Sans médecin hospitalier, pas d’hôpital public. Sans mesures d’urgence pour les gardes et astreintes, pas de médecin hospitalier.
L’hôpital public va mal : cela fait tellement de temps qu’on le dit, et que le ministère chargé de la santé tente en vain de vanter la formidable réussite du Ségur, que les Français se sont habitués à cette rengaine…
La fermeture de services de petits hôpitaux de province ou de services de grands hôpitaux mais surspécialisés n’a pas beaucoup ému en dehors du cercle des professionnels de santé. La fermeture nocturne (hors filières d’urgence vitale) d’un gros service d’urgences de CHU, en région touristique, allonge la longue liste des établissements incapables d’assurer désormais leur mission de service public hospitalier, faute de professionnels de santé et inquiète désormais la presse nationale et tous nos concitoyens.
Le COVID a bon dos. La crise des urgences a été à l’origine d’une grève débutée en juin 2019, suivie d’une mobilisation de l’ensemble des professionnels de santé en novembre de la même année. Les professionnels de santé, sans concertation, de manière unanime, ont retroussé les manches lors de la première vague COVID, mettant en « pause » leurs revendications pour des solutions pérennes destinées à sauver l’hôpital… Le Ségur aurait dû être la bonne réponse à un problème systémique et déjà ancien.
A la suite des professionnels paramédicaux, ce sont les médecins qui quittent le navire, exaspérés d’un Ségur raté : un Ségur signé par des organisations syndicales minoritaires chez les PH… et par la FHF qui crie désormais au loup. Un Ségur qui a préféré donner un SMIC supplémentaire aux pré-retraités plutôt que de valoriser l’engagement de tous les praticiens en leur donnant la bonification de 4 ans d’ancienneté octroyée aux entrants. Un Ségur qui a négligé le sujet de la permanence des soins, dont on nous dit depuis des mois « que c’est le prochain chantier que la DGOS devrait ouvrir ». Hors, paradoxalement, le sujet a été ouvert en toute discrétion il y a quelques semaines pour les professionnels paramédicaux… mais rien pour les médecins !
La permanence des soins des praticiens, c’est généralement 24 heures de travail d’affilée, une à trois voire quatre fois par semaine, en supplément de l’activité programmée : soit des semaines, activité programmée comprise, de 48 à 96 heures de travail. L’indemnisation de cette sujétion est ridiculement faible par rapport à celle des libéraux (un rapport IGAS a été commandé il y a des mois sur ce sujet, nous n’en avons toujours aucune nouvelle), et sans commune mesure avec l’effort, la responsabilité et la compétence nécessaire pour assumer cette permanence des soins : les patients les plus lourds, avec les équipes les plus réduites… et une exigence de veille anti-physiologique.
Le temps de travail de nuit est mal compté, au détriment des praticiens : chaque garde de 24 heures comprend une demi-journée qui n’est pas réellement reconnue – ce qui représente une économie de 180 millions d’euros par an (500 000 euros par jour !) – aux dires-même de notre ministre de la santé !
La pénibilité de cette permanence des soins n’est pas reconnue pour la retraite. Ceci est d’autant plus grave que ce travail de nuit, outre les conflits qu’il provoque dans l’équilibre vie professionnelle – vie personnelle – réduit l’espérance de vie : majoration des troubles cardiovasculaires et de l’incidence des cancers, notamment.
La permanence des soins est une des premières causes de départ des praticiens hospitaliers vers d’autres modalités d’exercice, souvent citée avant même le problème – pourtant majeur – des rémunérations.
Le SNPHARE ne cesse de demander l’ouverture du chantier de la permanence des soins, et son corollaire, le temps de travail des praticiens.
Il appelle le / la ministre qui sera chargé de la santé à le rencontrer dès sa nomination et à prendre des décisions pérennes avant l’été pour la permanence des soins.
Le SNPHARE demande au prochain ministre chargé de la santé :
– D’établir des mesures immédiates
o La revalorisation substantielle et immédiate de la permanence des soins
o Un décompte de la garde de 24 h à 5 demi-journées, ou l’instauration d’un décompte du temps de travail en « temps continu » comme étant la règle pour toutes les spécialités où ce décompte est déjà dérogatoire
– L’ouverture du chantier de la permanence des soins et du temps de travail des praticiens hospitaliers.