Ce jeudi 19 mai, le CEntre Ressource Lyonnais des Addictions Médicamenteuses (CERLAM) a ouvert ses portes au sein de l’hôpital Edouard Herriot. Piloté par le Service Universitaire d’Addictologie de Lyon (SUAL), le CERLAM propose, pour la première fois dans l’agglomération lyonnaise, une prise en charge spécialisée des cas d’addictions aux médicaments, de plus en plus nombreux et de plus en plus complexes.
Les médecins addictologues du bassin lyonnais tirent la sonnette d’alarme. Suivant la tendance nationale décrite par l’Observatoire française des médicaments antalgiques (OFMA), les addictions aux médicaments augmentent de façon constante et inquiétante, dans la région, depuis une quinzaine d’années. La pandémie de Covid et ses conséquences n’ont rien arrangé : la détérioration globale de l’état de santé mentale constatée chez de nombreux individus, les jeunes en particulier, a contribué à accélérer la hausse des consommations de médicaments ou substances psychoactives – et, en corollaire, celle des addictions.
C’est pour mieux répondre à cette dangereuse tendance que le CERLAM a ouvert ses portes ce jeudi 19 mai. Piloté par le SUAL, qui regroupe les services d’addictologie des Hospices Civils de Lyon (hors groupement hospitalier Nord) et du Vinatier, ce centre ressource est le premier du genre créé dans la métropole de Lyon. Installé au sein du CSAPA (Centre de Soin, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie) de l’hôpital Edouard Herriot, Pavillon K, il propose des consultations spécialisées dans ce type d’addictions.
Une expertise bienvenue pour des médecins qui se sentent parfois démunis
« Nous accueillons uniquement des patients orientés par un médecin prescripteur. Notre action consiste à réaliser une évaluation complète pour chacun d’entre eux et, à partir de là, à proposer, à leur médecin, un schéma de prise en charge adapté. Nous apportons notre expertise sur des cas complexes, qui s’avèrent de plus en plus nombreux », souligne le Pr Benjamin ROLLAND, responsable du SUAL et coordinateur en chef du CERLAM.
Parmi les complexités rencontrées, des patients restés accros aux médicaments anti-douleurs alors qu’ils n’ont plus de douleurs, des adeptes du « Dr shopping », qui vont de médecin en médecin et de pharmacie en pharmacie pour multiplier les prescriptions et délivrances, ou encore des migrants mineurs, asservis aux anxiolytiques par des réseaux mafieux. Face à ces cas qui se multiplient depuis plusieurs années, de nombreux soignants se sentent démunis. Par ailleurs, si des structures traitant des addictions médica-menteuses existent sur le territoire, la plupart sont saturées et, souvent, non- coordonnées entre elles.
Près de 200 patients attendus pour la première année
« Au CERLAM, nous développons une approche globale afin de remédier, justement, aux diverses difficultés recensées. Nous héritons de situations d’addiction médicamenteuse souvent après des années de parcours, avec des pathologies qui s’entremêlent, somatiques, psychiatriques et parfois plusieurs addictions. Nous tâchons alors de réaliser un état des lieux très précis de la situation du patient, sur plein d’aspects (douleur, sommeil, activité physique, alimentation, intégration sociale…). Notre apport réside aussi dans notre capacité à tisser des partenariats entre tous les acteurs du parcours du soin, médecins, pharmaciens, centres de la douleur et de créer des synergies pour élaborer la meilleure prise en charge, médicamenteuse ou non (hypnose, neurostimulation ou autres techniques d’accompagnement de la douleur) », détaille le Pr ROLLAND.
En tant que centre ressource, le CERLAM a également pour mission de récupérer les données collectées sur l’ensemble du territoire afin de contribuer à l’orientation des politiques de santé publique en matière d’addictions médicamenteuses. Composé d’un professeur d’université- praticien hospitalier (le Pr ROLLAND), d’un médecin senior, d’un pharmacien et d’un attaché de recherche clinique, le centre ouvert depuis lundi bénéficie, pour l’heure, d’un financement d’un an reconductible de la part de l’Agence Régionale de Santé. A raison de quatre patients par semaine, il envisage de recevoir près de 200 patients au cours des douze prochains mois.
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