Dans son discours au congrès scientifique des urgentistes « Urgences 2022 », Mme la Ministre de la santé et de la Prévention a listé une série de constats dont personne n’avait besoin : ce sont les acteurs de la santé qui les lui fournissent depuis maintenant plus de 3 ans.
Heureusement médiatisé pour être accessible à tous ceux auxquels il aurait dû s’adresser, ce discours est une nouvelle déception tellement il refuse de voir et d’entendre les appels du terrain.
L’évocation de valoriser les efforts qui seront fournis est atterrant devant ce qu’il reste d’énergie à dépenser quand chaque professionnel se demande s’il doit rester au risque de tomber lui-même malade. La solidarité demandée derechef à tous, à l’heure où les services et les plateaux techniques ferment par manque de personnel est absurde.
La valorisation des heures supplémentaires dont on sait qu’elles sont distribuées de façon aléatoire par les établissements selon des règles méconnues jusqu’à la Direction Générale de l’Offre de Soin trouve de moins en moins de volontaires à essorer.
La concertation locale et nationale qui arrive 3 ans trop tard et qui ne présage pas de l’écoute qui en résultera, vu la surdité dont a fait preuve le Ministère jusqu’ici et la déception procurée par le Ségur.
Enfin les fameux leviers de crise tels que la réserve sanitaire, les médecins retraités, le paiement contre jours de congés non pris et le fantôme du plan blanc ne sont pas rassurants ; en tout cas, ce ne sont pas les annonces que les soignants attendaient faisant craindre une vague d’épuisement supplémentaire.
Aujourd’hui les hospitaliers ont besoin d’espoir et de perspectives réalistes pour l’hôpital public.
Le SNPHARE reste force de proposition pour les praticiens hospitaliers et adresse régulièrement ses contributions au Ministère de la Santé.
Il demande des messages forts pour l’avenir :
– L’octroi des 4 ans d’ancienneté dont les praticiens hospitaliers ont été privés par les mesures du Ségur.
– La revalorisation franche de la permanence des soins et la prise en compte de sa pénibilité pour la retraite dès la première garde ou astreinte.
– La reconnaissance du temps de travail.
– La sanctuarisation des temps de réflexion collective autour des patients.
– Une gouvernance démocratisée et une réflexion non plus basée sur la productivité mais sur la qualité et la sécurité des soins.