La situation est en tout point catastrophique : des patients qui ne peuvent pas être hospitalisés, des délais de rendez-vous avec des spécialistes qui durent des mois, des jeunes médecins qui se voient obligés de partir vers le salariat, des médecins qui ne trouvent pas de remplaçants pour pouvoir prendre des congés, et bien d’autres choses encore….
Les exemples de pénurie et de désertification médicale sont partout : déserts d’imagerie par manque de machines, déserts biologiques par suppression des petits laboratoires permettant d’avoir des résultats immédiats, déserts hospitaliers par le regroupement de différents centres sanitaires. L’été s’annonce une période dangereuse, à cause du manque d’effectifs permettant aux centres de rester ouverts pendant les vacances.
Le constat est terrible : la perte de chance est réelle. Des patients vont mourir faute de prise en soin.
Ce drame tous les Français le vivent. Il est l’aboutissement des politiques sanitaires successives depuis des années, qui ont mené à un état, malheureusement réel, d’urgence.
Les candidats politiques négligent cette question. À ce titre il est intéressant de voir combien ils méprisent également les 120 morts par jour de la Covid (plus de 15 000 depuis le 1er janvier), et une occupation des lits de réanimation de 30 % due au virus. Aucune autre pathologie n’a de pareils résultats. Souvenons-nous qu’il y a 3500 morts sur la route chaque année.
La protection optionnelle dans les bureaux de vote prévus pour les prochaines élections est le signe de ce mépris pour les médecins et, plus grave encore, pour les patients.
On le voit avec les propositions des candidats : nous ne trouvons aucun programme de relance. Rien sur le secteur privé hospitalier, hormis l’aspiration annoncée de ses soignants par le déblocage de financement.
Nous rappelons qu’il faut de 9 à 15 ans pour former un médecin. Si l’on veut multiplier les pains comme le font les candidats (surtout si l’on enlève celles et ceux qui ont, jusqu’à ce jour, nourri les hôpitaux et la France, comme le veulent les programmes de certains candidats visant à l’expulsion des travailleurs étrangers), il faudra bien les prendre quelque part. Ce sera forcement dans le secteur privé et libéral. Cela s’appelle déshabiller un secteur pour renflouer l’autre et cela augmentera par pur électoralisme, les déserts médicaux.
Aucun projet politique sur les rémunérations dans le secteur libéral. Bien au contraire, on remplace les médecins par d’autres alternatives : on télécabine, on installe une médecine de supermarché, une médecine switch. Naturellement, pas un mot sur le secteur 2, hormis pour le supprimer. Rappelons-nous qu’il est indispensable au maintien de l’exercice de nombre de professions. On évoque la fin du secteur 2, mais pas l’augmentation des tarifs…
Comment faire rester sur le sol français les jeunes médecins sous de telles conditions ? Autre question : la semaine du médecin salarié c’est combien d’heures ?
Qui peut penser une seule seconde que le tout public pourrait être une solution ? La médecine libérale a permis au soin d’aller au patient, elle a permis l’égalité devant le soin. Elle fait face au Covid et elle le fait avec le plus grand nombre de morts en exercice professionnel.
Il faut développer la médecine libérale, seule à même de répondre à la demande.
À la place, on se retrouve avec un contrat conventionnel devenu léonin, une lourdeur administrative, une multiplication des déplaquages, l’augmentation du temps de décision à l’installation, et l’épuisement (pour faire face aux conséquences des politiques menées).
Nous devons protéger nos patients, nous leur devons la qualité du soin, que nous ne pouvons malheureusement plus assurer.
Au regard de ce silence politique autour de la médecine libérale, de cette méconnaissance, de ce mépris, nous allons nous aussi faire silence le lundi 11 avril, pour prendre date et nous faire entendre.
Nous ferons grève le 11 avril. Si nous ne pouvons nous faire entendre, s’ils poursuivent le dépeçage organisé de notre médecine, s’ils continuent à vouloir faire sans nous, alors nous ferons sans eux.
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