Nos hôpitaux sont à bout de souffle, asphyxiés par les plans d’économies qui se poursuivent :
à Paris, la fermeture des hôpitaux Bichat et Beaujon débouchera sur 300 lits en moins, pour seulement 34 places ambulatoires de plus (de 139 à 173)
le « contrat d’avenir » signé le avec l’ARS oblige les Hôpitaux de Strasbourg à augmenter leur activité sans embaucher de soignants tout en fermant des lits et en réduisant le nombre de postes de personnel non-médical jusqu’en 2026
60 hôpitaux sont encore en « plan blanc« car aux lits fermés par les plans d’économies se rajoutent des lits non-ouverts par manque de soignants dégoûtés par les conditions de travail : le gouvernement doit nous donner les moyens de travailler correctement.
25% des services d’urgences en France sont aujourd’hui au bord de la rupture, fermés la nuit ou le WE. Ce ne sont plus seulement les urgences des établissements de petite taille qui sont saturées ou ferment temporairement : des hôpitaux régionaux comme Orléans et des CHU comme Bordeaux sont touchés.
A l’APHP, depuis juin 2021, entre 14 et 16% des lits sont fermés, car 8% des postes infirmiers sont vacants, et 10% des soignants sont en maladie ou burnout
Pour Olivier Veran c’est juste un problème d’organisation.
Mais les soignants en ont marre du sous-effectif chronique, des remplacements non-stop, du système D, des salaires indignes. L’hôpital craque.
Les infirmiers hospitaliers français sont les plus mal payés. En parité de pouvoir d’achat, les chiffres de l’OCDE montrent qu’un infirmier gagne ainsi 20% de plus au Royaume-Uni, 26% de + en Allemagne et 40% de + en Belgique !
« Chaque patient est unique et doit être traité comme tel. Mais on a transformé l’hôpital en usine à soins. Cela nie tout ce qui fait le cœur du métier. Le patient n’est pas un objet de soins : il a des peurs, il a des questions. Nous devons expliquer la maladie et le traitement. Ce travail d’éducation, de relation d’aide, d’accompagnement ne rentre pas dans les cases de l’administration. » Thierry Amouroux, porte parole du SNPI
« Pour combler un manque, un infirmier peut passer du jour au lendemain de la cardio à la neuro. Pour la direction c’est la polyvalence. Pour une infirmière c’est du stress, de l’insécurité professionnelle et un mépris des compétences : nous ne sommes pas des pions. On ne peut plus arriver au boulot la boule au ventre avec la crainte de faire un mauvais geste et de mettre en danger les patients. »
Notre problème n’est pas le recrutement mais la fidélisation. On forme assez d’infirmiers mais on n’arrive pas à les retenir (perte de sens, mauvaises conditions de travail, sous-effectifs, bas salaires).
Nous savons que si rien ne change, demain sera pire, car la loi de financement de la Sécu votée en décembre 2021 LFSS prévoit pour 2023 un ONDAM inférieur de moitié aux besoins (voir page 164 du document ci-joint sur le site de l’Assemblée nationale)
La situation de l’hôpital doit devenir un enjeu lors des prochaines élections législatives, sinon l’été va être terrible.