Le développement de l’enfant est un processus dynamique qui fait intervenir l’interaction de mécanismes biologiques, génétiques et environnementaux. Ce développement n’est pas linéaire et plusieurs étapes ou fenêtres de vulnérabilité et d’intervention ont été décrites tout au long de l’enfance (1). Au plan biologique, l’organisation structurelle des neurones se poursuit au moins jusque l’âge de 1 an (2). Corbetta et coll. (3) ont montré que, dès l’âge de 6-9 mois, les premières expériences sensori-motrices et les interactions précoces étaient essentielles pour acquérir les meilleures compétences cognitives et comportementales.
En effet, le cerveau intègre ces informations pour réagir efficacement à l’environnement (4). Le développement des capacités de communication et de relation est fortement influencé par les relations interpersonnelles précoces qui contrôlent la régulation des émotions et les interactions sociales présentes et futures de l’enfant (5).
En évaluant les capacités motrices d’enfants âgés de 6 à 12 mois, Sacrey et coll ont observé que ceux qui avaient moins de facilités dans le « chercher à saisir » avaient plus de risques de présenter des traits du spectre autistique à 36 mois. Une surveillance précoce des compétences motrices simples permettrait ainsi de repérer des enfants à risque de troubles du neurodéveloppement, facilitant leur orientation pour une prise en charge adaptée (6).
Dans une autre étude chez 82 enfants entre 12 et 27 mois, Neel et coll ont montré que le type de parentalité pouvait modifier le développement sensoriel et le comportement des enfants (5).
Une étude brésilienne de 298 enfants âgés de 2 à 24 mois a confirmé que le risque de retard de développement des enfants était significativement atténué par un environnement familial stimulant (7). L’influence de l’environnement est aussi retrouvée lorsque l’enfant passe sa journée dans une collectivité comme la crèche ou chez une assistante maternelle par exemple, en interaction avec des adultes et d’autres enfants dont le comportement est diversifié.
Ainsi, ces études fondamentales et comportementales soutiennent l’importance d’un environnement varié et stimulant, quelles que soient les potentialités intrinsèques des enfants. Lors de l’intégration en collectivité, crèches ou assistantes maternelles, la présence de tous les types d’enfants, dès le plus jeune âge, participe à l’élargissement des compétences comportementales et cognitives pour ceux qui ne présentent pas de troubles du neurodéveloppement, et contribue à ce que ceux qui sont à risque d’en présenter puissent développer au mieux tout leur potentiel. La présence concomitante de tous les enfants contribue également au développement de la tolérance pour la suite de leur développement personnel.
L’Académie Nationale de Médecine recommande :
– d’intégrer en collectivité tous les enfants cliniquement éligibles, sans distinction, afin que la plasticité cérébrale de la petite enfance bénéficie d’un environnement enrichissant pour tous ;
– de faciliter la guidance parentale en insérant des informations sur le développement précoce des enfants dans les carnets de santé, afin de prendre appui sur la compétence éclairée des parents ;
– d’accroître le personnel nécessaire en collectivité afin de disposer d’un encadrement adéquat ;
– de diffuser un complément de formation au personnel de collectivité, afin d’optimiser l’accompagnement de tous les enfants dans leurs trajectoires développementales, en améliorant aussi le repérage de ceux à risque de troubles du neurodéveloppement.