Le Syndicat des Praticiens Hospitaliers Anesthésistes Réanimateurs élargi aux autres spécialités estime que la mission flash ordonnée par le Président de la République ne pourra en rien résoudre les problèmes d’accès aux soins cet été :
L’hôpital sombre, et avec lui l’ensemble du système de santé français. L’été se présente catastrophique et des drames sont en train de s’écrire.
Après des semaines d’atermoiement, le Président de la République tente enfin de montrer qu’il se préoccupe de la santé de nos concitoyens. Nous attendions des annonces solennelles, des engagements rapides avant l’été et on nous sert la promesse d’un énième rapport.
« Quand on veut enterrer un problème, on crée une commission. » G. Clémenceau. Des rapports sur les urgences et sur l’hôpital, il n’y en a jamais eu autant que durant le dernier quinquennat. Le dernier datant de mars 2022 (Rapport sénatorial de Mme DEROCHE « Hôpital : sortir des urgences » https://www.senat.fr/rap/r21-587-1/r21- 587-11.pdf). Le diagnostic est unanime, de la part des rapporteurs comme de la part des organisations professionnelles. Les solutions viennent du terrain, l’expérience de la première vague COVID en est l’illustration exemplaire.
Le Ségur devait s’en inspirer, il n’a été qu’une immense déception dont le seul résultat tangible aura été d’accélérer la déliquescence de notre système de santé. En ville comme à l’hôpital, l’accès aux soins est compromis.
Les services d’urgence cristallisent l’attention, mais ils ne sont que le symptôme d’une maladie beaucoup plus systémique : difficultés en amont avec l’absence de médecin traitant (17% des Français n’en ont pas) amenant à recourir aux urgences en solution palliative, difficultés en aval avec l’impossibilité d’hospitaliser les patients puis de les faire sortir dans les structures adaptées par manque de lits et surtout de soignants. Les blocs opératoires quant à eux manquent cruellement de personnel infirmier et sont surbookés nuit et jour.
Sans compter tous ceux qui ne passent pas par les urgences mais subissent un système qui n’est pas pour autant en meilleur forme : nous pensons en particulier aux maternités et à tout ce qui entoure la périnatalité.
Les syndicats professionnels, et notamment le SNPHARE, font des propositions depuis longtemps dont il est reconnu par tous qu’elles sont immédiatement nécessaires : valorisation de la permanence des soins, réflexions sur le temps de travail pour un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, sanctuarisation du travail d’équipe, gouvernance démocratique…
Or, plutôt que d’écouter les professionnels de terrain et de mettre ses propositions en place, que décide le Président ? Une mission flash pour résoudre les problèmes de l’été mais qui devra rendre son rapport le 1er juillet. De qui se moque-t-on ?
Il n’y a certes pas de solutions simples qui résoudront à coup sûr les problèmes qui nous attendent cet été et après. Mais il y a des mesures faciles et rapides qui, en donnant un signal positif, peuvent permettre d’amortir le choc. Ensuite seulement, il faudra envisager une réforme systémique profonde qui seule pourra prétendre résoudre les erreurs majeures des politiques de santé des trente dernières années.
Le tabou de la fermeture du service public hospitalier – qui avait jusque-là, la fierté d’être ouvert 24 h / 24, 7 jours sur 7 – est tombé. Aujourd’hui les urgences, mais déjà aussi des blocs opératoires et des maternités sont menacés de fermetures temporaires.
Monsieur le Président de la République, Madame la Ministre de la Santé et de la Prévention, le SNPHARE a des solutions : elles sont déjà dans vos bureaux, écrites pour le Ségur : « Demain l’hôpital ». Nous réitérons notre demande de rendez-vous auprès de Madame la Ministre de toute urgence.