur le territoire.

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