En janvier dernier, la HAS s’est prononcée en faveur de l’extension, hors Covid-19, des compétences vaccinales des infirmiers, des pharmaciens et des sages-femmes pour les personnes âgées de 16 ans et plus. Elle publie aujourd’hui le second volet de ces travaux qui concerne les enfants et les adolescents de moins de 16 ans et précise les conditions de prescription et d’administration des vaccins obligatoires ou recommandés du calendrier vaccinal par ces professionnels. Les objectifs : faciliter le parcours vaccinal de la population et ainsi augmenter la couverture vaccinale en France.
La vaccination contre la grippe saisonnière a été en 2018 une première occasion de recommander l’élargissement des compétences vaccinales de certaines professions de santé. En 2021, dans un contexte de crise sanitaire inédite, cette extension des compétences vaccinales aux professionnels de proximité a permis d’accompagner le déploiement d’une campagne de vaccination massive contre la Covid-19. Forte des progrès considérables réalisés durant cette période et dans la continuité de la dynamique amorcée, la HAS a publié en janvier dernier une recommandation en faveur de l’élargissement des compétences vaccinales des infirmiers, pharmaciens et sages-femmes pour leur permettre de prescrire et d’administrer les vaccins non vivants inscrits au calendrier vaccinal chez les personnes âgées de 16 ans et plus. Elle complète cette rec ommandation en publiant aujourd’hui le deuxième volet de ces travaux, consacré à l’élargissement des compétences de ces mêmes professions pour vacciner les personnes âgées de moins de 16 ans.
Cette recommandation, formulée après consultation des parties prenantes et à partir de l’expertise de la Commission technique des vaccinations (CTV), a plus précisément pour objectif de définir quels pourraient être les vaccins concernés par une extension des compétences vaccinales à destination des enfants et adolescents de moins de 16 ans, mais également de préciser les conditions de prescription et d’administration de ces vaccins par ces professionnels. A cette occasion, la HAS réaffirme l’impératif de formation des professionnels de santé concernés par l’élargissement de leurs compétences.
La prescription et l’administration des vaccins facilitées à partir de l’âge de 2 ans, des spécificités pour les tout petits
Afin de simplifier le parcours vaccinal, de multiplier les opportunités de vaccination et donc d’augmenter la couverture vaccinale, la HAS s’est intéressée à l’élargissement des compétences vaccinales des infirmiers, pharmaciens et sages-femmes pour l’ensemble des vaccins (obligatoires ou recommandés) du calendrier vaccinal chez les enfants et adolescents de moins de 16 ans : BCG, Diphtérie-Tétanos-Poliomyélite, Haemophilus Influenzae de type b (HIB), Hépatite B, Coqueluche, Pneumocoque, Méningocoque B, Méningocoque C, Méningocoque ACYW, Rougeole-Oreillons-Rubéole, Papillomavirus humain (HPV), Varicelle, Grippe.
Elle exclut du champ de cet élargissement la prescription et l’administration des vaccins vivants (par exemple le vaccin contre le BCG et le ROR…) aux enfants immunodéprimés du fait des risques associés et de la complexité de leurs schémas vaccinaux. Cette même exclusion est posée pour les adultes pour lesquels la question de la vaccination par ces trois professions avait fait l’objet d’une recommandation de la HAS en janvier dernier. Ainsi, pour les enfants et les adultes immunodéprimés, la HAS recommande que la question des vaccins vivants reste de la compétence du seul médecin.
Hors du cas particulier des personnes immunodéprimées, la HAS formule des recommandations distinctes selon que les enfants ont plus de ou moins de deux ans.
Pour les enfants âgés de plus de deux ans et jusqu’à 15 ans révolus, chez qui la couverture vaccinale est insuffisante (rappel et rattrapage de vaccins), la HAS recommande que les infirmiers, les pharmaciens et les sages-femmes puissent prescrire et administrer l’ensemble des vaccins inscrits au calendrier vaccinal.
Pour les enfants âgés de moins de deux ans, dont la couverture vaccinale est satisfaisante, la HAS émet des recommandations différentes selon les professions concernées :
- elle ne recommande pas d’élargir les compétences vaccinales des pharmaciens et des infirmiers pour cette classe d’âge. Les infirmiers, qui en avaient déjà la compétence, peuvent ainsi continuer à administrer tous les vaccins inscrits au calendrier vaccinal.
- enfin, elle recommande d’autoriser les sages-femmes à prescrire et à administrer l’ensemble des vaccins inscrits au calendrier vaccinal. Jusqu’ici, chez les nouveau-nés, les sages-femmes détenaient la compétence de prescription et d’administration uniquement pour les vaccins BCG et l’hépatite B. Cette extension permet donc d’assurer une continuité dans la prise en charge de la naissance à l’adolescence.
Recommandation d’extension de compétences vaccinales chez les enfants et adolescents de moins de 16 ans (à l’exception de la prescription des vaccins vivants chez des personnes immunodéprimées, qui doit rester une compétence réservée aux seuls médecins).
Nouveau-nés (naissance – 28 jours) et Nourrissons (29 jours – 23 mois) | Enfants (24 mois – 10 ans) et Adolescents (11 – 15 ans) | |||
Prescription | Administration | Prescription | Administration | |
Infirmiers | X | X | X | |
Pharmaciens | X | X | ||
Sages-femmes | X | X | X | X |
Par ailleurs, à l’occasion de ce deuxième volet, la HAS actualise l’avis rendu en janvier dernier sur l’extension des compétences vaccinales chez l’adulte, pour inclure les vaccins contre le méningocoque B et contre la rage.
Formation et élaboration d’indicateurs de suivi pour accompagner la mise en œuvre de cette extension des compétences vaccinales
Cette extension implique certaines conditions. La HAS recommande qu’elle soit subordonnée au suivi d’une formation certifiante pour les professionnels n’ayant pas suivi de modules spécifiques de vaccination infantile. Les sages-femmes ne sont donc pas concernées par cette formation certifiante.
La HAS recommande également le renforcement de la traçabilité de la vaccination et de l’aide à la prescription à travers des outils numériques en lien avec le dossier médical partagé. Elle souhaite la mise en place d’indicateurs de suivi de prescription et d’administration des vaccins par les différents professionnels de santé afin d’évaluer l’impact de cet élargissement sur le taux de couverture vaccinale, l’acceptabilité ou encore le taux d’événements indésirables associés aux soins. Par ailleurs, elle souligne la nécessité de favoriser les visites médicales pour permettre le maintien d’un suivi.
Plus largement, la HAS préconise d’inscrire cette démarche dans le cadre d’un parcours de santé global de l’enfant et de l’adolescent mobilisant tous les professionnels de santé, au-delà de l’acte de prescription et d’administration des vaccins. Pour y parvenir, elle souhaite que ces mesures d’extension des compétences s’accompagnent de campagnes de sensibilisation et d’information régulières pour renforcer l’adhésion de tous et particulièrement celle des parents à l’intérêt de la vaccination.
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