L’état du système de santé, en particulier de l’hôpital public, ne fait que se dégrader depuis de nombreuses années. Les différentes politiques d’austérité qui ont affecté l’hôpital public ont entraîné sa casse. En effet, rappelons-nous que déjà avant la pandémie COVID, des grèves des soignant-es, initialement dans les services d’urgences, qui manifestaient contre la restriction des moyens matériels et humains., contre la vision rentable de l' »hôpital entreprise », en vigueur depuis quelques décennies, qui a mené à sa perte et est contraire au principe même de l’hôpital public. L’hôpital ne doit pas être rentable. Et de façon plus générale, le soin ne doit pas être rentable.
La crise COVID a enfoncé le système de santé encore plus dans le gouffre. En effet, en 2020, malgré la crise sévère qu’a connu l’hôpital, ce sont pas moins de 5700 lits d’hospitalisation qui ont été fermés selon la DREES.
De même, face à la dégradation des soins qu’ils pouvaient apporter aux patient-es, de nombreux soignant-es ont également quitté l’hôpital. En 2020, il y a, par exemple eu 6102 départs d’infirmier-es contre seulement 5531 embauches. Le compte n’y est pas, alors que les infirmier-es étaient déjà avant cela en sous effectifs dans les services, le déficit s’aggrave.
Les conditions de travail ne font que se dégrader. Les personnels soignants et principalement les « paramédicaux » ne sont pas assez valorisés.
Ces dernières décennies, la qualité des soins s’est considérablement altérée, suite aux passages notamment à la T2A et cette logique de rentabilité et d' »hôpital entreprise », entraînant ainsi une diminution du temps passé auprès de chacun-e patient-e, de la qualité des soins (humainement mais aussi médicalement parlant). Le soin n’est plus pensé humainement mais lucrativement comparé à ce qu’il rapporte. Il n’est plus demandé aux soignant-es de produire de la qualité mais uniquement de la quantité. Et aucun choix ne leur ai laissé quant à ça puisque la charge de travail qui leur incombe est trop intense pour pouvoir même envisager de prendre du temps pour un-e patient-e pour lui prodiguer des soins de qualité car cela serait au détriment des soins d’un-e autre patient-e.
Ces derniers temps, de nombreux services d’urgence sont contraints à fermer leurs portes faute de personnel.
La fermeture de ces services a des conséquences majeures sur la prise en charge et l’accès aux soins. Nous rappelons l’aspect absolument primordial des urgences sur tout le territoire pour la santé des français-es. Les fermetures nombreuses de services d’urgence par exemple la nuit dans de nombreux endroits sont très inquiétantes et vont impacter gravement la santé des populations concernées. Les raisons de se rendre aux urgences peuvent être multiples. Des personnes consultent parce qu’elles ne peuvent avoir un RDV rapidement chez un médecin généraliste, ou bien les weekends mais aussi des urgences vitales qui nécessitent un délai court et une prise en charge rapide. Ainsi la fermeture de ces services est responsable d’un retard de prise en charge pouvant être fatal ou entraînant des pertes de chances conséquentes pour les patient-es.
De même, la qualité des soins ne peut être optimale devant ces conditions de travail dégradées, ayant là aussi un impact sur la prise en charge et des potentielles pertes de chance.
Nous appelons à des mesures fortes et rapides pour faire face à cette crise sans précédent qui ne va aller qu’en empirant et dont les professionnel-les alertent depuis des années sans succès.
Le sujet doit être pris à bras le corps au plus tôt, il n’est pas acceptable qu’une partie de la population n’ait plus accès aux soins d’urgence.
Des mesures doivent urgemment être prises :
– mettre fin à la T2A et trouver un mode de financement partant des besoins de la population et qui n’a pas vocation à être rentable.
– reprendre la dette hospitalière pour permettre aux hôpitaux publics d’avoir des marges de manœuvre financières et donc d’investir notamment dans le remplacement et renouvellement des équipements
– rouvrir les urgences et maternités de proximité afin d’améliorer l’accès aux soins pour toutes les populations y compris les plus éloignées des soins
– revaloriser réellement le salaire du personnel paramédical à savoir non pas par des primes mais bien par une augmentation concrète de salaire (fin des augmentations de quelques euros voire quelques centimes)
– améliorer les conditions de travail des soignant-es par une augmentation de nombre de soignant-es par patient-es afin de leur permettre de prodiguer des soins de qualité à chacun-e et d’avoir du temps disponible pour chaque patient-e
– ouverture de lits dans tous les services avec si besoin recours aux soignant-es n’ayant pas un diplôme européen en les reconnaissant et rémunérant de façon égale par rapport aux soignant-es européens
– augmentation des actes délégués aux infirmier-es de pratique avancée, kinésithérapeutes, orthophonistes, orthoptistes, maïeuticien-nes, pharmacien-nes afin de libérer du temps médical aux médecin-es de ville leur permettant de voir les patient-es en urgence quand c’est nécessaire.
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